S’attaquer à réinterpréter une œuvre culte s’avère généralement assez « casse-gueule » ; alors quand il s’agit du Petit Prince, j’avoue que j’étais assez craintif quant au résultat. Et bien non. Certes, l’œuvre originale n’apparait que comme un support, une ligne de conduite, pour entrer dans une autre histoire ; non pas une histoire dans l’histoire, mais autour. Certes, cette histoire est loin d’être aussi fine que celle de St Exupéry, mais on s’y laisse prendre. On s’y laissera d’autant plus prendre si on a baigné dans l’œuvre originale et ses aquarelles ; car on les retrouve ici. Du coup, l’adulte sera ému surtout par le souvenir de cette lecture magnifiquement mise en image avec poésie ; que ne le sera celui qui la découvrira pour la première fois. Et à en discuter un peu autour de moi, nombreux sont ceux et celles qui n’ont jamais lu ce chef d’œuvre de la littérature française. Il y a pourtant comme ça des « livres étape » comme le Petit Prince, Moby Dick, Voyage au bout de la nuit, L’Alchimiste… Des livres que l’on relira plusieurs fois dans une vie pour les comprendre à chaque fois sous de nouveaux éclairages que vivre nous apporte.
Pour les enfants, reste une histoire forcément émouvante, drôle, captivante, un vrai bon film d’animation, avec un mélange de techniques qui donnent des couleurs et des textures différentes aux aventures de cette petite fille étouffée par une mère trop carriériste et un père absent, et ce drôle de voisin dans sa drôle de machine…
C’est beau, ça respecte non pas la lettre, mais l’esprit de la lettre, et c’est sûrement mieux ainsi. Tenter de reproduire absolument l’œuvre de St Exupéry n’aurait pu être qu’un fiasco, une pâle copie, et même si cela avait été réussi, cela pourrait-il être mieux que le livre et ses images ? Je ne pense pas. Mieux valait viser légèrement à côté, et le résultat est tout à fait à la hauteur. Mon fils, cinq ans, est resté scotché à l’écran, reconnaissant quelques citations et quelques personnages, ce qui donnait encore plus d’attrait à ce mélange de déjà vu et d’inconnu ; bref, il a aimé aussi. Ne vous fiez pas aux critiques négatives, car « l’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le cœur ». Une œuvre de qualité à revoir plus tard en dvd.