Porté par une presse plus qu'enthousiaste, « J'ai perdu mon corps » apparaissait comme un film événement, si bien que je lui ai trouvé une place dans mon planning afin d'être sûr de ne pas manquer l'une des perles de 2019. Alors aurais-je été moins mitigé si la vision de « Joker » quelques minutes après n'était pas venu entraver mon jugement ? Possible. Toujours est-il que j'ai bien aimé, sans plus. Cette idée de faire vivre une véritable épopée à une main « détachée » de son propriétaire cherchant désespérément à le retrouver, j'adhère pas mal, surtout en caméra subjective, comme c'est souvent le cas ici. L'univers visuel est également séduisant, sachant trouver une vraie personnalité, aussi bien dans ses décors singuliers que ses personnages. La structure narrative est également intéressante : passé, présent, protagonistes se mêlent avec une certaine harmonie, offrant quelques très jolis moments
(toute la scène se déroulant au pied de l'immeuble de Gabrielle, j'ai trouvé ça vraiment chouette)
. Ce qui m'a nettement plus gêné, c'est cette alternance très déséquilibrée entre l'histoire de Naoufel et de la main. Alors que la promotion s'était beaucoup focalisée sur ce second aspect (éminemment plus original), celui-ci représente en définitive à peine un tiers (et encore) de l'œuvre, le reste s'avérant plus classique dans son regard sur la jeunesse, la solitude, les espoirs déchus ou les émois amoureux prenant une tournure parfois incontrôlable. Attention : on reste toujours à un niveau très acceptable, le relation entre les deux héros ne nous laissant clairement pas indifférent. Maintenant, de là à la trouver marquante
(si ce n'est à travers quelques jolies références culturelles, notamment « Le Monde selon Garp »)
, je serais moins catégorique, à l'image d'une fin évitant, certes, la facilité, mais un peu trop ouverte pour réellement me convaincre. J'en attendais clairement trop, expliquant cette relative déception. Après, à défaut d'avoir vu un chef d-œuvre, j'ai tout de même découvert un bon film. Moins original et marquant que prévu, n'exploitant pas suffisamment sa singularité, mais ayant du sens, de la personnalité : bref, un titre de qualité pour une presse s'étant toutefois emballée de manière un peu démesurée.