Bien que je n’avais jamais entendu parler de la bande dessinée d’origine, « Les vieux fourneaux » est un film qui me tentait énormément. Son trio d’acteurs vedettes me vendait du rêve et les quelques extraits que j’avais pu voir m’ont bien fait marrer. J’étais donc dans de parfaites conditions pour le découvrir au cinéma avec comme seul objectif que je me fixais, celui de passer un bon moment.
Et ce fut le cas. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir devant ce scénario écrit par Christophe Duthuron et Wilfrid Lupano d’après la bande dessinée homonyme de ce dernier. Pourtant, son sujet de base est assez classique mais le résultat s’avère malgré tout très surprenant. L’aspect comédie y est très bon, on se marre énormément avec cette bande de potes qui m’ont beaucoup fait penser à mon grand-père dans leurs esprits (c’est aussi une des raisons qui font que j’ai aimé ce film). De nombreuses répliques font mouches et j’ai vraiment eu le sourire aux lèvres. Mais à côté de ça, il y a une tendresse qui se dégage de ce récit qui est fort appréciable. La solitude, la vieillesse, le monde qu’on laisse aux générations futures, le poids du passé, la pression sociétale dans un petit village, la lutte syndicale, le deuil… Il y a pas mal de thèmes abordés que je trouve très intéressant. On tombe bien sûr parfois dans la caricature en jouant trop sur le territoire de la comédie mais bizarrement, j’ai vraiment plus vu ce film comme une histoire émouvante plutôt qu’une simple comédie (et pourtant encore une fois je me suis beaucoup marrer).
La distribution y est pour beaucoup dans la réussite de ce film à commencer par son trio d’acteurs qui à eux seuls valent le déplacement. Roland Giraud (Antoine) prouve qu’il est décidément trop rare au cinéma tout en étant à l’aise dans l’humour comme dans le drame. Pierre Richard (Pierrot) est juste irrésistible dans la peau de l’anarchiste du dimanche survitaminé. Quant à Eddy Mitchell (Emile), c’est celui dont le sur-jeu se fait le plus ressentir mais qui équilibre bien ce trio malgré tout. Ce fut un vrai plaisir pour moi que de suivre leurs péripéties et malgré le côté grand guignol de leur aventure, je les ait néanmoins trouvé assez crédible sans pour autant se débarrassé de l’esprit de la bande dessinée. En effet, on ressent pas mal l’effet « cases » avec les enchaînements de gags mais ces trois personnages sont suffisamment haut en couleurs pour que cela ne choque pas. Histoire d’apporter un peu de fraîcheur, Alice Pol (Sophie / Lucette) est elle aussi convaincante. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé son personnage même si il y a quand même de la frustration car certaines zones d’ombres persistent. Pour le reste, chacun fait le job même si je retiens le très jouissif Henri Guybet (Garan-Servier) qui lui aussi m’avait manqué à l’écran ainsi que Myriam Boyer (Berthe) avec une caricature assez proche de ce que l’on a déjà vu de ses personnages auparavant mais dont le final rend son rôle plus intelligent qu’il n’en a l’air.
Pour son premier long métrage, Christophe Duthuron s’en sort très bien. Il ne révolutionne pas le genre de la comédie dramatique mais nous offre un travail plutôt bien léché et très agréable visuellement à suivre. Que ce soit dans le choix de ses cadres, le jeu avec les couleurs, l’exploitation des décors ainsi que des costumes ou cette lumière chaleureuse qui baigne le film, tout nous fait penser à l’esprit d’une bande dessinée. Je ne sais pas si il est resté proche de son support d’origine (même si je veux y croire avec l’auteur de la bande dessinée qui a travaillé sur le scénario) mais durant tout le film, j’ai aimé ce côté burlesque qui ne tombe jamais dans l’excès. Cela m’a même donné envie de découvrir la bande dessinée de base, ce qui est une bonne chose à mes yeux. Si dans le générique d’ouverture, un clin d’œil est fait au travail de Wilfrid Lupano et Paul Cauuet, le film regorge aussi de quelques bonnes idées dans la réalisation que j’ai fortement apprécié (les arrêts sur images dans le passé, le spectacle de marionnettes…) . La bande originale composée par Christophe Duthuron et Yannick Hugnet est aussi très bonne et accompagne bien cette histoire avec légèreté.
Pour résumer, avec « Les vieux fourneaux », j’ai vraiment eu la comédie dramatique que je souhaitais. Porté par un trio d’acteurs excellent et une très bonne mise en scène, j’ai même été surpris d’avoir été aussi ému via notamment certaines thématiques abordées dans son sujet. L’humour et l’émotion sont bien dosés, c’est un divertissement que je reverrais avec beaucoup de plaisir je pense et qui dans sa simplicité vise juste. En attendant, je pense fortement à me procurer les bandes dessinées car si c’est du même acabit, il y a de fortes chances que cela me plaise.