Avis sur La Belle de Moscou

La sortie d’un film mettant en vedette Fred Astaire était rarement sans intérêt ne serait-ce que pour ses numéros de danse immanquablement réussis. Le tandem qu’il forme avec Cyd Charisse dans La belle de Moscou vient le confirmer. Mais il y avait davantage dans cette production. Alors que les mises en situation dans les comédies musicales servaient souvent à mettre la table aux numéros chantés et dansés, il y avait dans celle-ci une critique acérée de la dictature du prolétariat à la sauce soviet alors que nous nagions en pleine guerre froide : Endoctrinement, privation de liberté, censure, corruption, hypocrisie, tout y est évoqué dans un ton caricatural. Fallait être un brin provocateur pour ridiculiser un peuple de cette manière au grand écran. Mais des décennies plus tard, disons que l’éditorial a perdu de son percutant au profit de l’humour. Et à ce chapitre, le trio d’agents russes préférant se vautrer dans le luxe de la vie parisienne plutôt que de remplir leur devoir de camarade offre une performance mémorable. Leur présence n’est pas sans rappeler celle des Three Stooges. Mais le clou du spectacle demeure tout de même les chorégraphies de Hermes Pan et Eugene Loring sous la musique de Cole Porter. Même si certains numéros sont davantage découpés, chacun nous réserve de belles trouvailles. Fred Astaire qui se trouve en quelque sorte à accrocher ses souliers avec Silk Stockings, nous laisse sur une bonne note et du même coup un héritage unique au même titre que celui de Charlie Chaplin. Le plaisir de le voir danser est inaltérable.

Pour le public de 1957 ce film était autant une comédie musicale qu’une comédie tout court tellement l’humour anticommuniste contre l’URSS était corrosif. Le temps étant passé, il ne reste plus que la beauté du film en elle même, ce qui pour moi est grandement suffisant même si les situations paraissent incompréhensibles au jeune public. Fred Astaire est toujours aussi admirable dans ses danses bien qu’il frôle les soixante ans et Cyd Charisse nous gratifie d'un final de feu lorsqu'elle se met à la musique Rock qui commençait juste à être célèbre. Peter Lorre est irrésistible, c’est de loin le meilleur comédien du groupe des 3 clowns de service, sa danse russe entre deux chaises ne s’oublie pas. Ce film est un peu un chant du cygne pour la comédie musicale et en plus le dernier film de Mamoulian dont on peut dire sans crainte que c’est un ‘’grand’’. Du ‘’Chanteur de jazz ‘’ à ‘’ La belle de Moscou ‘’ 30 années seront passées avant que le moule soit cassé, c’est à peu prés pareil que pour le genre western qui va du ‘’Grand passage’’ à ‘’ Fureur apache’’...Ce n’est pas une coïncidence cela correspond à des cycles de générations que la sociologie explique bien.

Quelle idée d'aller faire un remake du chef d'œuvre d'Ernst Lubitsch avec un Fred Astaire, on ne peut plus ringard ! Là ou chez Lubitch tout était en finesse, on tombe ici souvent dans la lourdeur. Cole porteur, musicien génial est ici en petite forme et la chorégraphie est moyenne. Reste Cyd Charise, éblouissante de grâce et de beauté, Janis Paige complètement déjantée et Peter Lorre assez rigolo.

Couleurs éclatantes, mélodies entêtantes, petits pas de danse osés, claquettes mordantes dirigées d'une main de maître par des notes amoureuses d'un orchestre chaleureux: épatant! Les acteurs pétillent de joie, rayonnent de milles feux, gais reflets d'une ville fantasme, Paris, investie par un robot made in Russia, serrée dans sa ceinture en cuire, ceinture qu'Astaire reluque à chaque plan, les doigts frémissants d'envie de la desserrer.. Son meilleur atout, la musique. Note après note, Ninotchka "You go go go, but you don't get anywhere" se laissera tenter, petit à petit, commençant par chanter d'une voix monocorde, limite vocodée, puis, timidement, ses hanches onduleront, ses bras et jambes fouetteront l'air avec force et vigueur, avec grâce, dans cette immense pièce luxueuse où la caméra semble flotter, les deux êtres se retrouvent et s'aiment, la symbiose est parfaite, le baiser est 'restful, AGAIN'. Drôle à en pleurer, d'une intelligence rare, Silk Stockings est une oeuvre enchanteresse, délicieuse.

