D. Villeneuve a beau changer de genre en s'attaquant à un sujet plus ouvert à différents publics, il n'en change pas moins de style pour mettre en œuvre ce qu'il veut montrer, dénoncer et il fait cela une fois de plus sans pincettes, faisant de l'horreur visuelle et très réaliste une marque essentielle de son cinéma, mais en sachant par la même occasion exploiter parfaitement le scénario à travers d'autres éléments, créer la surprise et l'étonnement, et même si le rythme montre quelques faiblesses, et que l'aspect plus général de l'histoire traitée ne rend pas aussi bien l'univers du réalisateur, du moins dans la manière de raconter, on a tout de même à faire à un sacré moment qui porte son lot de bonnes choses. Bien sur, la mise en scène et la réalisation sont des éléments que l'on attend plus particulièrement par le simple fait que D. Villeneuve a déjà habitué à des œuvres très soignées, et que cela s'adresse à un public bien plus large n'empêche absolument pas de retrouver ces plans splendides qui savent mettre en opposition par une seule image les désert arides mexicains se mêlant aux habitations de fortunes qui s'étendent sur des centaines de kilomètres, mettre du rythme dans ses scènes qui peuvent considérées comme plutôt contemplatives, utiliser les paysages urbains réels afin de rendre compte le mieux possible à quel point cette géographie est importante pour expliquer le climat qui règne dans cette région du monde et ce que cela implique, et surtout faire de la violence tant physique que sociale un rouage essentiel quand il s'agit d'illustrer l'horreur qui existe, sans jamais faire sembler ou détourner le regard, tout y est assumé pleinement pour que la puissance qui en découle reste aussi intacte que celle que l'on retrouve pour de vrai dans la réalité des cartels mexicains, ainsi chacun de ces éléments de réalisation sont la clé de voûte de l'esthétique des films de D. Villeneuve, sauf que ici ce qui est le plus impressionnant c'est la vision d'une ultra violence à grande échelle, plus seulement concernant quelques personnages liés par un passé, c'est une dimension nationale que le réalisateur tend à dénoncer. Pour ce qui est scénario, on peut retenir un bon nombre de chose pas mal intéressante, à commencer le sujet traité qui trouve un écho indéniable dans les sociétés actuelles encore plus dans les pays d'Amérique du Sud comme on peut le constater dans ce film, l'exploration des cartels mexicains à travers les yeux de brigades et non des trafficants eux mêmes permet une toute autre immersion et un point de vue qui met bien plus en relief la violence impressionnante qui régné dans cet univers là, et n'hésitant pas à laisser la caméra devant des exécutions impitoyables ou des fusillades assez intenses, de plus cela permet de donner un autre objectif à l'intrigue qu'un simple poursuite entre gangs et forces de l'ordre, le sentiment est plus celui de l'entrée dans une certaine intimité assez inhabituelle et jouant sur des codes très forts, comme la scène d'introduction qui est tout simplement parfaite dans sa façon de rentrer dans le vif du sujet par des images bien choquantes, à tel point que l'on est surpris de voir comment évolue l'intrigue laissant plus présager la recherche d'un serial killer, et là dessus le réalisateur est très fort pour faire en sorte que le film joue sur les deux tableaux afin de dépeindre au plus proche le monde qu'il met en lumière. De plus en ce un concerne le scénario, on a beau avoir du mal à pleinement à se mettre dedans par un rythme trop inégale durant tout le film, balançant entre tension à l'image et discussions de bureaux pas toujours passionnantes, il faut quand même reconnaître que plus on avance, plus ce que l'on découvre semble encore plus acerbe que la violence très crue mis en scène quelques temps plus tôt, et ça c'est indéniable que ça fonctionne, du part parce que l'on est stupéfait de l'ampleur que cela prend offrant un final bien solide tant visuellement que par la façon dont cela se conclu, et d'autre part pas une seule fois on a le sentiment que ce qui est présenté peut s'éloigner d'une certaine réalité, c'est à dire qu'à aucun moment ce qui se passe tout au long de