Christopher NOLAN signe ici son premier grand film de son œuvre, non pas que les précédents étaient de moins bonne qualité, mais plutôt par le fait qu’il entre avec second épisode de sa trilogie du Batman dans l’ère du grand divertissement d’auteur. Bien sûr qu’aux premiers abords, cela ressemble plus a une énième adaptation du célèbre super-héros de comics, œuvre sur laquelle de nombreux réalisateurs on déjà apporté leur style, et que l’on ne peut pas dire que ce film là soit le plus personnel de NOLAN puisque avec son frère, ils ont surtout transposé au cinéma la storyline de Batman pré-existante dans l’univers étendu établi dans les comics (ses autres films brandissant à juste titre leur originalité, leur structure narrative unique et leur scénario comme point de ralliement de la personnalité de l’œuvre de ce réalisateur). D’ailleurs, la version de BURTON fonctionnait parfaitement à l’époque par la vison plus cartoonesque proposée et coloré non seulement car le cinéma des années 90 était complètement porté vers le divertissement fun mais aussi parce que l’univers de BURTON est totalement adéquat pour le traitement voulu du super-héros. Pourtant, on sait pertinemment que l’une des force de la mythologie du Batman repose sur deux éléments majeurs : le super-héros tire sa force de sa fortune, et non d’un super-pouvoir, lui donnant la possibilité de financer des outils perfectionnés mais coûteux. Dans un second temps, ce sont bien évidement ses ennemis qui en font une œuvre riche, car en plus de tous posséder une légende très mythique, ils possèdent tous des capacités particulières les rendant encore plus mythologiques. Tout cela montre une chose évidente, c’est que l’univers de Batman se veut certainement sombre et symbolique à travers ses nombreux némésis, mais avant tout il se veut ancré dans lé réalité, ne serait-ce par le lien entre Gotham et New-York, et de ce fait il faut se souvenir que la mafia, la folie ou même le terrorisme font partie intégrante des messages de dénonciation qui existent dans l’œuvre, pour rendre la critique plus évidente. Et c’est à ce niveau là, les frères NOLAN ont réussi le tour de force de leur carrière en offrant un pur film de genre, tirant plus sur le côté thriller à grand spectacle plus qu’au film de super-héros tel qu’Hollywood en sert par pelle depuis quelques temps, sauf qu’en plus de cela, NOLAN y met tout son talent et sa sensibilité dans un film à la durée fleuve que se voit à peine. En vrai, la longueur ne se ressent jamais comme une épreuve de temps (ce sujet étant la force de NOLAN dans chacun de ses films) mais plutôt comme un prétexte de scénario puisque cela lui permet avant tout de développer un nombre impressionnant d’intrigue et de sous-intrigues, toutes passionnantes ou du moins suffisamment bien rattachées au scénario principal pour que cela ne semble jamais fastidieux à suivre, bien au contraire tout y est parfaitement lié, à tel point que l’illusion de l’adaptation est parfaite puisque l’on à clairement l’impression de lire une aventure du Batman sous forme de comics (le rythme très enchaîné rappelant sans effort l’enchaînement des cases et bulles dans une bande dessinée créant un rapport différent à la narration via ce média). Il semble pourtant que les purs fan de l’œuvre d’origine n’aient pas été touché ou convaincu autant que le reste du public en général, sous prétexte que le film se voudrait trop sérieux, trop réel, bien trop éloigné de l’univers en souhaitant rationaliser et rendre crédible certaines choses (et surtout rendre les méchants majeurs plus humains), mais là où il semble se fourvoyer principalement, c’est que les frères NOLAN ont eu l’intelligence parfaite d’utiliser des éléments de scénario des comics qui traitent le crimes et les protagonistes les plus célèbres de la saga de manière a être ancré dans la réalité, utilisant la lutte de Gotham (à travers le prisme d’Harvey « Double Face » Dent et du Batman) contre le crime tel qu’il existe dans le monde réel (mafia, corruption, traîtrise au cœur des forces de l’ordre, les faux semblants…), et cela faisait déjà partie de la réussite du premier volet de sa trilogie « Dark Knight » puisque l’on y retrouvait le même parti pris de rendre réaliste la création du super-héros. Autant que dans ce film là, le premier volet mettait en scène des moments de pur cinéma à travers d’effets spéciaux physique de grosse facture et magnifiquement rendus visuellement, tout en offrant une intrigue à laquelle on croit sans effort, que l’on soit fan ou non du Batman et même des comics en général. C’est là-dessus, et seulement là-dessus qu’il semble intéressant de comparer la saga de NOLAN et le support d’origine, puisque les trois films (aux qualités assez inégales) réussissent quelques chose de rare : pouvoir rendre accessible les bonnes idées dont regorgent l’univers du Batman sans jamais le traiter strictement comme un super-héros, mais plutôt comme le symbole qu’il représente pour les citoyens de Gotham, et jouant habilement avec les codes du genre et offrir avant des thrillers de hauts vols, accompagné de messages suffisamment universel pour parler aux plus réticent à l’idée des mondes utopiques issus des comics. Ici tout est complètement réaliste, les gadgets et autre matériel du Batman ayant été complètement repensés pour sembler encore plus réaliste, à l’image de costume qui a été revu pour faciliter la mobilité du héros (mais aussi de l’acteur, faisant de ce changement classique, aussi un élément de scénario, ce qui est malin), tout son attirail tend plus vers l’équipement miliaire dans ce second opus, renforçant ce sentiment que tout ce que l’on voit pourrait exister et ce que justifie