Kevin McDonald, sur lequel on avait parié après la sortie remarquée de l'excellent "Le dernier roi d'Ecosse", revient en voulant nous prouver, grâce à un grand sujet solide et politique, qu'il va vraiment falloir compter sur lui dans le cinéma américain d'aujourd'hui. Las! Adaptation de la série britannique éponyme, "Jeux de pouvoir" est une piste sans fin, mollement dirigée, dénuée d'inventions. Alors que cela fait maintenant plus de dix ans qu'Hollywood donne des coups de massues au système politique américain (avant même les attentas du 11 Septembre), alors que les grands noms s'évertuent à rentrer dans la continuité pour se donner une image de défenseur et faire acte d'engagement artistique (Redford et son "Lions et agneaux", Ridley Scott et son "Mensonges d'état", pour ne citer qu'eux), McDonald nous refait le coup des backstages politiques où une simple histoire d'adultère comme il s'en joue tous les jours prend des considérations sérieusement flippantes aux yeux des membres du naufrage politique à venir ; scandales, gros titres, meurtres en pénombre, journaliste solitaire qui écrit des papiers avec du café aux coins des lèvres... "Jeux de pouvoir" devient ridicule tant il pompe et photocopie la vingtaine de films qui ont fait l'objet d'un traitement identique. On n'en peut plus, de cette amourette pleurnicharde, de l'homme politique à la belle conscience, du débat soporifique sur le virtuel. Les figures sont toujours les mêmes, les décors (alternance de salle de conférence et de bureaux) d'un exotisme ravissant en plein été, les acteurs font le strict minimum (Ben Affleck et son éternel regard benêt, Russell Crowe qui a du accepter le rôle pour pouvoir payer son coiffeur), et la réalisation à la truelle, qui se veut dans la continuité de l'assemblage mi-reportage mi-espionnage, finissent par faire mal à la tête. Dialogues au summum du ridicule, scénario plat et prévisible, musique redondante et engagement anti-politique qui, ô paradoxe, tient aujourd'hui du p