"Camping 2" : voilà la suite de la comédie populaire du même nom. Et elle est dans la même lignée voir même plus amusante. Car, maintenant qu’on connaît bien les personnages, plus besoin de les présenter et on est plus vite dans le bain. D’ailleurs, les personnages sont toujours aussi rigolos à suivre dans leurs tracas en vacances. On accueille aussi un petit nouveau : Jean-Pierre Savelli (alias Richard Anconina) qui s’intègre plutôt bien. Sinon, les gags et les répliques sont la plupart du temps drôles. Fable philosophique moderne, "Camping 2" est bien plus que la comédie gentiment goguenarde qui nous est vendue. Patrick Chirac est de retour sur la côte. Mais ne vous y trompez pas : le personnage recèle pourtant à lui seul le questionnement spéculatif fondamental du film : sympathie rime-t-elle avec beauferie ? Avec vista et malice, Fabien Ontoniente nous démontre que non, au cours d'une heure et demie où les fous rires succèdent aux réflexions, graves, mais finement désacralisées. Nous retrouvons donc Patrick, affublé du même tee-shirt ridicule et d'un slip de bain d'une autre ère, bien décidé à revivre la formidable aventure humaine qui prend place chaque année au camping des Flots Bleus. Chez lui pourtant, quelque chose a changé, comme il ne manque pas de le signaler à ses compères dans une scène purement exquise : "Vous avez devant vous le nouveau Patrick Chirac !". Le héros y gagne en épaisseur et devient ici prétexte à l'installation de la thèse du film. Derrière la classique remise en question du personnage principal, utilisée à tort et à travers dans les suites de blockbusters, se cache ici un appel implicite et subtil à l'école socratique du "connais-toi toi-même". Pourquoi cette invocation saugrenue du philosophe grec dans une comédie française grand public ? Pour servir une réflexion édifiante de franchise sur l'état catastrophique des mentalités : bornés, hautains et négligents, la plupart des personnages de "Camping 2" ne servent que de symbole à une société qui ne se regarde plus dans le miroir. Le paradoxe en devient saisissant, du tragique du propos au comique nonchalant cristallisé sur la personne de Patrick, qui diffuse la sensation jubilatoire, parce qu'il évolue, que rien au monde ne peut l'atteindre. Définitivement, le film transpire l'intelligence et la réflexion. Témoignage sociologique des comportements amicaux/hostiles ? Réflexion socratique sur la remise en question ? Critique subtile du niveau dérisoire de fraternité contemporain ? "Camping 2" est sans doute un peu de tout cela. Ce film n'a rien de l'éloge dithyrambique à la beauferie dénoncée ça ou là, rien non plus du pastiche vide de sens moqué dans quelques critiques malveillantes. Il n'est rien de moins qu'une ode à la bonté, à la solidarité, à la fraternité. Ce film est ainsi un excellent film de vacances