Fans de Jodorowsky, réjouissez-vous, vous pouvez jetter aux chiottes vos copies vhs de dixième génération ou vos dvds plus ou moins pirates tout pourris (et pourtant acquis à prix d'or) : les petits gars de chez Pretty Pictures ressortent en salles les deux chefs-d'uvres de votre tireur de cartes préféré ! Bon, bien sûr, on oublie les 500 copies-France et les écrans géants, mais ces rééditions restent une sacrément bonne surprise. Rendez-vous donc dans la poignée de courageux cinémas programmant El Topo pour découvrir (pour les petits veinards, car l'expérience est d'une intensité incomparable lors de la première vision) ou redécouvrir cette curiosité absolue habituellement présentée comme un Eastern ésotérique. Le réalisateur y incarne donc un pistolero amené à affronter en duels 4 de ses pairs, réputés invincibles, son périple s'accompagnant d'une prise de conscience spirituelle. Jodorowsky, comme à son habitude, s'emploie sortir des sentiers battus, cultive l'outrance, l'étrange et le grotesque - dans le bon sens du terme, tout en conservant un côté profondément mystique. On passe ainsi sans problème d'une scène de massacre épouvantablement sanglante à un numéro de clowns tout ce qu'il y a de plus naïf ou d'un défilé de freaks à des considérations iconoclastes sur la religion. On est surpris, on rit, on est attendri, on est estomaqué par le culot et l'inventivité du bonhomme : pour les amateurs de cinéma alternatif, El Topo est un incontournable, par contre, si vous ne jurez que par le mainstream hollywoodien bien pépère, le choc risque d'être rude. Ne laissez pas passer l'opportunité de le voir en salles, parce qu'il risque malheureusement de ne pas rester à l'affiche pendant des lustres. Et pendant que vous y êtes, profitez-en pour enchaîner sur La montagne sacrée (sortie le 27 décembre), qui est peut-être même encore meilleur.