Pour apprécier ce film, il faut totalement se laisser embarquer dans son aspect déjanté et non s'accrocher dur comme fer à sa raison. Si vous n'avez pas l'habitude des films loufoques et non conventionnels, préparez-vous car Las Vegas Parano est tout sauf conventionnel ! Très réaliste, il nous met dans la peau d'un journaliste gonzo qui part en reportage pour couvrir une course de voiture. Sauf qu'il part avec son avocat et une valise de drogues dures, et le fameux reportage vire en road movie hallucinogènes. Et ce qui est chouette, c'est que le spectateur est totalement impliqué et participe au film, dans le sens où on semble être avec les protagonistes en permanence, à subir leurs problèmes, leurs trous de mémoire et leurs délires sans fin. Et c'est là que les idées de Terry Gilliam font ravage : tout est fait dans un même sens, tout est justifié cinématographiquement, du tournage au montage en passant par la musique et la voix off. Tout d'abord le tournage. Les images sont clairement faites en accord avec l'esprit du film : des gros plans exagérés, des prises de vue souvent en contre plongée, et parfois une caméra à l'épaule, zigzaguant sous l'effet des drogues. Ensuite, le jeu d'acteur est grandiose : que ça soit Benicio Del Toro ou Johnny Depp, l'un comme l'autre sont tout à fait dans leur rôle, fidèles à leur personnage, aussi drôles l'un comme l'autre. Ensuite, l'absurde. Evidemment, il faut aimer l'absurde, car beaucoup de scènes nous laissent dans l'incompréhension : une des scènes les plus drôles à mon gout est celle où Raoul Duke se réveille en pleine après midi avec une lampe torche scotchée sur la tête, une queue de crocodile accrochée aux fesses, et qu'il retrouve toute sorte de matières et d'objets étranges éparpillés dans la chambre d'hôtel. On découvre avec le personnage toutes ces absurdités, et comme lui, on se demande ce qui a bien pu se passer de si débile pour en arriver là ! Un autre aspect du film que j'admire est le fait d'avoir inséré une voix off tout au long du film retraçant les pensées et les écrits (aussi rares soient-ils) du journaliste Raoul Duke. C'est recherché, bien écrit, ça tombe bien dans le film, les scènes sont en accord avec tout ça, encore une fois.
Finalement, c'est un film très bien construit. Entre beaucoup d'humour et un voyage délirant dans l'ouest américain, même l'esthétique des images est présente. A Las Vegas, tout pétille, tout est en couleurs, tout est pimpant, et le traitement de l'image a été très bien géré là dessus. On a envie d'y être, et on y est presque, en fait.