Ce film réussit le pari de créer du suspens et de la tension pour une histoire plutôt dramatique. Michael Mann nous offre ainsi un film poignant, où chaque scène, des plus importantes au plus banales, sont magnifiquement filmées, nous permettant à chaque fois de nous maintenir dans l'histoire. Le film brille également grâce à l'incroyable prestation de l'increvable Al Pacino, déterminé dans ses principes. R. Crowe, quant à lui, campe parfaitement son personnage, angoissé et lunatique, plein de rage sous un calme apparent. Tout les deux, aux tempéraments antithétiques, s'allient pour une cause qu'il pensent juste. Autour, d'autres protagonistes sèment le trouble, et nous font comprendre peu à peu que ce n'est pas si facile de s'attaquer au grand capital. Parfois un peu rapide et complexe, on arrive cependant à comprendre grossièrement comment fonctionne la machine judiciaire aux USA, et surtout, on se dégoûte devant la pression des lobbys, devant le pouvoir de l'argent et les gens qui s'y agenouillent. Cette histoire rend hommage à ces héros ordinaires, qui mènent des combats sans fusils ni couteau, mais uniquement armés de leur conviction et de leur intelligence. C'est donc, pour moi, un drame lent réalisé à la manière d'un film d'action arythmique. On ressent une drôle de sensation de peur à chaque scène, comme si on attendait un coup de feu, quelqu'un qui meurt, une explosion ou un tremblement de terre. Mais il n'en est rien, on assiste seulement au doux écroulement de l'injustice. A noter, pour finir, un choix, peut-être contestable, de ne montrer à aucun moment une seule cigarette durant tout le film. Cette décision est soit emblématique d'un film qui se focalise surtout sur l'aspect psychologique des personnages, soit une maladresse qui nous fait perdre de vue au final le réel enjeu de ce combat.