C'est l'histoire d'un film forcé dans ses dialogues, mièvre dans son idéologie et maniéré dans son esthétique.
Cette critique contient des spoilers
La vie Scolaire rappelle forcément Entre les murs mais fait tout moins bien, voir carrément pire. Cela n'empêche pas que le film fasse de bonnes choses : c'est drôle par intermittence, j'ai rapidement été gonflé des effets de caméras (le prétentieux plan séquence des soirées gamins/profs) mais il faut reconnaitre que, notamment formellement, le film tente continuellement.
Pourtant je ne suis jamais rentré dans la Vie Scolaire.
A cause de son simplisme d'abord : après Le bon la brute et le truand découvrez Les gentils les méchants et les segpa. Dans les gentils vous avez : le prof "du cru" (comprendre un arabe puisque son lycée est en banlieue), la CPE "full valeur" déterminée à sauver les mômes et notre héro : un super gamin, insolent car son père est en prison (sauf qu'on a jamais eu besoin de blessure originelle pour être un petitcon à 15ans, j'en sais quelque chose). Dans les méchants vous avez le pion assez stupide pour se fournir en weed auprès d'un élève et le prof au bord du burn out. Les deux sont traités par le film sans aucune empathie : la preuve, l'un est gras du bide, moche, pas drôle et toxicomane et l'autre est roux. Enfin nous avons les SEGPA. La CPE (qui fait TOUT toujours tout bien, mais tout hein) reproche à ses pions de se moquer d'eux, mais le film lui ne s'en prive pas. Quoiqu'avec tendresse, on est en année "politiquement-correct-2022". On se fout par contre franchement de la gueule du rouquin VanGoghin. Pire, si on ne croit dans aucun de ces personnages caricaturaux et monolithiques c'est par l'absence de nuance (ce prof d'EPS !) mais aussi par des dialogues sur-écris (on prête des propos tellement invraisemblable à Yanis que cela devient vraiment insupportable) et finalement par la qualité des acteurs : n'aurait il mieux pas fallu prendre de vrais profs plutôt que des comédiens semi-pros ?
Tous les messages sont convenus et portés avec une finesse pachydermique : le déterminisme social des élèves, les parents dépassés (la mère de Yanis), la reproduction familiale (maman & fille habillée en "taspé"), le système "imparfait" qui condamne même les plus malins, l'exception qui confirme la règle (le grand Idriss). Le pire dans tout ça c'est que je partage l'ensemble des message du film sauf que c'est tellement politiquement correct et caricatural qu'il insupporte. Le film aurait bénéficié d'avoir un papa stupide, un gamin vraiment violent ou qui vole pour faire du fric pas juste pour manger ou une héroïne qui fait des erreurs mais là non, tout le monde fait au mieux c'est "le système" le problème.
Au final j'ai rien compris au dénouement, Yanis peut passer en 2sd Générale après une année SEGPA ?
Au final mieux vaut revoir Entre les murs si vous voulez un peu de réel, de nuance.