Derniers Avis : À l'origine - Page 3

Je ne serai pas aussi enthousiaste que bien des critiques, car si l'étude du personnage principal est intéressante, le film comporte vraiment trop d'incohérences et de longueurs. La montée de la folie de F. Cluzet, à l'image des héros de W. Herzog, Aguirre ou Fitzcarraldo par exemple, rend le film beaucoup plus intéressant dans sa seconde partie. Mais si l'histoire est inspirée de faits réels, il est dommage qu'il y ait autant d'invraisemblances.

Présenté à Cannes en 2009, "À l'origine" constitue un bon exemple des potentialités que peut représenter l'imposture au cinéma. Celle-ci raconte ici un fait datant de 1997 où un escroc réussit à se faire passer pour un chef de chantier, dupant toute la région. Avec ce nouveau sujet, Xavier Giannoli demeure une valeur sûre du cinéma français. Grâce à une grande justesse photographique, sa peinture de la région, de ses gens et de sa misère est excellente. Le cinéaste se permet également quelques envolées lyriques très inspirées. Le film est tout de même en deçà du très beau "Quand j'étais chanteur", notamment pour sa longueur. Deux heures et quart s'avèrent excessives. La maîtrise du temps est moindre tout comme les choix d'acteurs. François Cluzet peine à incarner avec charisme son personnage, sonnant faux à plusieurs moments. Heureusement que Devos et surtout Depardieu sont là.

"A l'Origine" commence de la manière la plus magnifique qui soit, et suscite un enthousisme rare chez le spectateur : c'est que Giannoli a eu une intuition saisissante, celle de faire parcourir à ses personnages le chemin de la crédulité (… se faire abuser par un menteur) à la croyance (… en une vision, un futur), et, très intelligemment - car "A l'Origine" est aussi un méta-film - de doubler ce trajet par celui du spectateur, lui aussi saisi par l'enchantement de sa propre croyance en un film qui conjugue bien des qualités. Une mise en scène élégante et ample, des personnages complexes et ambigus, des acteurs justes, voire parfois même en état de grâce… et un portrait assez rare de cette France "profonde", qui souffre de la crise économique, et qui qui a été abandonnée. Un chef d'œuvre ? Non, car Giannoli plante son fim au moment critique, lorsqu'il nous faut affronter le drame étouffant de la trahison, de la déception, de l'effondrement de la croyance du fait de l'accumulation des mensonges. Lorsqu'il faut montrer - et se prendre en pleine figure - l'amertume, la colère, la haine. Au moment où la tragédie doit 'accomplir, Giannoli préfère la fuite, dans un lâche enchaînement de scènes qui ne disent rien de l'essentiel, dans une sorte de dilution des personnages et des situations, abandonnées en pointillés. Pour le spectateur, piégé par ses espérances, victime du chantage le plus brutal qui soit, celui de "inspiré par des faits réels" (répété à la fin par les habituels cartons déclarant que les "vrais" gens ont eu un futur), cette lâcheté est insupportable : il retombe brutalement de la croyance à… l'incrédulité parce qu'il s'en voudrait d'être crédule, d'accepter l'abandon dont il est victime, avec le film. Du coup, il sort de "A l'Origine" terriblement de mauvaise humeur !

La bonne idée, c'est François Cluzet, page vierge de toute expression ou les protagonistes vont pouvoir écrire leurs attentes. Cluzet ne fait au final pas grand chose, chacun se démène autour de lui et il profite. A l'origine, tiré d'une incroyable histoire, pourtant vraie, est une fable sociale dont on pardonnera les partis pris simplistes au profit d'un spectacle de qualité.

Une très bonne comédie dramatique écrite et réalisé par Xavier Giannoli. Le scénario atypique nous conte une histoire étonnante, une aventure humaine pathétique. Un bon casting, avec un excellent François Cluzet et une Emmanuelle Devos rayonnante dans le rôle de Stéphane, la mairesse de la commune. Une bonne prestation du couple de jeunes Stéphanie Sokolinski - Vincent Rottiers et de Gérard Depardieu, que l’on voit malheureusement trop peu.
Le pitch : Philippe Miller est un escroc, un voleur à la petite semaine, mais surtout un arnaqueur professionnel dans le milieu industriel. Une épreuve inattendue va surprendre notre mystérieux solitaire lors de sa dernière entreprise.

Pourtant une grande fan de François Cluzet, j'ai trouvé ce film mou et ennuyant. Certes, il relate une histoire vraie mais je n'ai pas réussi à partir dedans.
Dommage ...

