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    Otages à Entebbe
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Otages à Entebbe" et de son tournage !

    Rappel des faits

    Nous sommes le 4 juillet 1976. 4 terroristes, 2 allemands et 2 palestiniens, détournent un Airbus A300 en provenance d'Athènes à destination de Paris et prennent en otages les 239 passagers. Les palestiniens Fayez Abdul-Rahim Jaber et Jayel Naji al-Arjam font partie du Front populaire de libération de la Palestine. Quant aux 2 allemands, Wilfried Böse et Brigitte Kuhlmann, ils sont militants des Cellules révolutionnaires, une organisation terroriste d'extrême gauche ayant sévi en Allemagne de l'Ouest pendant les années de plomb.

    Après avoir forcé l'appareil à se poser à Entebbe en Ouganda, les preneurs d'otages souhaitent exposer au monde entier la lutte du peuple palestinien face à Israël. 83 ressortissants israéliens se trouvent à bord de l'avion, poussant le gouvernement du pays, mené par Yitzhak Rabin, à organiser la libération des otages dans ce qui deviendra "Le Raid d'Entebbe" ou "L'Opération Tonnerre." Dans le film, Daniel Brühl incarne Wilfried Böse et Rosamund Pike campe sa complice, Brigitte Kuhlmann. Une fois à Entebbe, les 2 pirates de l'air vont être confrontés au président Amin Dada et sa folie sanguinaire. C'est le comédien britannique Nonso Anozie, vue notamment dans Game of Thrones, qui prête sa carrure à ce personnage historique controversé.

    Origine du projet

    Les producteurs Tim Bevan et Kate Solomon ne s'attendaient pas du tout à devenir spécialistes de la représentation du terrorisme au cinéma. Mais les hasards de la vie en ont décidé autrement. Dix ans après avoir produit Vol 93, qui évoquait les événements du 11 septembre, les deux producteurs ont été sollicités pour accompagner un nouveau projet abordant un détournement d'avion. Cette fois, il s'agissait de l'histoire extraordinaire, mais vraie, du vol Air France 139 détourné en 1976 par des terroristes qui ont retenu les passagers en otage à l'aéroport d'Entebbe en Ouganda. "Ron Halpern, chez StudioCanal, nous a contactés, Kate et moi, il y a quelques années car il pensait que le raid d'Entebbe pouvait donner lieu à un film intéressant", confie Bevan. Pour Halpern, il s'agissait de raconter l'histoire du point de vue des pilotes français : Kate Solomon s'est donc rendue en France pour rencontrer plusieurs membres d'équipage du vol 139, dont le mécanicien de bord Jacques Lemoine, interprété par Denis Ménochet dans le film. "Quand Jacques m'a raconté la semaine qu'il a passée à Entebbe, j'ai compris qu'on tenait un sujet vraiment captivant", dit-elle.

    Un moment crucial

    La productrice Kate Solomon a été marquée par le témoignage du mécanicien de bord Jacques Lemoine : il lui a notamment parlé d'un moment crucial, au cours du raid, où les otages et lui étaient plaqués au sol et les terroristes se trouvaient dans l'aérogare avec eux. "Il était couché, tout près du terroriste allemand Wilfried Böse, car les soldats israéliens arrivaient", reprend-elle. "Ils entendaient des coups de feu à l'extérieur. Il m'a raconté qu'il a fixé Böse qui a éloigné son arme et lui a dit de rester couché. À ce moment-là, au bout d'une semaine passée avec les otages, Böse a pris conscience qu'il ne pouvait se résoudre à les tuer. À mes yeux, c'était un moment qui valait la peine qu'on s'y intéresse".

    Une question de point de vue

    En se documentant davantage sur les événements de 1976, Tim Bevan et Kate Solomon se sont dit qu'il y avait sans doute un angle encore plus passionnant pour aborder l'histoire. "Il y avait différents points de vue sur ces événements qui regorgeaient de détails historiques", explique Bevan. "Par exemple, on a le regard des terroristes, celui des dirigeants politiques israéliens et celui des Ougandais. Il était donc envisageable d'adopter plusieurs points de vue pour raconter ces événements complexes". Pour autant, étant donné qu'elle avait déjà abordé – avec succès – un détournement d'avion, Kate Solomon n'était pas convaincue de vouloir s'y atteler à nouveau.

