Après avoir été scotchée par "Alien, le huitième passager", c'est avec de bonnes attentes que je me suis dirigée vers un des seconds thrillers-épouvantes fantastiques de l'époque. "The thing" est également une agréable surprise : l'horreur se jouait en effet auparavant sur les non-dits et sur des suggestions scénaristiques bien plus intéressantes pour créer de la tension que les films à effet gore trop retrouvés aujourd'hui... Cette histoire de huis-clos dans des conditions plus que dépaysantes (isolation, paysage glacial, tempête nocturne) sait encore tenir en haleine son spectateur. Mais au-delà d'un simple long-métrage d'horreur, "The thing" se veut aussi clairement dérangeant, car il expose parfaitement l'être humain face à un danger invisible, c-à-d par des réactions de paranoïa, de méfiance, de panique et parfois même de cruauté. Alors certes, on regrettera peut-être un peu le manque d'empathie des personnages, de tristesse (pour les premiers morts - leurs amis, l'on suppose ?), mais la réalité de la nature humaine se veut sombre, et l'admettre a quelque chose de dérangeant. La créature, au final, n'est pas tout à fait au centre même du film, puisqu'elle échappe à bon nombre de questionnements. D'un côté, je ne peux contenir une pointe de déception au sujet de certaines incohérences : la créature, malgré ses capacités - occultes - à construire un vaisseau, semble assez limitée du point de vue de son évolution (clairement handicapante, avouons-le, sa morphologie n'a pas grand chose d'utile ou de prédateur...) et n'est pas spécialement futée pour avoir toutes ses proies. . D'un autre, il semblerait que le réalisateur ait orienté son scénario de façon à ne pas focaliser son spectateur sur des explications annexes, et c'est une preuve d'intelligence que de l'assumer plutôt que de fournir des infos brouillons et/ou incomplètes.
Autrement, les acteurs ont su bien animer le film avec des scènes de silence parfois mal placés, louches, et des regards suspicieux ou bien trop insistants. On ne saurait s'attacher à eux tant le doute est omniprésent. Les scènes sont merveilleusement bien filmées, n'en dévoilant pas trop pour laisser libre cours au spectateur d'imaginer ce qu'il n'a pas vu à l'écran. La créatures sous ses différentes allures sait encore nous retourner l'estomac par des effets qui sont bien entendus dépassés à notre époque mais qui, si l'on contextualise, restent impressionnants (encore une fois, ma déception reste dans les morphologies immondes qui n'ont pas de réel intérêt évolutif à la chose...). Cela dit, la bande son n'est pas franchement transcendante.
C'est donc un bon boulot pour John Carpenter qui a heureusement vu son film gagner en popularité avec le temps. À ne pas manquer dans le cinéma de l'épouvante/SF-fantastique !