Derniers Avis : L'avocat de la terreur - Page 7

Ce film documentaire n'est pas du tout à la gloire de Verges comme j'ai pu le lire ici ou là. D'ailleurs si c'était le cas le titre serait différent. C'est un regard objectif sur un parcours intrigant, en même temps qu'une belle leçon d'histoire relativement récente. On sent que Schroeder est surtout fasciné par les événements politiques, les contorsions et détours parfois malheureux vers le terrorisme que prend parfois l'histoire de certains pays. Or, Verges est un témoins capital, un des personnages clés de ces contorsions. On comprends que, ayant grandi dans un pays colonisé, il vouait une haine au colonialisme. Sa vocation d'avocat serait parti de là, et ses premières plaidoiries, pour défendre les terroristes du FLN, en feront vite un trublion dans l'ordre des avocats, ainsi que dans le monde de la politique internationale. Il ne semble avoir aucun scrupule (il disparait du jour au lendemain, en abandonnant sa femme, pour une période de 8 ans qui reste une zone d'ombre dans son parcours et dans le film), et réaparaitra, par la suite, pour défendre des causes à priori de plus en plus indéfendables. Mystificateur ou révolutionnaire ? Le film semble arriver à la conclusion que si l'homme a de fortes convictions, une personnalité affirmée, cela ne justifie pas ce qui peut être jugé comme une dérive professionnelle, celle qui consiste à défendre le pire pour fustiger un ordre que l'on considère injuste.

Bon docu, mais docu quand même... On ne s'embête pas, et on apprend pas mal de choses sur une face de l'histoire qu'on ne connait sans doute pas assez bien, mais d'après les bandes annonces, on s'attendait à mieux.
Quant au personnage de Verges, il est tout bonnement puant, détestable, et même choquant... Il n'arrête pas d'assimiler les pertes militaires à des massacres de civils innocents, et je m'étonne que personne dans le documentaire ne fasse cette réflection : capturer, torturer, ou tuer une personne pour avoir des renseignements, évidemment, c'est atroce, mais on ne peut pas comparer cela au geste de poser des bombe dans des cafés !!!
Cela reste intéressant, mais si vous avez autre chose à voir, attendez qu'il passe à la télé, l'intéret sera le même.

Jacques Vergès au centre d'un film documentaire qui permet d'évoluer dans les zones grises du pouvoir politique. Le résultat est passionnant pour qui veut revisiter cinquante années d'histoire contemporaine. (l'Algérie, la bande à Baader, Pol Pot, Khomeini, etc...)Le personnage est trouble, fascinant, irritant à la fois. La comparaison avec les extraits d'émission de TV montre l'efficacité du dispositif retenu par le cinéaste pour montrer, par exemple, les facettes d'un personnage niant le génocide cambodgien mais révisant à la hausse le nombre des tués du massacre de Sétif en 1945. C'est un personnage réel mais digne d'une fiction sophistiquée. Le film permet également de montrer des "terroristes" (Carlos) assez peu impliqués dans la réflexion idéologique mais beaucoup plus proches de comportements de mercenaires. Ou bien encore des liens troubles entre extrême-gauche et extrême-droite.Un film monté de belle façon pour une enquête comme sait en faire un Pierre Péan (d'ailleurs cité au générique).

Lorsque la séance commença, je me demandai quel masochisme m'avait encore poussé à aller voir un film qui me déplairait forcément : le portrait d'un homme pour lequel je n'avais que peu d'estime, paradant dans un documentaire qui s'annonçait à n'en pas douter trop complaisant. Mais à l'encontre de ces présupposés, Barbet Schroeder a eu l'habileté de recourir à une démarche subtile : ni pamphlet, ni panégyrique, ce portrait de Vergès conserve une distance prudente avec son objet, préservant au personnage toute l'ambiguïté dont il se croit entouré (l'admirateur de Vergès repartira sans doute convaincu du génie de son idole), tout en mettant en évidence le simplisme de ses idées et des amitiés fort révélatrices.
Au delà du portrait prudent (précaution contre d'éventuels procès ?) d'un manipulateur cynique qui aime à se voir en mystérieux vengeur des opprimés, le film dresse à coups de témoignages croisés la passionnante arborescence de la mouvance tiers-mondiste radicale, qui va, commençant dans les années 50, des révolutionnaires idéalistes algériens, palestiniens et naïfs petits marxistes européens, jusqu'aux terroristes mercenaires des années 80, expliquant aujourd'hui la convergence, dans la nébuleuse islamo-gauchisme, des fous de Marx et des fous de Dieu, cimentés par une idéologie islamo-nazie toujours bien vivace.
Le plus étonnant, dans cette accumulation d'interviews, est sans doute l'impression qui se dégage des propos de ces témoins, qui tous adhérèrent aux théories de l'action directe et qui ne semblent pas, après 20 ou 30 ans et même en s'étant rendu compte des manipulations dont ils étaient l'objet (voir les sous-entendus désabusés d'Anis Naccache...), remettre en cause l'idéologie délétère qui les guidait.
Jacques Vergès, au milieu de cette galerie de portraits de révolutionnaires avachis, serait un peu, lui qui s'imagine sans doute tel un personnage shakespearien, le mauvais génie gambadant sur les champs ignobles des guerres contemporaines.

