Découvert il y a quelques années sur les bons conseils d’un ami militaire de carrière, "Troupe d’élite" est un film que j’ai pris plaisir à revoir. Au premier visionnage, c’était relativement méfiant en raison de la nationalité brésilienne de l’œuvre que je me suis aventuré à appuyer fébrilement sur le bouton de lecture. Voici ce que j'en ai pensé. Si dans un premier temps j’ai été surpris par une narration en voix off qui, je l’avoue, m’a un peu dérangé au début, j’ai été également conquis par l’entame du film avec cet enivrant titre "Rap das armas" de Cidinho & Doca. En fait, je ne quittai plus mon grand écran des yeux, captivé comme jamais par le récit, alors que style de "Troupe d’élite" peut déranger. En effet, l’aspect documentaire est bien présent, du fait du témoignage clair, explicite et continu du personnage principal. La bande son y est très bonne (effet de résonance des coups de feu), et la mise en images excellente. L’éclairage est maîtrisé (en particulier sur les séquences nocturnes), et le fait que de multiples scènes aient été tournées caméra à l’épaule rajoute encore de la crédibilité au propos. On court, on tressaute, on vibre avec les membres du B.O.P.E. (acronyme portugais du Bataillon des Opérations (E)spéciales de Police). Les gros plans sont également intéressants, et mettent en avant la performance artistique des acteurs. D’ailleurs, je colle une mention spéciale à Wagner Moura pour avoir su si bien interpréter tous les états d’âme par lesquels passe son personnage, et dans une moindre mesure à Caio Junqueira aussi, excellent dans la peau d’un homme bien décidé, fonceur, qu’on peut qualifier de chien fou. Bien sûr, on se dit que ce n’est qu’une fiction, d’autant plus qu’elle est basée sur le roman éponyme de Luiz Eduardo Soares et de deux policiers, dont Rodrigo Pimentel qui a co-écrit le scénario avec le réalisateur José Padilha. On se dit que le récit est trop dur pour être vrai… d’ailleurs le film est interdit aux moins de 16 ans. Mais après avoir vu des reportages sur le nettoyage et la sécurisation des favelas afin d’accueillir les Jeux Olympiques à Rio, on se rend compte que "Troupe d’élite" n’est pas si loin de la vérité. Le B.O.P.E. existe vraiment, la triste réalité des favelas existe également, la corruption est également bien présente, ce qui donne lieu à une guerre fratricide entre le B.O.P.E. et les narcotrafiquants. Ce dernier point est la grande partie choquante, et cette lutte n’est pas sans conséquence puisqu’il y a des victimes collatérales. Cette lutte de tous les instants, le BOPE se doit de la remporter, aussi il doit agir avant de poser les questions. Mais cette lutte a aussi des répercussions sur la vie du quotidien, et plus particulièrement sur la vie familiale, l’autre partie choquante du film. En somme, l’intrigue est basée sur le souhait du capitaine Nascimento de trouver un successeur digne de commander une unité d’élite, et c’est très bien fait. Sur une musique qui colle parfaitement au film, "Troupe d’élite" est une belle réussite violente mais immersive, choquante mais réaliste, qui a été primée lors du festival de Berlin en 2008. Dotée d’une intensité rare, ce long métrage ne laissera pas le spectateur indifférent, ni intact devant cette description de la spirale infernale. Un sacré voyage au bout de l’enfer…
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