Impeccable ! De tout les cotés, sur touts les fronts, Sicario est un long métrage absolument parfais. Denis Villeneuve une nouvelle fois chasse les tréfonds et remue ce qu'il y trouve. Le résultat frappe, comme toujours !
On entre de suite dans le vif du sujet avec une première scène qui ne laisse pas de place à la tergiversation. La suite en revanche prend son temps, on situe le décors, dresse quelque portraits et hop on file sur l'autoroute avant de reprendre le fil macabre en filigrane. La conduite est lente mais les à-coups sont violents, le récit pousse au sommeil et nous bouscule lorsque la garde se baisse, à l'image de Kate, on subit encore et encore ... Le final est d'ailleurs sa pièce maitresse,
cette rencontre ente cette dernière et Alejandro sonne le glas du mensonge. La vérité éclate, le point de vue cynique sur la situation désespérante comme un récital barbare ou seul celui qui sème la mort récolte le droit de vivre. Une vision du monde ou la haine gagne tout le temps. Le seul échappatoire, la fuite ... Et encore !
Emily Blunt et Benicio del Toro que j'apprécie aussi bien l'un que l'autre que se soit dans ce film ou dans d'autres ont belle et bien le sort de ce film sur les épaules. Denis Villeneuve aussi évidemment, mais sans ces deux là, la mayonnaise n'aurait à coup sur pas été la même. En ce qui concerne Emily Blunt, c'est simple à chaque fois je l'adore. Dans la comédie avec Cinq ans de Réflexions, Le Diable s'habille en Prada ou bien dans un tout autre registre avec The Edge of Tomorrow ou encore Looper, qui pour ce dernier est assurément un des films les plus probants de l'époque. Sicario lui laisse de la place pour s'exprimer, elle ne s'en prive pas tire ses compagnons sur la rampe qu'elle emprunte. Daniel Kaluuya, John Bernthal et Josh Brolin entre autres. Evidemment, je place Benicio del Toro non pas derrière cette dernière mais bien à coté. L'étrange relation qu'ils nouent est un point central dans ce film. Un enjeu très fort, deux regards radicalement opposé sur la condition d'un seul et même monde. Cet acteur lui aussi démontre depuis longtemps son habileté à revêtir différents costumes, il y va franchement encore une fois. Un film d'acteur, fait avec eux et pour eux.
Denis Villeneuve avec sa mise en scène léchée laisse cours à ses idées et les développes pour garnir son film et étoffer son scénario bien écirs au demeurant mais qui laisse bien vite voir ou il veut en venir. Les scènes d'actions marquent les esprits, il ne néglige pour autant pas le reste. Il fait même mieux, il en fait son principal fait d'armes. C'est fou ce qu'il peut se produire entre quatre murs au détour d'une simple conversation ... Les dialogues et la finesse des personnages entre en collision avec la noirceur dépeinte dans l'histoire, le contrôle de la caméra accentue le vertige. Néanmoins, le film est parfois trop parfais, bien propre ... Dans une continuité certes secoué par des remous mais qui ne laisse aucune place à l'accident. Villeneuve en bon premier de la classe, pas une critique mais un constat, ne prend pas le risque qu'il faut et se contente de son impeccable feuille de route ... Il a peut être raison ?
Sicario bouge, fonce, ralentit, repars, colle des gnons. Il fait tout ça très bien, trop bien. Un film impeccable.