Chantre de la justice se faisant un devoir de défendre l’indéfendable au nom du droit des accusés, provocateur de talent ou homme détestable excusant l’inacceptable ? Ce documentaire ne permet malheureusement pas de trancher. Il se révèle en revanche passionnant à plusieurs titres, voire franchement drôle (notamment dans les interventions de Siné). Si Vergès peut par éthique se faire un devoir de défendre des dictateurs ou des Klaus Barbie (la défense d’indépendantistes algériens ou palestiniens peut se comprendre), on a parfois l’impression qu’il adhère à leurs idées, d’où un malaise non dissipé. Sortir ce documentaire au cinéma lui donnera certes une certaine audience, néanmoins on peut se questionner sur la réelle qualité « cinématographique » de ce documentaire, très intéressant, mais pas franchement artistique.

Imaginez le mystère Von Bulow…. Interprété par Von Bulow himself. Sauf que Vergès est plus passionnant que tous les Von Bulow du monde. Sa vie, c’est un thriller, un film d’espionnage, un film à suspens (mais où était-il pendant huit ans ? Conseiller de Pol Pot ? Non, semble-il –ouf ! Fricotant avec certains groupes palestiniens, particulièrement dans la mouvance de Georges Habbache ? Peut-être. Agent du Sdece ? Pourquoi pas !). Laissera-il des mémoires pour élucider ce mystère ? La vieille canaille est bien capable de partir en emportant son secret. Avec son éternel sourire.
En tous cas, c’est toute la politique africaine, moyenne-orientale d’un demi-siècle qui défile. Dès la première minute du film, lorsque Vergès souligne que le jour de la reddition allemande est aussi celui des massacres de Sétif, le trouble s’installe ; le malaise est là. On sait que la suite va être très forte. Quel scénario !
Quel casting ! Même les rôles féminins sont tenus à merveille. C’est qu’il a épousé la ravissante Djémila Bouhared, la plus jolie des terroristes algériennes avant d’être l’ami de cœur (la jalousie de Carlos ne lui ayant pas, semble-t-il, permis de conclure... on devait y regarder à deux fois avant de cocufier Carlos….) de la superbe Magdalena Koppf, la plus belle des terroristes allemandes.
Quels dialogues ! « Auriez vous défendu Hitler ? –? –Mais, je défendrais même Georges Bush ! –A quelles conditions ? –Qu’il plaide coupable ». Depuis Georges Clémenceau, on n’a jamais fait aussi fort dans l’humour politique.
C’est que de Klaus Barbie à Anis Naccache, il en a défendu des crapules. Le film n’a rien d’une hagiographie. Il assume, Vergès, on a envie de dire : avec arrogance, mais l’arrogance, c’est l’arme des faibles. Devant cet homme d’acier, le terme est inapproprié. On dira, juste : avec ironie.
Si vous haïssez Vergès, vous le haïrez encore plus, mais courez voir ce film, vous apprendrez tant de choses sur notre monde trouble et ses étranges remous

Très décevant malheureusement...et beaucoup trop long...Je m'attendais à voir un excellent film critique et subjectif sur Vergès mais le pauvre Scroeder - pour qui j'ai énormément de respect - est tombé dans le "piège Vergès". Au résultat c'est un film "à la gloire" de Vergès où seulement Vergès sort vainqueur....et on ne croit pas une seconde qu'il a toujours été motivé par des causes justes et humaines....Et pour ma part, les "années manquantes" étaient passées au service de l'état français dans des combines africaines et autres, d'une autre époque. Et on apprend finalement très peu de choses nouvelles à part quelques anecdotes pas très croustillantes.
Un film qui en plus n'avait aucun besoin de sortir au cinéma et aurait dû passer directement sur une soirée théma sur Arte...La sortie en salles ne fait que couronner la carrière très ambigue de Vergès dont l'égo n'a franchement aucune limite....

Ce film remarquable,aux orientations politiques très marquées à l'image du protagoniste necessite une connaissance des évènements internationaux de ces 40 dernières années pour mesurer pleinement le rôle important qu'à joué Jacques VERGES. Cependant même sans disposer de ces connaissances historiques on est à minima fasciné par le personnage enigmatique de Jacques VERGES qui tire sa dimension autant par ce qu'il dit que par ce qu'il tait. A voir