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    Paris vu par...
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Paris vu par..." et de son tournage !

    Paris leur appartient

    Le parti-pris technique (usage d'une caméra 16 mm) et le choix du lieu de tournage (un quartier de Paris comme décor naturel) ont fait de ce Paris vu par... un film-manifeste de la Nouvelle Vague. A la sortie du film, en 1965, les fers de lance de ce mouvement avaient déjà plusieurs longs métrages à leur actif. Ces films font la part belle aux rues de la capitale : du Signe du lion, traversée d'un Paris désert et coup d'essai d'Eric Rohmer en 1959 à A bout de souffle (1960), premier opus de Godard avec Jean Seberg vendant à la criée le New York Herald Tribune sur l'avenue des Champs-Elysées. Quant à Jacques Rivette, il choisit pour son premier long métrage un titre en forme de programme : Paris nous appartient (1960). Jean Douchet, pour sa part, avait déjà tourné en 1962 un court métrage faisant référence à un quartier de Paris : Le Mannequin de Belleville. Enfin, s'il est plus connu pour son travail en Afrique, Jean Rouch avait co-réalisé en 1961avec le sociologue Edgar Morin Chronique d'un été, documentaire sur la vie quotidienne des Parisiens.

    Nouvelle Vague et remous

    Paris vu par..., est lié à l'histoire des Cahiers du cinéma, revue mythique dont sont issus plusieurs des réalisateurs de ce film collectif. Au début des années 60, la rédaction du journal est en proie à de profondes divisions. Les uns souhaitent perpétuer la tradition cinéphile de la revue, continuer de défendre un certain classicisme, en privilégiant l'analyse des films hollywoodiens. Parmi eux figure le rédacteur en chef de l'époque, Eric Rohmer, ainsi qu'un des plus fameux théoriciens du mensuel, Jean Douchet. A ceux-là s'opposent les partisans d'une ouverture de la revue vers le cinéma européen et les autres arts. Jacques Rivette, soutenu entre autres par François Truffaut, est à la pointe de ce combat qui aura pour conséquence le départ forcé de Rohmer en juin 1963, et une réorientation de de la revue. Lorsque Rohmer et Douchet (également démissionnaire) ont l'idée du projet Paris vu par... (avec Barbet Schroeder), ils écartent donc leurs adversaires Rivette et Truffaut, pourtant deux des piliers de la Nouvelle vague. Les six courts métrages sont ainsi réalisés par Rohmer, Douchet, Chabrol, Godard (quatre compères des Cahiers du cinéma), ainsi que par deux metteurs en scène qui ont gravité autour de la Nouvelle vague, sans faire partie de son "noyau dur" : Jean Rouch, considéré par beaucoup des membres de ce mouvement comme un aîné (il a tourné dans les années 50 quelques-uns de ses plus fameux films ethnographiques, tels que Les Maîtres fous) et Jean-Daniel Pollet.

    Sous le signe du losange

    Paris vu par... est produit par Les Films du Losange, société fondée en 1964 par Barbet Schroeder, un proche d'Eric Rohmer. Les Films du Losange financeront ensuite la plupart des films de l'auteur de Ma nuit chez Maud, ainsi que des oeuvres de Rivette, Brisseau ou Haneke. Quant à Schroeder, il passera à la réalisation en 1969 avec More.

    Vus dans "Paris vu par..."

    Plusieurs auteurs de Paris vu par... sont présents d'une manière ou d'une autre dans le film. Claude Chabrol joue le rôle du père bougon de La Muette. Jean Douchet et Eric Rohmer assurent eux-mêmes la voix off de leur film, respectivement Saint-Germain-Des-Près et Place de l'Etoile. Le premier fait d'ailleurs une brève apparition dans le film du second (il joue le rôle d'un client dans le magasin de vêtements). Enfin, Barbet Schroeder, producteur de ce film à sketchs, campe le protagoniste de Gare du Nord, le film de Jean Rouch.

    L'Etoile Sollers

    Dans le sketch Place de l'étoile, le client mal embouché, qui lit son journal dans la boutique, est interprété par l'écrivain Philippe Sollers.

    Melki est là, Audran aussi

    Jean-Daniel Pollet a fait tourner dans le sketch Rue Saint-Denis son comédien-fétiche, Claude Melki, qui sera notamment le héros de L'Acrobate en 1976. Quant à Claude Chabrol, dans La Muette, il a confié le rôle de son épouse à... Stéphane Audran, sa compagne, et actrice favorite, de l'époque.

    Déjà vu par Godard

    Dans un précédent film de Godard, Une femme est une femme (1961), Jean-Paul Belmondo racontait à Anna Karina l'histoire d'une jeune fille qui, après avoir envoyé un pneumatique à chacun de ses deux amants, craint d'avoir interverti les enveloppes. C'est cette même anecdote que développe Godard dans le segment Montparnasse-Levallois.

    Rohmer parle

    Interviewé en 1965 par les Cahiers du cinéma, Eric Rohmer donnait son point de vue sur le cinéma-vérité, en évoquant le cas de Place de l'Etoile : "La vérité qui m'a intéressé jusqu'ici, c'est celle de l'espace et du temps : l'objectivité de l'espace et du temps. Prenons par exemple Place de l'Etoile : j'ai essayé de reconstituer la place de façon qu'elle apparaisse vraiment, car, au cinéma, il est souvent très difficile de donner l'idée d'un espace, d'un lieu ; et, ce qui m'intéresse, c'est d'essayer de rendre ce lieu à partir de ces éléments fragmentaires. Je n'ai pas voulu, avec ces éléments, créer un lieu tout à fait différent, ce que font certains cinéastes, filmant Paris, et en faisant New York, ou bien une ville de 1960, et en faisant une ville de l'an 2000. Au contraire, j'ai le sentiment qu'il est très difficile de rendre la réalité telle qu'elle est, et que la réalité telle est et sera toujours plus belle que mon film. En même temps, seul le cinéma peut donner la vision de cette réalité telle qu'elle est : l'oeil n'y parvient pas. Donc, le cinéma serait plus objectif que l'oeil. Il fallait faire en sorte que la place de l'Etoile fût présente à la fois par la façon de filmer et par la façon de raconter : le récit est au service même du lieu, il est fait pour mettre en valeur le lieu. C'est cela que j'appelle la recherche de la vérité ; c'est cette vérité-là qui m'intéresse, alors que ce n'est peut-être pas cette vérité de l'espace qui intéresse le cinéma-vérité, mais une vérité psychologique, sociologique ou ethnologique : il y a des milliers de vérités possibles."

    Paris remis en jeu

    En 1984, soit 20 ans après Paris vu par..., une nouvelle série de courts-métrages sur Paris est réalisée par de jeunes cinéastes. Le projet s'intitule logiquement Paris vu par... vingt ans après. Aux auteurs de la Nouvelle Vague succèdent Chantal Akerman (J'ai faim, j'ai froid), Philippe Garrel (Rue Fontaine), Frédéric Mitterrand (Rue du Bac), Bernard Dubois (Place Clichy), Vincent Nordon (Paris-Plage) et Philippe Venault (Canal Saint-Martin).

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