Je ne voudrais pas donner l’impression d’enfoncer toujours le même clou, mais ce problème de l’accès aux salles pour les petits films commence à être vraiment décourageant. Premier long-métrage de Jean Denizot, "La Belle Vie" n’a décroché que 25 écrans - dont 3 seulement à Paris – et pas un seul en exclusivité, une ou deux séances par jour, voire même par semaine. C’est pourtant un petit bijou, la très jolie surprise de ce mercredi marqué par les sorties mastodontes de "Rio 2" (657 copies), "Noé" (568), "Divergente" (550) et autres "Les Yeux Jaunes… ". Librement inspiré d’un fait divers, mais dont il n’a retenu que le point de départ, en refusant toute idée de reconstitution, "La Belle vie" est le contraire de ces films attendus et comme pliés d’avance : Il nous donne le sentiment assez miraculeux que l’histoire se déroule vraiment sous nos yeux. Une fiction oui, mais qui atteint ici une vérité presque documentaire. Portée par une mise en scène très simple mais toujours inspirée, des acteurs inconnus ou presque, et d’une justesse à tomber, cette quète d’amour et de liberté est ce que j’ai vu de plus délicat, de plus sensuel, au cinéma depuis un bail. On peut bien-sûr concéder quelques maladresses, un usage discutable de la country - musique trop connotée, étrangère en tout cas à ce qui se trame sous nos yeux… "La Belle Vie" n'en est pas moins une merveille de premier film. Et je veux bien prendre les paris : il va finir par s’imposer. Oui, il va trouver son public, décrocher de nouvelles salles et échapper à l’échec programmé de cette sortie scandaleusement étriquée. Alors allez-y, allez-y sans tarder. Et si le film ne passe pas près de chez vous, il n'y a pas de fatalité, demandez-le à votre exploitant !