Ce film a largement fait les frais d’un bad-buzz qui pourtant n’a pas empêché sa réussite relative au box-office. Pourtant décrit comme misogyne, homophobe, voire faisant presque un amusement du viol, le film a littéralement été étrillé, ce qui je vous l’avoue ne m’a pas mis dans une disposition d’esprit des plus à son avantage. Mais je tiens comme règle personnelle que pour critiquer quelque chose il faut l’avoir vu ; et il faut aussi dire que parfois j’ai été en désaccord avec les critiques (public comme pro) sur un film. Maintenant que je l’ai vu, que m’a inspiré le film ? D’abord, oui c’est une comédie paresseuse qui à mesure qu’elle avance devient de moins en moins crédible au point d’en être parfois carrément grotesque. La comédie française d’action sombre souvent sur cet écueil. De plus, les personnages sont psychologiquement limités quand ils ne sont pas franchement caricaturaux. Honnêtement, le coup du gars trop ringard pour séduire la super jolie nana, c’est un archétype de lycéen qui fait tache dans une comédie d’adultes même jeunes. L’interprétation n’est pas trop en mettre en cause, avec une telle histoire et des dialogues souvent si plats ou ridicules, on ne peut pas leur en vouloir d’être très moyens. Donc, on peut dire que ce film malgré sa médiocrité plaira aux ados et jeunes adultes pas trop regardants, mais consternera les autres. Et pourra (on en revient aux différentes accusations) même choquer beaucoup de monde. Personnellement, je n’en ferai pas le grand coupable qu’on a décrit, mais je souscrirai au malaise qu’il a pu engendrer dans certaines séquences. Le cas du « viol sympa », vanne d’ailleurs pas drôle et trop longue, est effectivement maladroit et d’assez mauvais goût ; faisant la gloire de la culture du viol, peut-être pas à ce point. La vanne sur « ne les tuons pas, faisons un film sur l’un faisant une fellation à l’autre » est peut-être plus méprisable, tant elle sous-entend que pratiquer cela est avilissant (d’où son utilisation comme arme de chantage dans le film) et que donc ceux qui le pratiquent (ce qui n’arrive pas nature qu’aux femmes et aux hommes gays) sont déshonorés, voire s’ils le font volontairement, méritent le mépris. D’où le message sous-entendu qu’être gays, voire de sexe féminin, c’est être inférieur à un homme (hétéro). Certes, c’est de l’ordre du subliminal, mais dans une société encore machiste et homophobe, ce genre de sous-entendu est tout à fait perceptible par tout le monde y compris (et c’est plus dommageable) par le jeune public. Donc, oui, le film fait sous couvert d’humour fait appel à des stéréotypes, mais il le fait sans recul, ni, et c’est plus, grave sans le dénoncer, comme s’il n’y avait pas de problème et c’est là que le bât blesse… Mais, cela dit, ce n’est pas non plus le succès de l’année et il y a fort à parier qu’il sera assez rapidement oublié.