CA VOUS PREND AUX TRIPPES la musique du bayou, l’accordéon et la voix haut perchée des criailleries cajuns, le blues des pauvres et des maisons de bois dévastées par Catherina canté par Buddy Guy !
Ca se passe aux environs de New Iberia au cœur du delta de l’Atchafalaya.
La moiteur vous colle à la peau. La moiteur de la mangrove, des palétuviers d’où descendent en larmes les lianes rejoignant l’eau menaçante…
On pénètre ces bars louches où le tabac et la sueur opacifient l’air ambiant…
L’Humain, ici, se pare des langueurs acres de la boue originelle.
Et tandis que les grenouilles coassent, que la brume s’étend, surgissent les fantômes convoqués par Dave Robicheau (le héro récurrent des polars de James Lee Burke).
Robicheau traîne sa carcasse nonchalante. Il est vieux, fatigué, ravagé par l’alcool… Il aime sa femme ! Un ringard !
Mais qu’elle est belle la poésie dite en voix off de ce monde à l’écart vivant au cœur des eaux boueuses et troubles du sud de la Louisiane…
VOICI UN FILM FORT ET GENEREUX.
Bertrand Tavernier, le jazz et la moiteur de la Louisiane c’est son truc ! Tout comme sa manière si personnelle, humaine, pudique, réservée de porter un regard sur les délaissés, les exclus, les mis au ban (cf son reportage dans le 9-3 à Montreuil).
Le réalisateur fait corps avec son sujet, tout comme Tonny Lee Jones, magnifique d’amertume désabusée, qui écrivit, dit-on, certaines scènes du film…
C’est magnifiquement réalisé… Tout est réussi : cadrages, photographie, BO, jeux des acteurs…
Et l’histoire tient en haleine le spectateur d’un bout à l’autre de cette enquête étrange et fantastique… D’un bout à l’autre si celui-ci sait se laisser porter par l’extravagance du sujet..
C’EST BEAU…
BEAU COMME UN FILM DE BERTRAND TAVERNIER !