Après les drames, les polars et les cartels mexicains, le cinéaste canadien, Denis Villeneuve, entre de plein pied dans le domaine de la science-fiction avec Premier Contact, film d’invasion extraterrestre qui brise les codes du genre. Soucieux de l’aspect humain de ses œuvres, le réalisateur livre un film à la fois imposant techniquement mais par-dessus tout intimiste. Impeccable, donc, que cette manière d’aborder différents styles cinématographiques en n’omettant jamais de faire ressortir la psyché, les émotions des personnages bien avant le spectaculaire, l’action ou tout autre forme de processus. Un anti-blockbuster, en somme, que ce Premier Contact. Un film soigné, audacieux narrativement, remarquablement interprété par Amy Adams, surtout, et un film qui s’inscrit dans la liste des films de SF qui savent s’imposer autrement que par le numérique pur. Premier Contact, en définitive, n’est pas qu’un spectacle creux, une coquille vide, mais il est bien plus que cela.
Pour autant, louable sur le plan narratif, le scénario adapté n’est pas franchement anodin, il semble pourtant que Denis Villeneuve ne s’imprègne qu’assez peu du potentiel divertissant de son film. Si tout commence fort, techniquement parlant, si tout annonce un film épatant, impressionnant, nous tombons, l’heure passée, dans un forme de routine scientifique métaphasique qui rappellera à certains et à certains égards, sans doute, les élans élitistes pas toujours adroits de Christopher Nolan sur Interstellar. Certes, la science-fiction permet l’irrationnel, permet le dépassement de toute logique, à condition, pour autant, que le sujet garde une certaine forme d’homogénéité. A la découverte, ici, du procédé de communication des visiteurs dans leurs tours volantes, tout semble basculer dans une sorte de léthargie philosophique, dans l’exercice pur de cinéma qui ne s’assume, pour le public, plus assez. Premier Contact, sur ce plan-là, pourrait se rapprocher d’un autre film du même réalisateur, l’incompris, à juste titre, Enemy.
Mais ne soyons pas trop dur avec Denis Villeneuve. Il parvient à livrer ici un film à l’indépendance créative remarquable. Un film culotté, en sommes, qui se veut un essai n’ayant rien à envier à une quelconque référence. Pas de surenchère, pas de pathos, pas d’explosion numérique à répétition, juste un film mature qui s’égare, certes, un peu sur la fin, mais qui démontre le talent de son metteur en scène. On peut donc, non sans quelques petits doutes, espérer que Denis Villeneuve saura, pour son reboot du classique de Ridley Scott, Blade Runner 2049, nous faire offrande d’un film qui vaudra la peine d’être vu, à mille lieues des produits formatés hollywoodiens. 14/20