J'attendais avec impatience mais de pied ferme le nouveau film de Paul Thomas Anderson. J'étais attiré par tout un ensemble de chose. D'abord, comment PTA (acronyme propre au réa') allait traiter ce sujet original et un brin barré. Ensuite, par le casting - cette réunion de stars hétéroclites et rarement rassemblées avait de quoi intriguer. Et puis la bande-annonce promettait du spectacle ! Vint après le temps des premiers retours. Au vue des nombreuses critiques négatives, j'ai remis en question ma séance, l'ai repoussée, par crainte bien sûr de gaspiller mon temps et mon argent. Mais si le film n'est pas parfait, je dois dire que j'en ai eu pour mon fric, et au sujet de mon temps, il n'est pas complètement perdu. Au final, je ne sais pas tellement quelle note attribuer à "Inherent Vice" car c'est au fond un très bon film, dont les lacunes ne sont pas si importantes, mais dont l'éparpillement moral et scénaristique fait peine à voir. Outre sa durée pour le moins étendue (qui n'est pas vraiment un problème selon moi), c'est son scénario - un complot labyrinthique et alambiqué - qui pose parfois problème. Le script n'est pas très creusé, ce sont les (nombreux) personnages hauts en couleurs qui rythment l'histoire. C'est pour cela que le film reste parfois assez linéaire. Il contient cependant des séquences assez jubilatoires, mais qui ne font pas toujours bon ménage avec la trame (glauque et pessimiste) de fond. Nous sommes aux débuts des années 70, la guerre du Vietnam fait rage, Nixon amorce sa chute et gère avec difficulté un pays gangrené par la drogue et la paranoïa. A Los Angeles, Larry "Doc" Sportello (Joaquin Phoenix) est un détective privé hippie aussi raisonné que porté sur la marijuana. Un beau jour,
son ex surgit et lui demande son aide afin de résoudre une ignoble affaire impliquant un magnat de l'immobilier, des trafiquants d'héroïnes, le FBI et la fraternité Aryenne, qui se transforme vite en triple disparition, meurtre, mort supposée, complot...
(oui tout ça en un même film !) Le grand-guignolesque l'emporte souvent sur l'aspect plus sérieux de l'histoire, mais Anderson fait parfois partir son film dans des envolées mélancoliques et philosophiques intéressantes mais incongrues. Joaquin Phoenix excelle dans son numéro de baba-cool sympa mais dépassé par ce qui lui arrive, et les seconds rôles font le job, avec plus ou moins de délectation. Une œuvre psychédélico-sociologique qui ne plaira pas à tout le monde.