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    Le Tombeau des lucioles
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Le Tombeau des lucioles" et de son tournage !

    Les ravages du bombardement de Kobe

    Parmi les événements centraux décrits dans le film figurent le terrible bombardement de la ville de Kobe. Pour tenter de faire plier le Japon qui refusait la capitulation et parce qu’il n’était pas question de faire débarquer les GI en raison d’un coût humain estimé trop élevé,  les Etats-Unis organisèrent une campagne de bombardements massifs des populations concentrées sur les grandes agglomérations. Le choix de la ville de Kobe ne fut évidemment pas un hasard. Sixième ville du pays, elle comptait un million d’habitants, et possédait le port le plus important de tout le pays. Paradoxalement, la ville était mal alimentée en eau ; elle ne comptait que trois réservoirs, et très faiblement équipée pour lutter contre les incendies. Facteur aggravant supplémentaire : une immense majorité des habitations étaient construites de façon traditionnelle, c’est-à-dire en bois et en papier de riz…Le raid sur la ville de Kobe eut lieu les 16 et 17 mars 1945. Durant deux jours, 331 avions B-29, surnommées les « forteresses volantes », déversèrent leurs bombes incendiaires. On releva 8841 morts des suites de l’incendie qui ravagea la ville. 21% de la surface de la ville fut rasée ; plus de 650.000 maisons furent détruite. Le 15 juin, un nouveau raid aérien des américains mené par 530 bombardiers détruisit plus de 50% de la ville (en plus des 21% au mois de mars donc…).

    Une sortie, un succès d'estime

    Sorti au Japon en 1988 en accompagnement d’un autre film du studio Ghibli, Mon voisin Totoro, signé par le maître Hayao Miyazaki, ce dernier film reçu un accueil nettement plus enthousiaste. Commercialement, bien qu’unanimement reconnu depuis comme un chef-d’œuvre absolu, Le Tombeau des lucioles fut considéré comme un semi échec, avec seulement 800.000 entrées. Si la campagne publicitaire organisée autour du film fut pensée à la fois pour les enfants et leurs parents, l’œuvre d’Isao Takahata fut jugée beaucoup trop sombre, pour ne pas dire d’une noirceur absolue, ce que le film est par ailleurs ; au point de voir le public s’en détourner. Le succès financier engrangé par Mon voisin Totoro, grâce notamment aux produits dérivés dont le public japonais est très friand, compensa les pertes essuyées par Le Tombeau des lucioles. Par ailleurs, pour des raisons de droits jamais obtenus, ce film est le seul de tout le catalogue Ghibli à ne jamais avoir été distribué en salle aux Etats-Unis par Disney, mais sorti directement en DVD. Fait intéressant, la sortie du film fut repoussée indéfiniement en Corée du Sud, parce que le film met aussi en perspective le rôle du Japon durant la Seconde guerre mondiale; l'occupation du pays par les troupes impériales japonaises ayant été particulièrement brutale.

    Un remake en Live

    Pour comémorer la fin de la Seconde Guerre mondiale, la chaîne NTV (Nippon Television) a produit en 2005 une nouvelle adaptation en film TV de l'oeuvre de Akiyuki Nosaka, mais cette fois-ci avec des acteurs et non en film d'animation. Le film fut diffusé le 1er novembre 2005. Tout comme le film d'animation, cette version met en scène deux enfants luttant pour leur survie au milieu des décombres de la ville de Kobe. Toutefois, la différence significative vient du fait que l'histoire est racontée selon le point de vue de leur cousine, qui est la fille de la tante acariâtre qui les héberge avant de plus ou moins s'en débarasser. L'attention du film est alors portée sur la transformation du comportement de cette tante : comment elle bascule, en temps de guerre, d'un esprit généreux à celui d'une personne sans aucune compassion, même pour des enfants. C'est la grande actrice japonaise Nanako Matsushima qui prête ses traits au personnage de la tante.