Révélé en 2003 grâce au film "Les corps impatients" - qui permit, soit dit en passant de donner un sérieux coup de pouce à la carrière d'une certaine Laura Smet - Xavier Giannoli avait une nouvelle fois séduit en 2006 à travers "Quand j'étais chanteur", portrait d'un chanteur de seconde zone interprété par Gérard Depardieu. En ce qui concerne "A l'origine", le cinéaste a changé radicalement de sujet pour donner sa propre version d'une arnaque gigantesque montée par un illuminé dont le comportement et la logique se rapprochent de celle de l'affaire Roman, l'aspect morbide en moins. Pour incarner ce personnage hors du commun, Giannoli a jeté son dévolu sur François Cluzet, acteur fort du moment qui habite littéralement son rôle en livrant une prestation hallucinante qui force le respect. Pour lui donner la réplique, le cinéaste a misé sur Emmanuelle Devos, une actrice qui ne m'a jamais vraiment séduit jusqu'à présent mais qui s'avère ici troublante de justesse. On retrouve également un Depardieu égal à lui-même bien que cantonné à un second rôle mais la véritable surprise de ce film s'appelle Vincent Rottiers déjà aperçu dans "Narco" ou "L'ennemi intime" qui propose une composition tout en retenue parfaitement en phase avec la complexité de son personnage. En ce qui concerne le déroulement du scénario, Gianoli fait montre d'un savoir-faire proprement stupéfiant, sachant donner du rythme à un film dont le type de sujet est souvent narré avec mollesse. La grande force de la réalisation est de nous montrer l'histoire exclusivement du point de vue du personnage principal, nous immergeant dans son mode de pensée, quitte à rendre les remarques des ouvriers à peine audibles, comme noyés dans le fracas des machines qui animent la volonté de celui qui se fait appeler Philippe Miller. spoiler: Certaines scènes sortent véritablement du lot grâce entre autres à des astuces visuelles comme l'arrivée des machines sur le chantier tournant
au sens propre du terme autour du personnage principal telle une référence à "La machine infernale" de Cocteau, une allégorie qui signifierait à ce Miller que la machine est en marche et que le point de non-retour a été franchi. spoiler: Il faut également évoquer la scène dans laquelle le personnage commence à douter et regarde son ombre lentement s'effilocher dans un tas de cailloux
. N'oublions pas non plus de mentionner spoiler: la rencontre entre Miller et l'entreprise qu'il a spolié pour relancer les travaux de la route qui titille l'absurde et le surréalisme ni la scène finale où, tel Neil Armstrong, il plante le drapeau de la victoire, une victoire qui lui est propre mais qui continue de nous échapper encore aujourd'hui.
Ce film est un monument du cinéma réaliste basé sur une histoire vraie et peu importe si elle a été trop romancée ou non, la performance livrée par Cluzet et la qualité de la réalisation suffisent à rendre "A l'origine" passionnant d'un bout à l'autre.

Du lourd, du très lourd... Pourtant réalisé avec un certain talent, ce long métrage adapté d'une histoire vraie joue trop sur la longueur. Beaucoup de scènes auraient gagné à être plus courtes. Hélas le réalisateur n'a pas le sens de l'ellipse mais celui de la répétition... Certes, Cluzet s'en tire bien mais il n'a quasiment qu'une expression à offrir, celle d'un type dépassé et sidéré par ce qu'il a déclenché. L'absence de tout charisme du personnage et le manque de distanciation avec lequel il est filmé finissent par lasser.
La dénommée Soko, elle, est très bien, même si on lui demande toujours la même chose du début à la fin et Devos est épatante, comme toujours.

Très bon film mené tambours battants par une pléiade de superbes acteurs.

