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Laurent C.
237 abonnés
1 133 critiques
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5,0
Publiée le 17 juillet 2016
Le vieil adage d'André Gide "Familles je vous hais !" rôde dans ce trésor cinématographique. Aux allures de polar social, cette œuvre, récemment retrouvée et réhabilitée, est un récit intimiste et dérangeant, coupé au scalpel, où il est question d'une famille étrange, étouffante, dont la mère est aveugle, et dont le frère aîné tente de survivre, tout en surveillant le frère cadet qu'on soupçonne très vite souffrant de folie. En plus de cette histoire parfaitement incroyable dans une Italie conservatrice et religieuse, le réalisateur s'attache à dérouler un huis-clos obsédant, où chacun couvre chacun, un peu comme l'omerta mafieuse. La mise en scène constitue une mine d'apprentissage pour tout cinéphile qui se respecte, tant le montage, la disposition de la caméra, les éclairages, la musique, sont orchestrés avec une minutie d'orfèvre. Tout se joue dans l'art du détail : une main qui tente d'attraper un couteau, un regard noir plongé dans le vide, un tremblement de doigt. Le génie cinématographique se cache derrière cette œuvre qui annonce des Stanley Kubrick ou des Werner Herzog en puissance. On redécouvre le cinéma avec cette œuvre qui parvient à fabriquer une histoire absolument terrorisante, juste grâce à la magie des décors, de la photographie, des plans et du montage. Vraiment, la sortie de ce "Les poings dans les poches" est un cadeau fait aux spectateurs.
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12 157 critiques
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4,0
Publiée le 31 juillet 2012
Marco Bellocchio, l'unique cinèaste qui, peu après la dècennie 60, semblait devoir imposer de manière absolue [...] a fait surgir le doute que l'impètueuse iconoclastie de son premier long-mètrage, l'impressionnant "I Pugni in Tasca", allait rester sans suite! Ainsi le critique italien Lino Miccichè (les puristes apprècieront) rèsumait-il pour "Cinemato" le fulgurant dèpart et le piètinement de Bellocchio! Rien n'est venu depuis lever le doute et le dèmentiel "familles (bourgeoises) je vous hais" qu'il poussait ici avec une sauvagerie mesurant savamment ses effets dans ce terrifiant premier film, s'est muè semble t-il, en un scepticisme proprement dèsespèrè! Lancè par ce mètrage où il dètruisait sa famille avant de se dètruire lui-même, Lou Castel livre une prestation èpoustouflante en imposant un personnage de jeune anarchiste! Du très grand Bellocchio pour un film qui annonçait dèjà "Mai 68"...
Bellochio nous plonge sans ménagement et sans plus de préambule au sein d'une fratrie malade regroupée autour d'une mère aveugle (on ne saura jamais rien du père) . L'inceste qui unit le grand frère à sa sœur est peut-être la clef de toute la haine qui ronge le cadet épileptique qui choisit d'éliminer tous ceux de sa famille. Mais après avoir tué sa mère et son jeune frère attardé, il meurt lors dune ultime crise d'épilepsie. Pour son premier film comme réalisateur, Bellochio choisit de choquer son public avec un film sans concession qui à partir de l'exposition des tares d'une famille bourgeoise dénonce l'emprise conjointe de 'église et de son meilleur vecteur, la cellule familiale. Selon Bellochio, c'est l'asservissement de l'individu emmuré dans ses deux institutions ancestrales de l'Italie qui l'empêche de se développer pour accéder à sa véritable personnalité. C'est le message brutal que veut nous transmettre le héro joué par un Lou Castel habité tout à la fois séducteur, lâche et manipulateur. Un film coup de poing qui laisse pantois juste après sa vision.
Très beau noir et blanc pour cette histoire de famille italienne déroutante. Les acteurs sont très bons notamment Lou Castel. L'histoire est bien amenée et se durcit en intensité au fil des minutes. Certaines scènes restent en mémoire. A redécouvrir.
