L'histoire d'un gars qui aimerait bien que son oeuvre soit continuée après sa mort, encore faudrait-il trouver le bon candidat et s'entendre sur le sens de l' « oeuvre » !
Dans cette critique, il faut comprendre que je n'ai pas vu Saw 2, disparu des salles aussi vite qu'il était venu d'Outre-Atlantique. Sentant le mauvais plan revenir avec l'interdiction au moins de 18 ans, j'ai préféré vite voir le troisième opus.
Tout d'abord, il faudrait m'expliquer pourquoi Saw était interdit aux moins de 16 ans (peut-être même 12 ans à l'époque) et qu'ici les ados sont privés d'un film pas plus violent. Le corps nu ? On en voit dans tous les films tous publics. Je ne comprends pas bien ce soudain excès de puritanisme. Au journal télévisé de 20h, on a vu des libanais coupés en deux par des missiles israéliens, et il n'y a pas d'interdiction du JT aux dernières nouvelles.
Bref à part ce retour aux affaires de la censure qui condamne le succès en salle de Saw 3 (mais pas son piratage ou son succès en DVD), il n'y a pas de fausses notes dans la fin de la trilogie.
Ce film est parfait, l'explicitation de la morale sans concession du « héros » Jigsaw / Puzzle, le making of de Saw 1, le changement dans le système de narration pour plus de suspense et de proximité humaine. Que du bon.
C'est du gore et du sado-masochisme pur, mais ce n'est qu'une façade pour cacher le fascisme de la raison pure dans un monde de lâcheté humaine. Ce dont Puzzle semble vacciné.
Car contrairement à ce qu'une psychologue inculte a voulu démontrer dans une interview, les adultes ne vont pas voir Saw pour le frisson, ce n'est ni un Hitchcock ni un « Nip|Tuck », c'est plutôt le vomissement qui les attend. Ils se déplacent pour le scénario sans faille, la morale inhumaine et le dégoût des autres et de sa propre peur. On a d'ailleurs du mal à rire de ce que l'on voit, comme dans le premier « Cube ».
C'est aussi l'expression de la nostalgie d'une époque où la douleur était une condition normale et supportable de l'existence humaine. Ce qui rendait l'espèce plus solide et fière qu'aujourd'hui, condamnée à chercher le confort éternel, loin des conflits ou des prises de risques qui parfois réglaient beaucoup plus rapidement les problèmes. A force de politiquement correct et de cocooning, il viendra un jour où les barbares auront le dessus et détruiront d'un coup cet échafaudage de grande lâcheté devant l'existence. Que l'on l'appelle civilisation ou détresse humaine.
Ce film ne veut pas occulter un discours politique, écolo-facho, d'extrême droite ou d'extrême gauche sur la responsabilité humaine. Celle de ne pas vouloir son bien et celui des autres. Le procès de la lâcheté qui empêche de réussir lorsque l'on a le talent. Bref, toutes ces choses que les politiciens sécuritaires voudraient bien inculquer aux gosses des cités par la force s'il le faut. Qu'ils ne cherchent pas plus loin, qu'ils permettent aux plus de 12 ans de voir Saw 3, et les problèmes des banlieues ne seront plus qu'un mauvais souvenir !
En dehors de l'intelligence en oeuvre derrière ce monument du film gore et sa face cachée, on est en présence d'un excellent film de genre, qui va au bout de son propos, sans issue, et sans erreurs. Les gadgets sont parfaits, les scènes un peu trop vidéo-clips au début deviennent dramatiques et superbement fixes à la fin. On retrouve avec plaisir l'iranienne de « Collision » dans un rôle central, et la pléthore de seconds rôles de série B font très bien leur boulot, qui consiste souvent à faire la grimace !
Il est vrai que contrairement à Saw 1, les scènes de tortures sont beaucoup plus détaillées, mais la coloration de la pellicule ne nous permet pas un dégoût immédiat puisque l'on ne voit pas le carmin du sang.
En dehors de l'impression de nausée et de dégoût de l'humanité lorsque l'on sort du cinéma en pleine Place de Clichy, c'est le lendemain que l'on se surprend à se remémorer les scènes chocs (elles sont nombreuses mais le cerveau fait son choix) dans un demi sommeil de réveil.
Un film a déconseiller vivement aux âmes bluettes, mais à obliger à tous les dépressifs de France et de Navarre, qui perdent leur temps et leur argent à chercher ailleurs ce qu'ils ont en eux, et qui font hélas perdre du temps à leurs contemporains et beaucoup d'argent avec la Sécurité Sociale. Plus de branleurs ou de pleurnichards après un film pareil.
Je plaisante bien sûr, la manière dont le propos est tourné est hélas indigeste pour ce public de petites natures.
Une vraie réussite.