    Survivre dans la nature

    Seita, le jeune adolescent de quatorze ans, et Seitsuko, sa petite soeur de quatre ans, doivent apprendre à survivre au milieu de la nature, loin de la cruauté du monde des adultes. Une nature à la fois belle et hostile, pas toujours généreuse, et un thème souvent présent dans les oeuvres de Isao Takahata. Sans doute du fait des épreuves qu'il a lui-même dû traverser durant la guerre, alors qu'il avait 10 ans en 1945. "Je n'ai pas grandi dans un endroit où la nature était particulièrement abondante. A cette époque, on la côtoyait au quotidien" se souvient le réalisateur. "Moi, pendant mon adolescence, je n'en avais pas vraiment conscience. Il était normal que je m'intéresse plus à autre chose que la nature. Mais malgré ça, j'aimais bien observer le changement des saisons. Je me suis rendu compte, en retournant chez moi, que la nature avait disparu. Je pense qu'il est important pour tout le monde d'avoir un contact quotidien avec elle. C'est ce que je montre dans mes films.  La nature joue un rôle très important dans la culture japonaise. Elle est particulièrement marquée par le changement des saisons. On retrouve ça en peinture, en littérature...Les descriptions de la nature sont plus nombreuses qu'en Europe. Les peintures de paysages sont apparues plus tôt au Japon qu'en Europe. Malgré ça en réalité, il faut se rendre à la montagne pour se rendre compte qu'il y a presque 70% de forêts. La nature y est encore très présente, alors qu'elle disparaît peu à peu de l'environnement dans lequel nous vivons".

    Génèse du projet

    La parole au réalisateur, Isao Takahata : "Beaucoup d'oeuvres, beaucoup de sujets m'avaient intéressé et m'avaient donné envie d'en faire des films. Quand j'ai lu le roman d'Akiyuki Nosaka, Le Tombeau des lucioles, j'ai pensé pouvoir exprimer autre chose que dans mes oeuvres précédentes. J'ai donc proposé à mon producteur, Toru Hara, de le réaliser. Le récit étant très sombre et triste, il m'a dit qu'il aurait du mal à le produire. Mais quelques temps plus tard, il a décidé de le faire et le faire sortir en même temps que le film de Miyazaki, Mon Voisin Totoro. En plus de la date de sortie, il y a eu de nombreuses contraintes. Le film est devenu différent de ce que j'avais imaginé au départ. Ce n'est pas parce que j'ai fait des compromis. Un film d'animation est toujours étroitement lié aux techniques utilisées, aux moyens mis en oeuvre, et à la compétence de l'équipe. Lorsqu'on a commencé à travailler, on a un peu changé la construction que j'avais prévue au départ. Quoi qu'il en soit, avec ce film, pour la première fois de ma carrière, je me suis soucié de l'accueil réservé à mon film. Avant, je me contentais d'aimer mon travail, sans me préoccuper de mon public. Faire ce film a été pour moi constructif et intéressant".

    Le développement

    L'auteur du roman, Akiyuki Nosaka, a déclaré avoir reçu plusieurs fois des propositions pour adapter son oeuvre en film. Mais il rétorquait qu'il était "impossible d'arriver à retranscrire la terre brûlée et les champs de ruines qui constituent littéralement l'épine dorsale de mon roman". Autre argument avancé par l'auteur : les enfants actuels, contemporains, ne parviendraient pas à jouer les personnages de façon juste et convaincante. Il fut dès lors surpris de recevoir une proposition d'adaptation de son oeuvre, mais cette fois-ci en film d'animation. Après avoir vu les storyboards, Nosaka fut convaincu que son récit ne pourrait être adapté autrement que sous forme animée, et se déclara même surpris de la justesse avec laquelle Isao Takahata avait représenté les rizières et les paysages. De son côté, le réalisateur affirma s'être décidé à faire un film après avoir lu comment Seita, l'adolescent de 14 ans, parvient à se débrouiller pour survivre en temps de guerre. Durant la même séance de présentation des storyboards à l'auteur, ce dernier demanda au réalisateur si les deux enfants s'amuseraient dans son futur film; Takahata lui répondit que Seita et Setsuko "vivraient des jours difficiles, mais qu'ils apprécieraient chaque jour qui passe". Une manière pudique de dire que, en dépit des privations et des horreurs de la guerre que traversent le frère et la soeur, les enfants tenteraient malgré tout de vivre et de jouer...comme les enfants qu'ils sont justement.