l'intrigue semble absurde ou même abusé afin d'illustrer la violence de la manière la plus dure possible, bien au contraire chacun des passages les plus impressionnant sont subtilement justifiés et même la tournure des évènements ainsi que les révélations qui se profilent tiennent la route quand on voit comment cela est utilisé, la dernière partie du film étant bien prenante. Là où ce film a tendance à pécher grandement, c'est justement en ce qui concerne le rythme général, pourtant le contenu du scénario permet de créer des attentes et quelques frissons qui empêche l'ennui de s'installer, mais l'ensemble est bien trop inégal, parfois très intense alors qu'à d'autres moments c'est bien plus formel, mettant en scène des conflits moraux ou d'intérêt pas toujours passionnant, du moins de la manière dont il sont présentés par les personnages ou encore par des montées de tension qui certes offres de magnifiques scènes tant par le montage que dans ce qui s'y passe, mais qui finalement apportent que très peu de choses à l'intrigue, de telle manière que l'on peut se demander si ce genre de scène ne sont pas là juste pour mettre un peu d'action pas forcément nécessaire, mais qui en plus de donner un peu plus de rythme, porte bien la trace du réalisateur quand il s'agit de faire monter la pression, ainsi l'on peut remarquer que dès la première scène l'attention est happée de façon magistrale, pour que cela retombe assez rapidement afin d'établir les ficelles du scénario, mais ayant du mal à apporter un véritable contenu dans les différentes explications et se contentant de camper des personnages ou des situations bien spécifiques, et finalement il faut attendre à peu près la dernière heure du film pour retrouver l'intérêt initial, malgré tout cela on ne peut pas nier que concernant l'aspect esthétique de la réalisation, cela reste contant tout du long, sachant même relancer de temps à autre l'intérêt par un plan intéressant ou une image choquante, donc l'ennui ne prend jamais vraiment place, c'est juste que certaines scènes ont tendance à être trop molles. Le casting permet aussi de relever tout cela en donnant une certaine force aux personnages qui font cette histoire, et donnant un peu plus de crédit à ce qui est proposé, pas tous au même niveau mais chacun réussissant à apporter sa touche, que cela soit par B. Del Toro qui est de loin le plus convaincant de tous par ce charisme inimitable qu'il apporte à son personnage, sachant le faire agir ou parler que lorsque cela semble judicieux mais surtout portant à merveille l'évolution dans le scénario qui est faite de son rôle, avec une conclusion en apothéose qu'il incarne merveilleusement du début jusqu'à la fin du film, on peut aussi citer J. Brolin qui lui aussi porte bien son personnage, sait lui donner l'importance et la prestance nécessaire au moments opportuns mais pourtant il apparaît comme très effacé ou alors n'est présent que pour sortir une connerie ou faire le con donc ça fonctionne en en espérant un peu plus quand même, puis finalement bien que E. Blunt apporte ce qu'il faut à la vision qu'elle incarne, c'est à dire cette naïveté et surtout ce doute constant qui font parti de l'intrigue, on ne peut pas dire qu'elle en soit pour autant indispensable, autant l'actrice que le rôle, et cet aspect la a aussi tendance à tirer l'ambiance vers le bas par son incrédulité, néanmoins c'est elle qui porte le mieux notre incrédulité face au dénouement des événements, donc elle finalement à trouer un équilibre tolérable. Donc voilà une fresque sur les cartels mexicains dépeintes de manière intéressante dans l'ensemble, qui prend bien aux tripes et sachant offrir une puissance indéniable dans la dénonciation de son propos, pourtant on y trouve pas toujours son compte dans l'avancement de l'intrigue et certains passages manques de rythme alors que d'autre en regorge, par contre concernant la qualité visuelle et le rendu esthétique, on ne peut pas dire que ce film n'avait pas sa place en sélection officielle du 68e festival de Cannes, après encore faut il adhérer au sujet et surtout ne pas être trop sensible à une violence crue et à nue, qui pourtant apporte beaucoup de sens à ce qui est établi.