    "Quand on m'a présenté ce projet, j'ai été instinctivement réticente", reconnaît-elle. "Mais ce qui m'intéressait, c'était qu'il se démarquait nettement de Vol 93 qui se déroulait dans trois espaces assez confinés. Ici, on s'attache à une vision d'ensemble et à ce qui s'est passé en coulisses, et notamment au rôle d'Yitzhak Rabin et Shimon Peres. Par ailleurs, Vol 93 se déroulait sur une période très brève, alors qu'Otages à Entebbe se passe sur une semaine entière". Bevan signale une autre différence de taille entre les deux événements : "Bien évidemment, ce qui me semblait formidable dans cette histoire d'un point de vue strictement cinématographique, c'est qu'elle s'achève par une incroyable mission de sauvetage, si bien que le film tout entier tend vers ce point d'orgue magistral".

    Un sentiment d'urgence

    Pour donner forme au scénario à partir de leurs recherches, les producteurs ont fait appel à Gregory Burke, auteur de '71, thriller historique situé à l'époque du conflit nord-irlandais. "On avait très envie de travailler avec lui", précise Tim Bevan. "Car il s'agit pour l'essentiel du récit d'un conflit. Un conflit international et politique. Un conflit entre les terroristes et les passagers. Un conflit entre les preneurs d'otage allemands et palestiniens. Et comme dans tout conflit, il y toujours des événements étranges qui se produisent. Il nous fallait donc un scénariste très doué pour faire se croiser tous ces éléments, et Gregory s'en est sorti brillamment"Kate Solomon acquiesce : "Gregory sait écrire des personnages de jeunes gens qui ont la rage et il réussit à donner à tout ce qu'il entreprend un sentiment d'urgence. On a l'impression, dans ses scénarios, que les gens prennent des décisions sur le vif. C'est ce qui rend ce script aussi passionnant".

    Après Robocop et Narcos

    Une fois le scénario finalisé, les producteurs ont recherché un réalisateur capable de cerner la complexité de cet épisode dramatique, mais aussi la tension et les séquences d'action qui lui sont propres. Ils ont sollicité José Padilha, à qui on doit plusieurs documentaires primés, Robocop le remake et quelques épisodes de la série télé Narcos, inspirée de faits réels. "J'avais vu Bus 174, long métrage documentaire qu'il a réalisé sur le détournement d'un bus au Brésil, et j'avais été vraiment tenue en haleine", raconte Kate Solomon. "José maintient une tension permanente, du premier au dernier plan, et on ne peut jamais prévoir ce qui va se passer à la séquence suivante. C'est un documentaire haletant et j'avais envie de travailler avec lui depuis très longtemps".

    Pour Tim Bevan, le style et la puissance visuelle du cinéma de Padilha le désignaient tout naturellement comme le candidat idéal pour réaliser Otages à Entebbe. "Il y a une énergie extraordinaire et une vraie vision de cinéaste qui se dégagent de ses films", dit-il. "On le remarque dans Troupe d'Elite et les épisodes de Narcos qu'il a réalisés. Pour un projet pareil, il était essentiel de trouver quelqu'un qui ne se contente pas de filmer en plans fixes. On voulait un réalisateur qui sache manier la caméra avec agilité et qui donne un vrai éclat à ses images". Padilha, qui connaissait les événements d'Entebbe, s'est dit impressionné par le scénario : "J'avais quelques idées sur la manière de conduire ce récit, mais l'écriture et la narration de Gregory Burke m'ont séduit", confie-t-il. "Il a une capacité étonnante à écrire des dialogues intéressants qui donnent un sentiment de véracité absolue. Du coup, j'ai dit aux producteurs que j'étais partant".