    Petite par la taille, immense par le talent

    Pour Isao Takahata, le personnage de Setsuko, la petite soeur de Seita, fut particulièrement difficile à animer, étant donné que, selon ses propres termes, il n'avait jamais auparavant animé "une petite fille de moins de cinq ans. Dans ce but, il fallait que Setsuko soit un personnage tangible, crédible, en considérant le fait que les enfants âgés de quatre ans sont souvent sûr d'eux, parfois centrés sur eux-mêmes".  De fait, dès le début de la production, le réalisateur voulait caster quelqu'un environ du même âge pour les deux personnages. Le film se déroulant à Kobe et ses environs, les recherches pour le casting vocal se limitèrent à la région de Kansaï, pour trouver des enfants ayant l'accent de la région. C'est là qu'on lui présenta la petite Ayano Shiraishi, qui avait l'âge de son rôle, et qui délivre dans le film une extraordinaire performance vocale. Takahata fut tellement subjugué par son talent qu'il l'engagea après l'avoir écouté seulement sur deux phrases : "je m'appelle Ayano Shiraishi. J'ai cinq ans." Les premières personnes surprises par le succès de cette (non) audition furent celles de la société gérant les enfants acteurs, qui estimaient qu'Ayano Shiraishi était tellement jeune qu'elle n'aurait jamais le rôle, au point de ne lui avoir faire apprendre que ces deux phrases de présentation pour cette audition !

    Un film anti-guerre ?

    Depuis la sortie du Tombeau des lucioles, de nombreuses critiques considèrent l'oeuvre de Isao Takahata comme une oeuvre anti-guerre, en raison de la représentation graphique des souffrances endurées à cause d'elle, et les terribles répercussions qu'elle a sur la société, en particulier les enfants, qui sont au coeur du récit. Ce dernier se concentre d'ailleurs sur la tragédie personnelle de ces deux enfants, dont le terrible destin fait écho au manquement de ce qui constitue pourtant une des tâches essentielles, fondamentales : la protection de tous et en particulier des plus faibles et démunis. C'est un point de vue qui se défend, mais ce n'est pas celui d'Isao Takahata. "Ce film d'animation n'est pas un film anti-guerre, et ne contient aucun message de la sorte". Il s'agit avant tout pour lui de l'image d'un frère et d'une soeur menant une existence vouée à l'échec, dûe à leur marginalisation du reste de la société. Il s'agit aussi de susciter chez les adolescents et les jeunes adultes dans leur vingtaine de l'empathie et du respect à l'égard de leurs aînés, ceux qui ont été traumatisés et ont souffert dans cette période noire de l'histoire du Japon.

    La signification du titre...en idéogrammes

    Invité d’honneur du Festival d’animation Images par Images en 2006, Isao Takahata est longuement revenu sur son oeuvre : "le film et le livre sont intitulés en japonais "Hotaru No Haka", qui est traduit en français par le "Tombeau des Lucioles". La traduction est exacte. Mais le japonais n’est pas un alphabet, ce sont des caractères. Or pour le titre, ce sont des caractères particuliers. "No Haka" est un signe chinois qui désigne la tombe. Le premier caractère se prononce "Hi" et signifie le feu. "Taru" désigne l’action qui tombe du haut vers le bas. Mais lu comme un tout, "Hotaru" signifie luciole. Quand on prononce "Hotaru", on désigne donc à la fois la "luciole" et le "feu qui tombe du ciel". La langue japonaise permet ce type de mélange et de juxtaposition. Ces feux qui tombent du ciel sont une référence de l’auteur aux bombes qui se sont abattues sur le Japon pendant la guerre. J’ai vécu ces bombardements quand j’étais enfant.  Et je peux vous dire que ce sont véritablement des pluies de feu. La quasi-totalité des moyennes et grandes villes ont été rasé. Ce choix d’écriture symbolise donc à la fois l’éphémère de la vie des lucioles et la réalité de la guerre". (Source : Buta Connection)

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