Certes je ne suis pas un fan éperdu du cinéma d'investigation et le thème de The Insider (non mais c'est quoi ce titre français ridicule, là encore ?) ne me parlait pas plus que ça. Mais un duo Al Pacino/ Russel Crowe dirigé par le très talentueux Michael Mann (Ali, The last of the Mohicans, Heat, Collateral, Public Ennemies), avais-je vraiment le droit de refuser ça ? Non, bien entendu. Alors me voilà lancé, et, à peine deux heure et demi plus tard, amplement satisfait par ce pamphlet contre le lobbying et les menaces qui pèsent sur la liberté de presse, tout d'abord très plaisant parce que très fouillé, et véritablement porteur d'une volonté de coller aux faits facilement palpable (une dramatisation assumée en plus, bien sûr). Satisfaisant, Al Pacino l'est également tout à fait, très crédible dans ce rôle de journaliste obstiné - mais qui aurait pu douter que cela ne lui conviendrait pas ? Russel Crowe, quant à lui, alors clairement sur la pente ascendante, dégage une impression de sensibilité incroyable et est l'un des principaux responsables de l'émotion qui se partage le film avec une tension très bien menée. Sur le plan narratif, Mann est là aussi extrêmement pertinent, surtout dans la partie initiale où les quelques accélérations subites du récit matérialisent très bien l'épée de Damoclès qui pèse sur Crowe, et à tout moment peut tomber. La seule réserve que je peux poser concerne sa mise en scène esthétisante, peut-être à l'excès. Quoi qu'au final, le rejet d'un style plus documentaire - qu'on aurait pu attendre pour un film de ce calibre-ci - est justifié par la puissance dramatique que font gagner au film des angles de vue souvent osés et pourtant toujours pertinents. Un vrai aboutissement de mise en image, constante qui ne s'est jamais démentie chez Michael Mann dans tous les films de l'américain sur lesquels j'ai jeté un coup d’œil. Bref du très bon, passé un peu trop inaperçu, malheureusement.