Remake du chef d'oeuvre de Lubitsh avec Greta Garbo... En faire une comédie musicale est une bonne idée mais sur ce film Rouben Mamoulian choisit une mise en scène qui manque de mouvement, c'est trop figé. Mamoulian nous a habitué à bien mieux. Fred Astaire-Cyd Charisse forment un couple épatant mais ils ne sont pas aidés au mieux par les chorégraphies qui manquent de sel surtout au début ; il faut attendre les derniers 3/4 d'heures pour un regain d'intérêt. Pas un chef d'oeuvre, plutôt inégal mais il reste encore la magie de certains numéros.

Un remake de "Ninotchka" peut il est vrai surprendre au premier abord. Pourtant, Rouben Mamoulian réussit presque à nous montrer cela commme une évidence, tant ce dernier semble à l'aise dans les numéros musicaux, les intégrant parfaitement à un récit des plus cohérents. On pourra bien entendu trouver le développement un peu plus rapide que dans son illustre modèle ainsi que la transformation moins crédible, mais reste que l'ensemble peut toujours se reposer sur des qualités plastiques assez admirables ainsi que des danses du plus bel effet. Chatoyant et particulièrement bien menée, le film s'avère même être un véritable régal lors de sa première heure et demie, formidablement rythmé et tout de même assez brillamment mis en scène, la bonne humeur générale se faisant même communicative, la grâce du duo Astaire-Charisse ne faisant que soutenir cette formidable impression. Dommage que les vingt dernières soient alors légèrement décevantes, ne réussissant pas à retrouver le charme du reste de l'oeuvre... "La Belle de Moscou" n'en demeure pas moins une oeuvre follement élégante et dans son ensemble assez délectable : il serait donc fort regrettable de s'en passer.

"La Belle de Moscou" est une comédie musicale excellente. la dose de chorégraphie est excellente car il n'y a pas une surcharge de danse ni de chant mais exactement le nombre qu'il faut. Ainsi le rythme est très plaisant. Les acteurs sont excellents, autant Fred Astaire et Cyd Charisse que les acteurs secondaires qui jouent aussi très bien. Le film est un peu déjanté par moment, on rigole assez souvent. Les chorégraphies de Fred Astaire et Cyd Charisse sont sublimes et valent à elles seules de voir le film.

Un remake en tout point inférieur à l'original. Et pourtant, le fait de transformer le chef d'oeuvre d'Ernst Lubitsch en film musical en replaçant le rire par la danse comme révélateur de sa véritable personnalité était à l'origine une très bonne idée mais ça ne marche pas. Si Fred Astaire remplit haut-la-main son contrat ce n'est pas le cas pour l'actrice Cyd Charisse à qui si son talent de danseuse est plus-qu'incontestable, son talent d'actrice lui est plus-que-contestable. En effet, si la rigidité russe allait à merveille à Greta Garbo, cela sonne faux chez Cyd Charisse. De plus, les numéros musicaux sont loin d'être inoubliables et sont même plutôt baclés. Il est dommage pour Rouben Mamoulian, réalisateur de quelques perles cinématographiques, de terminer sur ce film décevant où même si il gratifie, comme à son habitude, le spectateur de quelques trouvailles techniques est loin de retrouver son originalité d'en-temps. Pour les cinéphiles bercés trop près du mur, il est à noter que l'acteur George Tobias joue dans les deux films : l'original «Ninotchka» et celui-ci.

Tourné pendant le second âge d'or du musical hollywoodien, ce film peut apparaître mineur à côté des monuments que sont chantons sous la pluie ou un américain à Paris par exemple. Outre les couleurs rutilantes très années 50 et qui ont bien vieilli, deux très bons numéros musicaux surnagent dans ce film moyen mais pas désagréable non plus : la danse gracieuse de Cyd Charisse (ah....) avec les bas de soie et celui dans l'appartement communautaire, très enlevé. Sinon, plus anecdotique, quoi que, Peter Lorre en apparatchik soviétique, c'est quand même quelque chose !

