Éloge au nouveau souffle d'Alfonso Cuarón, qui rappelons-le, s'attribue tous les mérites de productions construites et ficelées sous les traits de détails plus que nécessaires. Il exploite ici une obscurité et une mise en scène posée, non loin de son troisième volet d’Harry Potter et de Les Fils de l'Homme. Ajoutons à cela l'exploit visuel d'un environnement virtuel, qui se veut très réaliste. Ce réalisateur mexicain s'est donné tous les moyens possibles de parvenir à un tel choc d'émotion, d'une part en assistant chaque domaine d'une équipe technique et une production efficace et d'autre part, le fait d'avoir comblé son public par un casting de qualité (malgré de longues incertitudes, qui n'aurait pas levé un niveau si élevé). Deux acteurs principaux, un doublage non négligeable, on en retient les noms de Sandra Bullock, George Clooney et Ed Harris. Par le biais du périple des deux astronautes, on nous invite à lever la tête et à partager les frissons de l'espace. Si le silence est d'or, il ne faut négliger la parole qui elle seule peut vous guider et vous faire raisonner. En apesanteur, la force de l'homme n'est que superflue, ne laissant que son ingéniosité, mais surtout sa combativité à survivre mise à l'épreuve. L'hostilité, si l'on a l'occasion de la saisir est la source de tous nos problèmes une fois seul. Et la meilleure décision appartient à celui ou celle qui saura en faire profit, au moment opportun... C'est ainsi que le film nous laisse juger et jauger la trame. Geoge Clooney, toujours aussi attractif et plein de bons sens. On ne saurait se passer de sa personnalité devant la caméra. Un contraste, ou semblant de détente s'apprécie malgré sa position. Limpide et lucide, il incarne ce le bon de l'histoire rejetant toute autre alternative égoïste, et l'on ne s'en plaindra pas ! Quant à Sandra Bullock, magnifique prestation nous tenant en haleine sur toute la durée du drame. De par sa faiblesse qui demeurait certaine, on sait apprécier la bonne dose de suspenses. Son évolution psychologique fut judicieusement bien interprétée. Aurait-on ressenti la même chose avec Angelina Jolie ? Pas tant, mais l'intérêt est moindre comparé au défi de Bullock. Cependant, méditons sur le silence et le peu de son émis dans cette aventure. Steven Price stimule et garde la sueur fraîche pour un spectacle jouant d'une sonorité variante selon l'image. Identifiant la frontière entre bande-son et effets sonores, l'approche n'est que plus convaincante. Sa bande son induit non seulement les émotions des personnages, mais ouvre également l'écoute de nos cœurs. Le son à l'intérieur et à l'extérieur des structures allège la peine et augmente l'angoisse, une performance hors norme depuis l'utilisation des technologies développées de capture. L'élément manquant à l'illusion parfaite se fait sentir de tout part, obligeant le public à s'accrocher à l'espoir (et à sa chaise !). C'est à se demander si l'œuvre de Stanley Kubrick fut renversée ici. La question de la meilleure réalisation sur espace terrestre est totale, ne laissant que doute ou ignorance devant une prestation. Alfonso Cuarón fait profit de la vision en 3D qui mérite bien sa place, contrairement à d'autres œuvres de science-fiction. Magistral !