En terre étrangère s'est vu récompensé par le Grand Prix (World Organisation Against Torture Award) au Festival International du Film des Droits Humains (FIFDH) de Genève, en mars 2009.
Christian Zerbib, réalisateur du documentaire, évoque sa démarche : "un film c'est une vision. Une envie d'ailleurs c'est aussi une vision. D'où la tiennent-ils, et quelle estelle, la vision des clandestins qui ont tout quitté pour venir chez nous, et de ceux qui sont prêts là-bas, en Afrique, à suivre leur exemple, et à risquer leur vie pour traverser les mers ? J'interroge leur regard, de ceux qui veulent venir, de ceux qui sont là depuis des années. Ils sont fiers de leur parcours, même s'ils sont déçus de la France, de l'accueil, de la dureté, de la cherté du prix à payer. Pourtant ils sourient, ils rigolent, ils aiment la vie, ils aiment être libres et ils aiment même être régularisés, pas clandestins, pas illégaux comme s'ils avaient été criminels de vouloir franchir leur frontière de désespoir, leur frontière de misère absolue, leur frontière de sans avenir.
À l'heure de la mondialisation, ils jouent le jeu de la circulation, ils se téléportent dans une autre dimension censée les sauver de leur mort lente, de leur destin programmé. Ils sont leur existence en marche, ils sont leur révolution et leur refus, ils sont leur dignité et leur joie de vivre en devenir. Ils se sacrifient pour la famille au sens large et par ce sacrifice ils se libèrent, ils s'exonèrent de leur destin mal tracé, ils s'ouvrent la voie de leur avenir et de celui de leurs enfants. Ils sont courage, abnégation et leçon pour l'humanité confortable. Leur retour en Afrique – leur retour en hommes libres de leurs mouvements, de leur circulation, est un choc, pour eux, pour moi, pour leurs familles qui pensaient ne jamais les revoir. Ma caméra filme chaque moment, les explosions de joie, mais aussi la pudeur, les non-dits, ce que l'on tait ou déforme du bréviaire des qualités de cette France tant aimée, mais aussi imprévisible et décevante qu'une maîtresse inconstante. La dimension humaine de ces destins, ceux des personnages du film comme tous les autres, est plus précieuse que tous les discours, toutes les analyses, toutes les statistiques."
Auteur, producteur, scénariste, réalisateur, Christian Zerbib est un homme complet ou presque. Il travaille étroitement avec le cinéma depuis 1983, date à laquelle il signa et réalisa son premier long métrage : La Fuite en avant, dans lequel il dirigeait Bernard Blier, Michel Bouquet et Laura Betti. Scénariste en 1991 pour Rachid Bouchareb (Cheb), Christian Zerbib livre en 1994 une vision percutante du milieu du sport et du dopage avec Dernier stade, dans lequel d'ailleurs figurait Charles Berling, présent dans le documentaire En terre étrangère.