Que de figurants, que de panpan boumboum, que d'effets spéciaux ont été déployés pour cacher la misère. Dunkerque, c'est la guerre avec un grand G : navires, avions de chasse, torpilles… beaucoup d'acier quoi. Nolan en a fini par oublier que ce sont des êtres humains qui font sa guerre. Parce qu'ici, on m'expose juste des randoms qui essaient de quitter la France pour rentrer en Angleterre. Des sans noms, sans famille, sans âme. De simples fourmis pulvérisées par les tirs allemands.
Ce film n'est, au final, même pas dur à regarder. Enfin, personnellement, je n'arrive pas à m'attacher à des personnages que j'ai vus 5 minutes à l'écran. Et encore, au vu de l'enchaînement aussi continu qu'infect de séquences de tirs. Le rythme ne décélère pas une minute et ce, jusqu'à la fin, on ne peut le nier. Mais ça ne mène à rien narrativement, c'est toujours la même chose. Alors bon, on s'ennuie vite profondément.
Le pari de Nolan de se passer de dialogue et donc de l'approfondissement de ses personnages était risqué. Soit t'es hypnotisé (car quand t'as quelques connaissances en histoire, tu sais comment ça va se finir), soit t'arrives absolument pas à rentrer dans le truc et tu te demandes comment on a pu pondre un échec pareil. Certes, le fait de ne pas leur donner de substance renforce le sentiment d'universalité du truc : ça pourrait donc très bien être un gars de ta famille. Mais d'un autre côté, on est quand même au cinéma. Donc autant pondre un documentaire à ce stade, ce sera bien plus marquant.
A voir les choses trop grandes, Nolan en a oublié l'essentiel; l'humain a rarement paru aussi anecdotique que dans Dunkerque. Même les individualités du trio principal sont totalement masquées sous leur grade de simple soldat. En dépit d'une violence pourtant omniprésente, ce n'est clairement pas ce film qui m'aura rappelé à quel point la guerre est une atrocité sans nom.