La Belle de Moscou est le remake sous forme de comédie musicale du film d'Ernst Lubitsch, Ninotchka, qui critiquait ouvertement la dictature communiste. Ici, point de Greta Garbo, mais la très élégante Cyd Charisse pour tenir le rôle titre. Le comte Léon d'Algout laisse la place au producteur de films Steve Canfield, incarné par un Fred Astaire sur la fin de sa carrière. Il est certes moins convaincant qu'à ses débuts dans ce rôle d'amoureux transi, mais cependant possède toujours ce charme inimitable qui lui permet de conquérir petit à petit le cœur de marbre du séduisant émissaire du régime soviétique joué par Cyd Charisse. Les numéros de danse sont ravissants, le talent de ce couple mythique n'étant plus à démontrer. L'histoire se suit agréablement ; elle fait intervenir une galerie de personnages tous attachants qui font preuve à l'écran d'une joie communicative. Les seconds rôles sont très bien choisis et parfaits dans leur jeu, à commencer par les excellents Peter Lorre et Jules Munshin que l'on retrouve ici avec un réel plaisir. La musique de Cole Porter est particulièrement réussie ; elle nous donne l'occasion de découvrir un étonnant rock'n roll de Fred Astaire que l'on n'attendait pas dans ce registre, annonçant l'évolution progressive des comédies musicales hollywoodiennes. Certaines séquences où interviennent de virevoltants danseurs ont d'ailleurs des airs de West Side Story avant l'heure. Ajoutons à cela une mise en scène classique mais irréprochable et quelques savoureux traits d'humour et vous comprendrez sans mal tout l'intérêt de découvrir sans plus tarder cette comédie musicale très réussie.

Une très bonne comédie musicale, remake de Ninotchka, dont l’originalité première est de parler politique. En pleine guerre froide, Mamoulian, de nationalité russe, signe un film souffrant d’un manichéisme obligatoire (un capitalisme trop parfait contre une dictature communisme diabolisée) qui, estimons nous heureux, aurait pu être encore plus marqué, mais apporte une petite touche de nostalgie vis-à-vis d’une culture russe riche mais accablée par la dictature (voir scène finale, dans le cabaret « la vieille Russie », une Russie accueillante et heureuse). Mais, n’oublions pas que le climat de guerre froide n’est qu’une toile de fond, pour cette comédie musicale brillante qui est, avant tout, une ode à l’amour. Cyd Charisse y est absolument magnifique, dans toutes ses apparitions, surtout dans le ballet Silk Stocking (vraiment splendide) et forme avec Fred Astaire, certes un poil trop âgé pour jouer le lover et pour danser le rock’n roll mais apportant au film une touche classe et rétro au film, le couple magique de « Tous en scène ». Exaltant.

La sortie d’un film mettant en vedette Fred Astaire était rarement sans intérêt ne serait-ce que pour ses numéros de danse immanquablement réussis. Le tandem qu’il forme avec Cyd Charisse dans La belle de Moscou vient le confirmer. Mais il y avait davantage dans cette production. Alors que les mises en situation dans les comédies musicales servaient souvent à mettre la table aux numéros chantés et dansés, il y avait dans celle-ci une critique acérée de la dictature du prolétariat à la sauce soviet alors que nous nagions en pleine guerre froide : Endoctrinement, privation de liberté, censure, corruption, hypocrisie, tout y est évoqué dans un ton caricatural. Fallait être un brin provocateur pour ridiculiser un peuple de cette manière au grand écran. Mais des décennies plus tard, disons que l’éditorial a perdu de son percutant au profit de l’humour. Et à ce chapitre, le trio d’agents russes préférant se vautrer dans le luxe de la vie parisienne plutôt que de remplir leur devoir de camarade offre une performance mémorable. Leur présence n’est pas sans rappeler celle des Three Stooges. Mais le clou du spectacle demeure tout de même les chorégraphies de Hermes Pan et Eugene Loring sous la musique de Cole Porter. Même si certains numéros sont davantage découpés, chacun nous réserve de belles trouvailles. Fred Astaire qui se trouve en quelque sorte à accrocher ses souliers avec Silk Stockings, nous laisse sur une bonne note et du même coup un héritage unique au même titre que celui de Charlie Chaplin. Le plaisir de le voir danser est inaltérable.