Le film est en noir et blanc avec quelques scènes en couleurs (généralement oniriques). Dans une île tropicale (La Réunion), au début du XXe siècle, 5 adolescents de bonne famille sont amoureux de leur professeur de lettres
et sous l’effet de l’alcool, à l’occasion d’un pique-nique dans un champ de cannes à sucre, ils se masturbent devant elle (scène ayant entrainé la sortie de quelques spectateurs) et la ligotent à moitié nue sur un cheval qui s’enfuit au galop, provoquant sa mort.
Malgré leurs mensonges pour se disculper, ils sont jugés coupables et condamnés à quitter l’île, pris en charge par un capitaine qui transforme les loups en agneaux. Il les attache sur son bateau, les nourrit de fruits exotiques poilus et gagne une île, non répertoriée sur les cartes, à l’odeur d’huitre et à la végétation luxuriante. Le film provoque un véritable choc émotionnel car sortant de l’ordinaire, tant par la forme que le fond : film baroque, conte fantastique, à la belle photographie en noir & blanc, rappelant l’expressionisme allemand, ambiance de romans d’aventures façon Jules Verne [« Les enfants du capitaine Grant » (1868), « L’île mystérieuse » (1875)], création d’une flore insulaire originale mais aussi performances des actrices, discours sur un monde meilleur dirigé par des femmes et plein de sensualité, rejet de la violence des hommes [cf. « Sa majesté des mouches » (1963) de Peter Brook où des adolescents, naufragés sur une île, retournaient à l’état de barbarie], bande son éclectique (« danse de la fée Dragée » de Piotr Tchaïkovski, jouée au célesta, « Barcarolle » des « Contes d’Hoffmann » de Jacques Offenbach et même Nina Hagen), sans oublier Pierre DESPRATS pour la musique originale. .