Pour son premier film, Marco Bellocchio n'a pas fait pas dans la dentelle et livre une œuvre d'une noirceur absolue en nous plongeant au sein d'une famille dysfonctionnelle et étouffante. Une famille qui vit à l'écart de la ville dans une maison de campagne et privée de père. C'est donc Augusto, le fils aîné qui fait office de figure paternelle, en particulier pour sa mère aveugle et son jeune frère Leone, malade et légèrement attardé. C'est au sein de ce carcan qu'évoluent également la sœur, Giulia, jalouse de la fiancée d'Augusto ainsi que le frère prêt à imploser : Alessandro. Celui-ci, souffrant d'épilepsie, semble vouer une grande admiration pour son frère aîné tandis qu'il semble vivement désirer sa sœur. Désirant s'affirmer au sein de cette famille de fous, Alessandro entreprend alors de détruire le carcan familial pour se rapprocher de Giulia, quitte à éliminer ceux qu'ils considèrent comme des ''tares'' : sa mère et son frère Leone. Difficile de rester insensible à ce véritable coup de poing que Bellocchio nous assène. Pour sa première réalisation, le réalisateur sait ce qu'il veut et filme sans concessions le personnage d'Alessandro prendre peu à peu le contrôle sur sa famille. C'est noir, parfois grinçant et souvent glaçant. ''Les Poings dans les poches'' n'est d'ailleurs pas seulement troublant dans la manière dont il dépeint ses personnages mais aussi dans sa réalisation. Cadrages parfois très travaillés, ellipses brutales, montage tendu : tout est fait pour que le spectateur ne se sente pas à son aise et regarde cette famille sans d'autre choix que de la voir se détruire, privée d'une figure paternelle forte et imposante (Augusto veut se marier et quitter la maison, Alessandro envisage même de se tuer avec le reste de sa famille). Encore vivace aujourd'hui, l'effet que produit le film doit beaucoup à la réalisation tendue de Bellocchio et à sa façon de nous conter cette histoire en nous montrant des personnages aux motivations troubles. Si l'on peut comprendre ce qui passe par la tête d'Alessandro (la révélation Lou Castel), on peut difficilement saisir les pensées complexes qui envahissent la belle et désirable Giulia (Paola Pitagora, à tomber). Celle-ci, d'abord prête à tout pour briser le couple d'Augusto, méprise Alessandro avant de grandement se lier à lui à partir du moment où il lui confie avoir tué leur mère. Difficile de vraiment saisir ce qui relie ce frère et sa sœur mais l'inceste est dans le coin, accompagnant les meurtres et la folie. Si le grand trouble qui règne autour des personnages fait une des forces du film, elle en est également une des faiblesses, nous empêchant de vraiment saisir toute la complexité des personnages aux relations changeantes. Il faut également relever quelques longueurs venant saper le rythme de l'ensemble mais le doute n'est pas permis une seconde : ''Les Poings dans les poches'' est l’œuvre d'un cinéaste qui n'a pas froid aux yeux et qui n'hésitera jamais à secouer le spectateur quand bon lui semble. Même si on l'avoue, il ne fera pas mieux que ce choc dont on ne s'est toujours pas remis.
On ne peut pas dire que le premier long-métrage de Marco Bellocchio soit une entrée en matière tranquille dans le cinéma; son film est au contraire une proposition radicale et dérangeante sur une famille bourgeoise malade (les handicaps sont autant physiques que mentaux) dans une Italie embrumée. S'il est certain que le film peine parfois à faire évoluer ses personnages, à les nuancer, et qu'il peut susciter l'ennui du fait de son austérité, il n'en reste pas moins malaisant par sa mise en scène provocatrice qui prend le point de vue d'Alessandro, son personnage épileptique. En adoptant le ressenti de l'adolescent, le spectateur baigne alors dans une atmosphère inconfortable oscillant entre terreur et torpeur, qui dévoile une vision du monde pessimiste où l'avenir ne promet aucune perspective. Le mal-être d'Alessandro, interprété par le saisissant Lou Castel, passe autant par la manière de mouvoir un corps complexé que par les rapports ambigus entretenus avec les membres de sa famille, notamment avec sa sœur où la tendresse excessive sous-entend l'inceste. Déstabilisant, "Les poings dans les poches" frappe par sa capacité à mêler un réalisme cru à une dimension mentale qui penche vers l'abstraction, impressionne par sa froideur avant d'émouvoir dans un final opératique puissant.
Une oeuvre tout aussi singulière que majeure, Marco Bellochio parvenant à nous faire toucher la complexité de l'adolescence dans ce qu'elle a de plus effroyable et violent.
En fait, c'est un thriller, et ça n'a rien à voir avec un film politique ou même social. Un psychopathe, fils d'une famille riche, tue mère, frère, essaie de tuer sa soeur avec qui il entretient une relation incestueuse, spoiler: pour finir dans une crise d'épilepsie.