tout cela sans jamais paraître aberrant, ce que les comics aiment particulièrement, mais NOLAN s’efforce à rendre tout cela totalement plausible en utilisant les motifs habituels du personnage (richesse, anonymat, pouvoir…) mais en étant au service du réalisme. Bien sûr, il est indéniable que le fait de tourner en IMAX chaque scène de grand spectacle aide au sentiment de gigantisme, et on sent également cette volonté de rendre les effets physiques encore plus impressionnant à travers des moments anthologiques, totalement fou visuellement mais surtout en gardant cette intelligence de lier cette manière de filmer et réaliser réellement ses effets spectaculaire à son scénario. Car cette débauche d’explosions hors-normes, de cascades de haut vol ou courses poursuite infernales automobiles apportent évidemment un rythme effréné ne laissant que peu de répits ou de place pour l’ennui, mais ils trouvent tous un sens dans un seul et unique élément de scénario : le personnage du Joker, qui est le symbole le plus puissant de la destruction, de la folie et du chaos, donne un écho suffisamment puissant à tout se qui se passe de dément à l’écran. Et c’est sur ce point précis, le Joker, que repose toute la puissance et la réussite de ce film, sachant tout autant exister en tant qu’histoire indépendante de sa trilogie que de se joindre à la vision propre du réalisateur et scénariste, plus dans son œuvre personnelle que dans la saga à proprement parler. Comment ne pas louer ce personnage entré dans le Panthéon des héros de cinéma, qui traversera les âges et pas seulement pour le fait que la mort de Heath LEDGER fasse suite à ce film, entretenant un peu plus la légende, car il est indéniable que la performance de l’acteur et l’interprétation qui livre ici sont de très grande qualité. On sent l’abandon total de LEDGER dans cet anti-héros légendaire, et le résultat est d’autant plus louable que jouer le Joker relève du double défi, non seulement par le fait que le personnage soit l’un des plus populaires, tout média et œuvres confondues et que son incarnation sera scrutée sous toutes les coutures, ne laissant pas de place au moyen, mais surtout par le fait que le Joker a été interprété de façon chaque fois différente mais en ayant marqué la carrière de ses interprètes (NICHOLSON dans son côté farfelu et HAMILL pour sa voix) en faisant à chaque fois un méchant d’anthologie. Mais là, LEDGER à fait exploser les scores, mis la barre très haute et offre clairement le meilleur Joker jamais pensé à l’écran, en jouant subtilement sur les deux facettes les plus appréciables de ce dernier : la folie incontrôlé et le symbole du clown déchu. Une fois de plus, l’adaptation du personnage dans un univers plus réaliste est plus que convaincante, du maquillage aux dialogues, chaque élément qui le présente sont incroyables, et ce faisant, chaque scène le mettant en scène devient un évènement, sans jamais décevoir puisque toute ces interventions sont d’une justesse jouissive. Il suffit de voir l’investissement que l’acteur à mis dans l’incarnation du meilleur ennemi du Batman, n’ayant jamais peur de s’engager physiquement (la scène de l’hôpital étant réalisée en prise de vue réelle, on prend encore plus conscience de ce qu’à donner LEDGER à ce film), et allant jusqu’à inspirer le thème musical principal de son personnage par sa simple interprétation, dont le résultat est a coupé le souffle. Si sa disparation a dut largement impacté la suite, nécessitant de repensé une saga pensé autour de cet épisode, elle ne fait que renforcer la légende qui repose dorénavant sur le film du « Dark Knight » qui restera culte à lui seul (le premier opus fonctionnant bien pour instaurer la mythologie de Batman à la sauce NOLAN, mais le super-héros étant tellement universel aujourd’hui qu’il est tout fait acceptable que « The Dark Knight » commence de manière à ne pas s’encombrer de présentation). Tout dans ce film y est fait avec maestria, subtilité et amour du matériaux d’origine, car malgré les critiques des fans absolus, la sentiment que ce film dégage ressemble beaucoup à chaque adaptation du comics proposé à l’écran, celui que l’on est bercé depuis son enfance par le mythe du super-héros chauve-souris et que son univers fait parti intégrante de la culture populaire actuel, sans nécessairement être un érudit sur le sujet, cela étant tellement ancré dans l’inconscient. Cette trilogie ne fait pas exception à la règle aux vues du traitement apporté par NOLAN à cette histoire, en faisant un œuvre qui transpire sa personnalité et sa vision du cinéma, comme ses prédécesseur avaient sur le faire auparavant, néanmoins ce qui fait de cet épisode là une grande œuvre à part entière c’est bien évidement le traitement plus terre à terre de l’univers super-héroïque, essentiellement par le prisme du thriller et du pur film d’action à grand spectacle, dont le réalisateur à le secret, tout en conservant son âme d’auteur, sachant jouer avec les symbole tant à l’image que dans le déroulement de son intrigue. Tout y est maîtrisé dans le moindre détail, des personnages secondaires aux intrigues les plus infimes, chaque élément trouve sa place, créant autant de surprise par ce qui se passe à l’écran que les différents sous-textes, jonglant habilement entre mythe du Batman et représentation de la réalité, tout en réussissant un coup de maître magistral : offrir un moment de pur spectacle et une intrigue très bien ficelé que l’on connaisse l’univers du comics ou que l’on soit un novice en la matière, chacun y trouvera son compte pour se faire emporter (l’exemple du personnage de Harvey Dent semble être l’exemple le plus appréciable dans sa manière de créer la surprise)