    Danse et conflit armé

    Le film s'ouvre sur une séquence où les danseurs, vêtus comme les Juifs orthodoxes, montent sur la scène et s'apprêtent à entamer la célèbre "danse des chaises" imaginée par le chorégraphe Ohad Naharin dans "Echad Mi Yodea" en 1990. Cette chorégraphie symbolise l'afflux de Juifs en Palestine immédiatement avant, et après, la Seconde Guerre mondiale. Puis, dès lors que le rideau se lève et que la troupe se met à danser, des cartons nous rappellent la chronologie des faits pour contextualiser les événements de ces sept jours à Entebbe. Interprétée par la troupe de renommée mondiale Batsheva, cette chorégraphie hypnotique nécessite la présence d'une rangée de chaises sur scène. Plusieurs extraits de cette danse ponctuent le film, jusqu'au final à couper le souffle qui se déroule pendant le générique de fin.

    Tandis que les scènes de danse ne correspondent pas à une interprétation spécifique de ce ballet, elles renvoient, dans le contexte du film, à ses thématiques, comme la tension permanente entre peur et paix et au débat qui agitait Rabin et Peres à l'époque : Israël devrait-il consacrer un tel budget à sa défense ou investir davantage d'argent dans la culture et l'éducation ? Grâce à une énergie tout en retenue, les gestes des danseurs, suggérant une souffrance qu'on s'inflige à soi-même, livrent un message implicite sur les événements évoqués par le film. Cette chorégraphie permet aussi de mettre en exergue la dualité inhérente à l'affaire, selon Kate Solomon : "Elle pointe les deux facettes d'Israël", dit-elle. "La jeune fille ne veut pas que son petit ami parte au combat. Mais il lui répond : 'Je me bats pour que tu puisses danser'. Et Elle réplique : 'Et si j'arrêtais de danser ?'"

    Une quête de vérité

    Pour que les séquences d'action les plus spectaculaires soient d'une authenticité absolue, la production a engagé des conseillers techniques et militaires, dont plusieurs d'entre eux étaient à Entebbe pendant la mission de sauvetage. "C'était très important pour nous que des vétérans du raid d'Entebbe acceptent de nous consacrer de leur temps", indique Kate Solomon. "Deux des soldats ayant participé à l'opération ont entraîné nos acteurs et ils étaient présents sur le plateau la nuit où nous avons filmé le raid – c'était extraordinaire ! Si un comédien ou un technicien se posait des questions sur le lieu exact de tel ou tel événement, ou sur la réaction précise des soldats, les vétérans pouvaient leur répondre immédiatement". Outre les soldats et les membres du gouvernement israélien de l'époque, les producteurs ont sollicité plusieurs ex-otages encore en vie. "On a constaté que chacun d'entre eux avait un point de vue différent", détaille José Padilha.

    "Quand on s'en tient aux seuls témoignages, on n'a pas une vision d'ensemble très claire car ils divergent souvent sur des moments cruciaux. Même si on était en quête de vérité, on savait qu'on racontait nous-mêmes une version des faits. On a tâché d'être au plus près de la réalité, mais je ne pense pas que quiconque puisse prétendre savoir exactement ce qui s'est passé à Entebbe". Parmi les conseillers techniques, la production a notamment engagé Amir Ofer, ancien membre de l'armée israélienne et vétéran du raid. "J'ai été contacté par José Padilha qui m'a expliqué qu'il souhaitait réaliser le film le plus exact possible sur Entebbe", se remémore Ofer. "Bien entendu, il s'agit d'un film si bien qu'il fallait aussi laisser une certaine place à la fiction. Mais il tenait vraiment à évoquer l'opération dans un souci de véracité historique". Une fois sur le plateau, Ofer a fourni des détails techniques aux acteurs, en leur expliquant par exemple comment tenir leur fusil et viser une cible. "Mais le plus important, c'était de bien leur montrer où on s'était arrêtés, le parcours qu'on avait suivi depuis les véhicules jusqu'à l'aérogare, où on avait bifurqué, où les gens avaient été tués etc."

