A la vision de Les confins du monde, de multiples références assaillent le cinéphile qui aimerait parfois arriver vierge : Schoendorffer, Coppola, Cimino, Kubrick, Fuller, etc. L'Indochine que décrit Guillaume Nicloux est prétexte à un voyage somnambule, dans l'intimité d'un soldat confronté à son intériorité douloureuse, dans la confusion des combats et un enfer vert où rien n'est certain à part la proximité de la mort. Dans la continuité de Valley of Love et The End, loin de la tonalité de ses premiers films, le cinéaste poursuit dans une veine mi-réaliste, et d'une extrême violence, à la limite de la complaisance, mi-onirique et éthérée, accentuée ici par des volutes opiacées et le parfum de la passion amoureuse. Le film est habité par le désir de vengeance de son héros qui se heurte à l'horreur de la guerre et à une cacophonie de sentiments contradictoires. Sans être difficile d'accès, Les confins du monde a des allures de trip viscéral et d'expérience extrême qui se joue des contingences narratives habituelles, Le film est moins audacieux dans la description de l'environnement guerrier : tensions hiérarchiques, prostitution locale, insaisissabilité de l'ennemi, etc. Halluciné presque en permanence, Gaspard Ulliel impressionne au même titre que Guillaume Gouix. Gérard Depardieu, dans un rôle secondaire, apporte une sorte de sérénité et d'apaisement de bon aloi. Inutile de dire qu'à ce stade de sa carrière, il est plus que parfait dans un rôle de vieux sage qui a tout compris du fonctionnement du monde des hommes.