Gardien d'immeuble, en voilà un chouette métier auquel on ne pense jamais ! Être logé, rendre des petits services aux habitants avec une gentillesse absolue, disposer des clés de tous les appartements, s'introduire chez les gens pour faire plein de trucs louches...
Si vous êtes un type avec une case en moins, c'est LA profession parfaite et, ça, César l'a bien compris, surtout qu'il a jeté son dévolu sur la jolie résidente du 5A, Clara...
Jaume Balagueró pose donc sa caméra embarquée parkinsonienne et épuisante de la saga "REC" en revenant à une forme de mise en scène plus classique qui lui a tant réussi par le passé. Néanmoins, le bonhomme continue sur sa lancée quasiment obsessionnelle de nous faire passer l'envie de signer un bail dans un immeuble en Espagne.
Cette fois, pas d'infectés démoniaques ("REC") ou d'habitants dingos ("À Louer"), seulement un concierge dont la particularité est de trouver son bonheur dans les malheurs des autres. Bien évidemment, la grande idée de "Malveillance" est de choisir de se concentrer sur le point de vue de cet étrange personnage créant une sorte d'empathie complètement tordue entre lui et le spectateur. Le film développe ainsi un ton très particulier qui ne cesse d'osciller entre la comédie noire et l'horreur au fur et à mesure que les "vilains tours" chez les locataires laissent place aux pires ignominies.
La remarquable trouvaille de l'exposition en nous faisant déduire un viol d'intimité d'une personne dans tout ce qu'il a de pire pose d'emblée le caractère pervers et les agissements sans limites de César. La suite nous délivrera une partition sans failles où l'esprit calculateur du personnage pour les plans machiavéliques sera mis à mal par des éléments externes (le propriétaire, la petite fille très roublarde, le petit ami,...) et autres imprévus (l'accident sous le matelas, quelle séquence, haha !) gravitant autour de son but ultime, Clara, pour notre plus grand plaisir.
Car, oui, entre les ténèbres et le rire, "Malveillance" trouve cet espèce de merveilleux équilibre de malaise voyeur en plaçant le regard du spectateur dans celui de son psychopathe presque contre son gré et en le rendant ainsi incapable de décrocher son attention jusqu'aux dernières minutes d'une efficacité redoutable.
Un très bon cru de l'ami Balagueró à découvrir absolument.