    Le point de vue des terroristes

    Soucieux de présenter au spectateur plusieurs points de vue sur les événements, les producteurs ont aussi cherché à cerner la mentalité des terroristes. Étant donné qu'aucun des preneurs d'otage n'a survécu à l'opération, le scénariste Gregory Burke s'est entretenu avec des personnes connaissant bien le Front Populaire de Libération de la Palestine, leurs convictions politiques et leurs motivations. Pour mieux comprendre encore l'état d'esprit des terroristes, Kate Solomon et son équipe se sont appuyés sur un documentaire autour des événements, datant de 1990. "Ils ont réussi à retrouver le cousin de Jaaber, l'un des terroristes d'Entebbe", se souvient-elle. "Il nous a raconté le genre de personne qu'était Jaaber, son amour pour son pays et son sentiment d'être un martyr". S'agissant des Cellules Révolutionnaires allemandes, Kate Solomon a sollicité le concours précieux du docteur Katharin Karcher, professeur d'études allemandes à Cambridge, spécialisée dans la contestation radicale et la violence politique. "J'ai assisté à une conférence avec les plus grands experts mondiaux sur le sujet, et j'ai évoqué leurs conclusions avec elle", signale la productrice. "Elle a vu le film et elle a été très convaincue par le résultat".

    Daniel Brühl est Wilfried Böse

    Pour le terroriste Wilfried Böse, les producteurs ont engagé Daniel Brühl, lui-même d'origine germano-espagnole. Dès la lecture du scénario, la complexité psychologique du personnage a intrigué Brühl. "Je suis resté sans voix et effaré à la fin du script", confie-t-il. "Je connaissais le raid d'Entebbe et j'avais vu l'un des premiers films tiré des événements, mais en lisant ce scénario, j'ai pris conscience de plusieurs détails inédits totalement fascinants. Le script jetait un éclairage sur les motivations de chaque groupe d'individus partie prenante à ces événements". Rosamund Pike était enchantée par le choix de Daniel Brühl. "J'avais envie de tourner avec lui depuis que je l'ai découvert dans Goodbye Lenin", dit-elle. "Et je me suis dit que c'était un acteur extraordinaire dans le rôle de Niki Lauda dans Rush".

    Pour se préparer au rôle, Brühl a lu plusieurs ouvrages sur les Cellules Révolutionnaires et a visionné des documentaires et des films situés à l'époque des événements pour s'imprégner de l'allure des gens, de leur manière de s'exprimer et de leur gestuelle. L'acteur s'est aussi appuyé sur les témoignages d'Ofer, ancien soldat ayant participé au raid. "C'était impressionnant d'avoir un véritable témoin sur le plateau", déclare Brühl. "Il avait, bien entendu, son propre point de vue sur les événements. Même si c'était fascinant de discuter avec lui, il fallait que je garde du recul pour réussir à incarner Böse. Je n'étais pas totalement d'accord avec sa vision des choses. C'était même assez flippant".

    Rosamund Pike terroriste

    Si Rosamund Pike, citée à l'Oscar, a été intéressée par le rôle de la terroriste Brigitte Kuhlmann, c'était en partie parce qu'elle souhaitait tourner avec José Padilha. "Quand j'ai rencontré José, j'ai décelé sa passion pour le projet", dit-elle. "Il était évident d'entrée de jeu qu'il ne souhaitait pas aller vers la facilité. Il ne voulait pas de manichéisme et montrer au spectateur que les personnages se divisaient entre héros et salauds". Habituée à camper des personnages ambigus, la comédienne a trouvé fascinant le portrait de Brigitte Kuhlmann dans le scénario. "Le film vous projette vraiment dans l'esprit des terroristes", indique celle qui a joué dans Gone Girl et Hostiles. "Dans la plupart des films, les terroristes sont des êtres déshumanisés et sans personnalité. Du coup, c'était assez intéressant de savoir ce qui les motive dans cette histoire. Et si on s'y est bien pris, on peut, à certains moments, éprouver une forme d'empathie pour Brigitte et Böse".

    Si Padilha était enchanté que Rosamund Pike campe le rôle, il craignait au départ que la question de la langue ne pose problème. "Je tenais à ce que les terroristes allemands se parlent en allemand, car c'est ce qui s'est sans doute produit dans la réalité", indique Padilha. "Du coup, il nous fallait une comédienne germanophone". Au cours du premier rendez-vous avec Rosamund Pike, il lui a demandé si elle parlait allemand. "Elle m'a dit qu'elle pouvait apprendre son texte en phonétique", précise Padilha. "Je me suis demandé comment elle allait bien pouvoir s'y prendre". Au bout du compte, la comédienne a prononcé ses dialogues dans un allemand impeccable. "Nous avions un répétiteur qui a trouvé sa prestation parfaite", ajoute le réalisateur. "Après le premier montage, j'ai montré le film à deux amis qui étaient non seulement allemands, mais originaire de Francfort, ville d'origine de Brigitte Kuhlmann. À la fin de la projection, ils m'ont dit : 'On ne savait pas que Rosamund Pike avait été élève à Francfort'. Cela montre à quel point elle a fait un boulot impressionnant".