C'est un bon film français que nous avons là. J'en avais entendu parlé plusieurs fois et j'ai bien fait de me lancer dedans ! Un scénario tiré d'une histoire vraie qui dépeint la campagne française et tout l'espoir que peut faire naître un escroc pareil. Ce même scénario peu habituel qui nous attire et nous captive. François Cluzet interprète merveilleusement bien ce pauvre gars, un rôle profond (le personnage ne décroche pas un sourire pendant une bonne partie du film, faut le faire) ! Mais avant d'être un escroc, ce type est un humain et un humain qui va déplacer des montagnes pour faire son "bout d'autoroute" totalement hors cadre en même temps qu'arnaquer un village au complet, mais surtout se lier par les sentiments avec les gens qu'il arnaque. Quel étrange sentiment que de voir le mec s'enfermer dans son mensonge et voir aussi le village comprendre la supercherie au fur et à mesure, le désespoir dans le regard des administrés. C'est ce qui est d'autant plus dérangeant. Car quand les arnaqueurs s'en prennent aux riches ou au forts, on éprouve moins de pitié. Là, il s'en prend à des "faibles", que l'espoir de retrouver un emploi fait chavirer (cf. la scène où les engins de chantiers arrivent sur le théâtre des futurs travaux ; cette scène est d'ailleurs le point de basculement : Phillipe Miller est entouré de tout ces engins de terrassement démesurés et il paraît tout petit, encerclé, bloqué dans l'immensité de son propre mensonge). Une fresque sociale intéressante qui montre la fragilité et la solitude de la France des campagnes, cette France vraie, trop souvent oubliée au profit des villes. Une leçon d'espoir également pour ce type remue ciel et terre pour construire sa portion d'autoroute. spoiler: Au final, il ne s'enrichit même pas puisque les pots de vins acquis au début du chantier lui servent à prouver la crédibilité de son projet et à payer les charges les plus pressantes.
Se pose donc la question de savoir si c'est un escroc ou un pauvre type, un peu des deux sûrement. En tout cas, un véritable anti-héros contemporain qui force la compassion je pense. Au niveau des acteurs, mis à part, Cluzet, j'ai apprécié la prestation d'Emmanuelle Devos que je ne connaissais pas comme actrice. Depardieu paraît sobre, ce n'est pas à son habitude. La réalisation est soignée et réaliste et même si le scénario est romancé comparé à la vraie histoire. Bref, un beau film français qui vaut le coup.

Très belle histoire (vraie), avec un François Cluzet au top, comme d'hab!

Dès que l'on lit le synopsis, on sent un sujet fort en émotions et en aventures humaines. C'est effectivement le cas et c'est aussi peut-être pour cela que le film a été un peu surestimé. Il est dur de rester de marbre, et face à la descente aux enfers progressive de Philippe Miller, et face au désarroi d'un petit village qui a subit la crise de plein fouet et s'est fait arnaqué. Partant de là, avec une mise en scène sobre (sans pathos), et des acteurs crédibles (François Cluzet et Emmanuelle Devos sont épatants, Gérard Depardieu fidèle à lui-même), il est difficile de rater un sujet comme celui-là. C'est d'ailleurs ce qui me dérange un peu : à trop vouloir faire place au réalisme et à l'humain, Xavier Giannoli se fige peu à peu dans une sorte de complaisance superficielle, sans doute inconsciente, qui donne trop à voir et à entendre, et pas assez à réfléchir et à deviner. Mais "A l'origine" reste assurément un film agréable à regarder et il saura trouver sa place dans les vidéothèques des cinéphiles.

Un thriller bestial. Un Cluzet épatant. Renfermé sur lui même, la situation est critique, mais dans le réel on aimerait bien la vivre une fois. Une montée d’adrénaline intérieure purement anxiogène. Sous un trait noir, noir très foncé, Xavier Giannoli nous livre un portrait d’une bombe à retardement.

Grand film sur la mystification,la vraie,celle qui dépasse celui qui en est "à l'origine",c'est aussi la rencontre sur un malentendu de deux solitudes et l'histoire d'une rédemption sur le tard,de tout un peuple qui se laisse embobiner parce que de toute façon c'est ça ou rien,l'histoire d'un homme qui se fait rattraper par ses démons(scène "retour du réel"géniale avec Depardieu).Réplique clé du film:
-Elle va où cette route?
-Je sais pas,nulle part
ou encore le banquier qui dit:"Moi,j'y ai cru à ce type,j'y ai cru.."
Tendu,abstrait tout en étant ancré dans le réel,souvent génial..

Inspirée d’un fait divers réel - un escroc redonne espoir à une petite bourgade en rouvrant le chantier d’une autoroute dont les travaux ont été stoppé pour un motif écologique - cette histoire est vraiment surprenante et a su captiver mon attention. Il est vrai que la mise en scène est toute simple, sans chichi et le déroulement assez lent, mais «à l’origine» nous gratifie de belles performances d’acteurs : François Cluzet est une fois de plus à l’image de son immense talent, Emmanuelle Devos n’est pas en reste non plus, tout comme Gérard Depardieu, sans oublier les jolies performances de Soko et de Vincent Rottiers.