Quel trip, quel pied, du Gilliam à son meilleur niveau, avec un Benicio Del Toro obèse et un Johnny Depp sur-vitaminé, moche, à l'accent incroyable et ne prenant que rarement la peine d'articuler...
Une voiture, nos deux compères et une route qui va tout droit vers Las Vegas, une situation initiale somme toute presque banale, si on oublie qu'ils ont dans cette voiture la plupart des drogues dures existantes et que, même pas arrivés à destination, ils sont déjà sous carton ! Ils prennent en stop un Tobey MacGuire hideux et le dialogue qui s'en suit - comme ceux du reste du film -, est parfait. Arrivés à Vegas, le talent de Depp explose, irradie tout sur son passage, il est vraiment fabuleux dans ses moments de délires, moments dans lesquels le spectateur est plongé grâce à des effets visuels LSDesques à mon avis bien connus du réalisateur et à la voix-Off de Depp, qui n'a jamais été un enfant de coeur non plus.
Le pire, ou le meilleur dans ce film, c'est que il n'y a pas grand chose d'expliqué, on ne comprend pas vraiment pourquoi ils vont à Vegas, on ne sais pas exactement ce qu'il y a eu avant ou ce qu'il se passera après, mais qui cela intéresse-t'il ? Ils sont là pour s'amuser, et nous avec ! Certaines scènes qui auraient pu être sérieuses dans un film normal, sont rendues folles par l'attitude et l'état des deux acolytes, comme celles du rallye ou de la conférence de presse...
Même lorsque Gilliam se permet une large demi-heure sans hallu, on continue d'apprécier pleinement le film, il nous prouve ainsi que ce Las Vegas Parano n'est pas totalement vide et dénué de sens, ce n'est pas une succession de scènes incohérentes avec deux types essayant plus ou moins toutes les drogues au monde. Puis arrive l'adronochrome, drogue censée être plus puissante que tout ce qu'ils ont déjà prit dans leurs vies et là, c'est le Very Bad Trip ! L'ellipse qui suit cette scène est floue, on ne sait pas ce qu'il s'est passé, ni combien de temps ça a duré, en tout cas ce qui est sûr c'est que leur chambre est dans un état incroyable... On se pose des questions, comment en sont-ils arrivés là, à ce point là, eux qui pourtant étaient déjà bien loin - Remember la scène où Del Toro est dans la baignoire - . Mais en ayant vu le début du trip - un Depp encore une fois en pleine grâce faisant des bruits bizarres et voyant des cornes sur la tête de Del Toro -, on se dit qu'il a pu se passer absolument n'importe quoi, et le parti pris de Gilliam de ne pas montrer cette partie est sans doutes pour signifier qu'il n'y aurait même pas d'images pour montrer un tel bord... une telle pagaille !
L'after-adronochrome est plus qu'éloquent, et la scène du café montre combien ils sont pathétiques, un peu comme si Gilliam nous disait, vous voyez les enfants, la drogue, c'est peut-être drôle un moment, mais c'est quand même pas bon !
On savoure tellement le long-métrage qu'on oublierai presque de s'attarder sur les acteurs secondaires - en même temps, Depp et Del Toro prennent toute la place, charismatiquement pour le premier et physiquement pour le second -, dans lesquels on retrouve les jeunes MacGuire, Ricci, Diaz mais aussi les expérimentés Mark Harmon ou Harry Dean Stanton !
Sans doutes un des films les plus déjanté qu'il soit, avec un duo d'acteur, je le répète, plus que grands !