Vu, il y a 50 ans, souvenirs très mitigés, malaise dans l'atmosphère générale du film, qualité des images, de la réalisation, du noir et blanc. Aujourd'hui, le malaise subsiste, un esprit de déconstruction baigne le film, et la maladie mentale du héros empêche toute empathie, pour ce personnage égocentrique : violence sans raison, un film sans âme, sans joie, qui décrit assez bien le nihilisme de la jeunesse de l'époque. Faiblesse dans le scénario, incohérence voulue, une idéologie mortifère baigne le film, la réalisation a des qualités surtout dues à la photographie et au rythme nerveux de certaines séquences, mais un style cinématographique original ne s'en dégage pas. Film assez surfait, très surestimé par la critique.
Il y a une jolie virtuosité dans la mise en scène et la photographie est, je trouve, magnifique. Visuellement parlant c'est vraiment excellent. Le noir est blanc est vraiment très très beau. Le réalisateur a parfois du mal à complètement installé l'ambiance vénéneuse qu'il voudrait mettre, mais ça reste tout de même vraiment bon. C'est un film vraiment intriguant et intéressant, je peux pas dire que j'ai adoré car en soi ça ne m/a pas spécialement parlé, mais j'ai trouvé ça vraiment de bonne qualité et en ce sens là j'ai bien aimé.
Le film s'ouvre sur une musique inquiétante et lugubre, préambule de ce film extraordinairement cruel qui dépeint les moeurs d'une famille de tarés en se focalisant sur le personnage de Sandro, adolescent qui aime sa sœur et qui tuera sa mère et son frère. L'ensemble, avec un sujet pareil aurait pu me fasciner mais malgré les qualités évidentes du film, l'ensemble est un peu trop froid et austère.
Le sujet ne m’a pas emballé et l’ensemble m’a franchement ennuyé, mais il faut reconnaître les qualités intrinsèques du film. Sa sobriété et sa noirceur matinée d’un certain humour, forcément noir. Le sujet de la destruction familiale est traitée par l’intermédiaire du jeune qui est malgré tout assez antipathique comme acteur.
Tableau acide d’une famille italienne névrosée en pleine dégénérescence, à l’atmosphère sombre et étouffante. Un film plus déstabilisant que passionnant.
Très sombre, ce drame familial met en scène une cellule dysfonctionnelle, malsaine même, dans laquelle les membres se démènent pour obtenir leur liberté ou conserver leurs prérogatives quitte à user de fins amorales voire funestes. Dans un noir et blanc faussement manichéen la mise en scène alourdit encore le propos, ne laissant aucune issue favorable à chacun de ces personnages, témoins de leur destruction ou victimes de leurs faiblesses. Brutal, âpre, éprouvant.
I pugni in tasca, est un long-métrage que je découvre à l'instant, j'affirme d'une chose, je ne l'oublierai pas de sitôt.
Marco Bellocchio réunis la mèche et le briquet, il nous en dessine la suite, on la devine en vérité assez vite. Je ne vais pas trainer en éloge, ce film est à voir de toute urgence, pour sa violence, son mimétisme, pour sa description d'un " esprit " pour qui la torture devient le but ultime ...
Lou Castel, Paola Pitagora, Liliana Geraci, Pierlugi Troglio et Mariano Masè sont les visages symboliques de cette famille bourgeoise au combien, si intimement lié et tout autant désunit. Bravo pour le coup de génie des uns et des autres. Comment oublier quoi que se soit d'eux ? Mention toute particulière pour spoiler: la scène ou Giulia gravit, puis chute dans les escaliers après la découverte de son plus jeune frère inanimé et de la résolution qu'elle devine à mesure de son parcours ... Sa réaction à vif tranche avec le calme apparent d'Alessandro, le coupable de ce second crime pour qui la quiétude de son méfait devient son quotidien ...
Si il y'a de la grandeur dans ce long-métrage, il est aussi du en majeure partie pour son réalisateur qui pour un premier film conjugue sa maestria technique à une écriture fine et soyeuse. Ses décisions de mise en scène frappe au bon moment, se délite ensuite pour laisser place à l'interprétation et à la compréhension. L'enjeu du film n'est pas dans le suspense, mais belle et bien dans la confrontation du " Mal ". Son refus de tout manichéisme morale galvanise cette histoire, achève dans faire un mythe !
Je n'émet qu'un seul souhait à cet instant, découvrir d'autres films de ce type !