    Incarner Yitzhak Rabin et Shimon Peres

    Pour les rôles décisifs du Premier ministre Yitzhak Rabin et du ministre de la Défense Shimon Peres, la production a engagé, respectivement, l'acteur israélien Lior Ashkenazi et le comédien anglais Eddie Marsan. Si le film montre bien que les deux hommes politiques étaient en profond désaccord sur la gestion de la crise, les deux acteurs ont abordé leurs rôles en adoptant un point de vue très proche. "C'était un immense défi d'interpréter Rabin car c'est une grande figure historique", note Ashkenazi, qui a joué dans Footnote, cité à l'Oscar. "Je ne voulais pas l'imiter ou le caricaturer. Au contraire, j'ai dit à José que je souhaitais me servir d'infimes détails, comme sa manière de fumer ou de bouger la tête. De toutes petites choses comme ça. J'ai discuté avec ses proches et je leur ai demandé de me prêter de petits films amateur qu'il avait réalisés. Étonnamment, alors qu'il filmait constamment, il ne s'est jamais filmé lui-même". Comme son partenaire, Marsan s'est efforcé d'éviter d'imiter Peres. "Il ne fallait surtout pas en faire un archétype", souligne-t-il. "Le but, c'est de le jouer comme un être humain à part entière, avec des idées paradoxales et une personnalité complexe qu'on ne prête pas à un personnage archétypal".

    Daniel Brühl assomme Denis Ménochet

    Dans le rôle de Jacques Lemoine, mécanicien de bord français dont le courage et le sang-froid ont permis à des centaines d'otages d'avoir la vie sauve, Denis Ménochet apporte une sérénité et une simplicité particulièrement réconfortantes. Après avoir souvent campé des voyous violents ou des personnages diaboliques, Ménochet était ravi de changer de registre. "J'ai adoré le scénario parce que je l'ai trouvé très dynamique", dit-il. "Et pour une fois, mon personnage est un type bien ! Jacques cherche constamment à venir en aide aux autres. Il tente de protéger les passagers à bord de l'avion et tout au long de l'opération, et j'ai adoré ça". Bien qu'il juge cette expérience des plus gratifiantes, il reconnaît que c'est un vrai défi d'incarner un personnage réel.

    "J'ai eu l'occasion de parler pendant deux heures au téléphone avec Jacques, ce qui était inestimable", poursuit-il. "Jacques m'a raconté en détails ce qui s'est passé, de son point de vue, et m'a fait part de son ressenti. C'était un témoignage extraordinaire pour moi". Même si son personnage s'en sort sans une égratignure, Ménochet n'a pas eu la même chance. Un accident s'est en effet produit dans le décor du cockpit où s'entassaient acteurs et techniciens, au cours de la première scène de détournement de l'appareil. "Daniel Brühl est un très bon ami à moi et c'était un vrai bonheur de travailler avec lui – sauf qu'il m'a un peu défiguré", dit-il en riant. "J'étais juste derrière la porte du cockpit, et il l'a ouverte brutalement si bien que je l'ai reçue en plein visage. J'ai eu deux cicatrices, j'ai perdu pas mal de sang et ça a été un vrai psychodrame. Mais j'adore Daniel. Il est génial".

    Reconstituer le passé

    Le repérage d'un site où la production pouvait reconstituer l'aérogare d'Entebbe désaffecté s'est révélé l'un des plus grands défis du projet. "Quand il a été question de bâtir l'aérogare, on s'est vraiment demandé comment s'y prendre", confie José Padilha. "Depuis le début, je tenais à le faire sans recours aux effets visuels, ou le moins possible, car j'aime la qualité documentaire d'un tournage sur un décor en dur". Selon la productrice Michelle Wright, l'île de Malte pouvait être une solution. "On a fait pas mal de repérages pour trouver l'emplacement le mieux adapté pour les scènes de l'aérogare", raconte-t-elle. "Notamment parce qu'on devait utiliser d'immenses avions, comme le Hercules C-130. Malte s'est avéré être un très bon choix".

    La construction de l'aérogare a mobilisé une vaste équipe travaillant 24h sur 24, mais le résultat en valait la peine, selon Michelle Wright. "À Malte, nous avions une équipe de 138 personnes, dont une soixantaine se consacraient à la construction proprement dite du décor. Ils ont bâti une réplique parfaite de l'aérogare d'origine en près de deux mois, ce qui aurait pris encore plus de temps dans un autre lieu. C'était un boulot incroyable". Le chef-décorateur Kave Quinn a réuni d'innombrables photos d'époque et d'images d'archives – dont certaines avaient été tournées par le président ougandais Idi Amin Dada pour son propre usage – afin de reconstituer l'aérogare d'Entebbe dans ses moindres détails.

    Costumes d'époque

    José Padilha considérait que les costumes avaient une fonction tout aussi importante dans la réussite du film. "Les otages ont passé une semaine à Entebbe sans avoir la possibilité de se changer", remarque-t-il. "Du coup, observer la dégradation progressive de leurs vêtements permet de comprendre l'évolution de l'intrigue". Après avoir collaboré avec Padilha et le chef-opérateur Lula Carvalho sur Narcos, la chef-costumière Bina Daigeler était certaine de pouvoir fournir au réalisateur exactement ce qu'il recherchait. S'agissant des tenues des passagers, elle a évité de trop mettre en valeur la mode des années 70 afin que le spectateur puisse plus facilement s'identifier aux otages.

    "Les passagers étaient habillés de manière très simple à bord, et c'est donc ce que j'ai cherché à reproduire dans leur style. Je ne voulais surtout pas donner le sentiment qu'ils viennent d'un passé lointain". Cependant, travailler avec des tissus d'époque s'est révélé un défi inattendu pour la chef-costumière. "La plupart des tenues des années 70 étaient en polyester ou matériaux synthétiques", dit-elle. "Du coup, quand on a voulu les vieillir ou y ajouter des taches de sueur – car il fait une chaleur épouvantable à Entebbe en plein mois de juillet –, les auréoles ne se voyaient ni sur les costumes, ni à l'image. Ça a l'air ridicule, mais c'était un vrai problème pour nous. On a testé d'innombrables mélanges en utilisant différentes qualités d'eau et de colorants jusqu'à ce qu'on trouve la bonne combinaison et qu'on puisse voir les taches de sueur sur les vêtements des otages".

    Un vrai débat

    "Le terrorisme est toujours d'actualité et le conflit israélo-palestinien n'est pas réglé", déclare Kate Solomon. "Mais en adoptant différents points de vue sur cet événement historique, on peut mieux comprendre les décisions qui ont été prises et qui nous menés là où nous en sommes aujourd'hui". Elle évoque alors un épisode crucial vers la fin du film : "Après le sauvetage de l'ensemble des otages, Yitzhak Rabin déclare que si le gouvernement ne reprend pas le dialogue avec l'autre camp, aucun progrès ne pourra être accompli. C'est l'un des messages les plus forts du film. Il faut dialoguer avec le camp d'en face". Tout comme Kate Solomon, Daniel Brühl pointe plusieurs parallèles entre les événements dépeints dans le film et la situation géopolitique actuelle.

    "C'est fascinant de se pencher sur les années 70 et de constater à quel point la situation d'alors est toujours actuelle", intervient Brühl. "Les problèmes soulevés par ces événements n'ont pas été réglés, mais on peut sans doute s'y atteler avec plus d'efficacité si on s'intéresse au passé"Tim Bevan acquiesce : "Otages à Entebbe est un thriller politique sur un monde assez proche du nôtre, et il offre un éclairage sur des choix politiques qui peuvent encore s'appliquer aujourd'hui. J'espère que le spectateur prendre un vrai plaisir en voyant ce film qui est très divertissant. Et j'espère aussi qu'Otages à Entebbe donnera matière à réflexion et nourrira un vrai débat".

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