« La Belle Époque » a tout de la belle idée sur le papier, pour aboutir à une réalisation plutôt pesante et alambiquée...
On replonge ici encore et encore dans un milieu très bourgeois et aisé, sans doute le seul apparemment à pouvoir ressentir et exprimer son malaise existentiel (!), et qui peut en l’occurrence s’offrir le luxe de revivre une période de sa vie, ou de vivre une nouvelle vie, dans l’époque de son choix, décors, scénariste et acteurs compris, et donc presque mieux qu’en vrai, et ceci moyennant une belle enveloppe à la clé évidemment !
On a donc à travers cette histoire au moins le plaisir de se retrouver 45 ans en arrière dans une ambiance fabriquée de carton pâte certes, mais pas si seventies que cela, où curieusement une Renault Dauphine des années 60 surgit à la place de la Renault 5 orange et flashy attendue comme il se doit !
Malgré tout, c’est tout un programme que Victor joué par un Daniel Auteuil déprimé (puis ragaillardi !), auteur de BD vieillissant et mis à la porte par sa femme, psychanalyste et toujours « dans le coup » (Fanny Ardant, hyper branchée et détestable)va lui saisir par dépit ou par défaut.
Ceci afin de revivre ses meilleures moments, donc précisément en 1974, ce que son admirateur caché interprété par Guillaume Canet plutôt exacerbé, va suivre de très ou trop près en tant qu’organisateur !
On se plairait à entrer dans cette machine à remonter le temps si au moins on entrait en empathie avec tous ces personnages qui une fois de plus sont dépeints sans trop de finesse, mais plutôt à coups de répliques vachardes assénées à tord et à travers, et dans lesquels on a bien du mal à s’identifier ou à se reconnaître...
L’excès se retrouve partout, que ce soit dans les situations tordues, comme dans ces relations d’un cynisme démesuré et même cultivé, embarrassant à la longue.
À croire après « Mon chien Stupide », que c’est la seule façon de fonctionner dans certains milieux !
Toute cette ambiance vient donc complètement saborder cette belle idée, qui pourtant en soi promettait une tout aussi belle réflexion sur le temps qui passe, les regrets et toutes les choses aimées ou moins, l’amour et ce que l’on en a fait, gardé ou préservé...
Seulement, pour être séduit et se sentir transporté, emballé et pouvoir vibrer, il faut de l’émotion, beaucoup d’émotion, du charme et une grande sensibilité, peut-être juste un regard, un mot bien placé, et quelques silences judicieux ici et là, pour respirer, reprendre son souffle !
Or là, ça remue et ça tempête de partout, et Nicolas Bedos a beau faire du cinéma dans le cinéma, mélanger les sentiments, et jouer sur les transferts et sur le désir, ça ne prend pas ou tout au moins pas assez pour nous étonner !
On s’ennuie plutôt à regarder les caprices de ces gens riches, qui non contents d’avoir eu toutes les chances d’avoir pu mener leur vie avec beaucoup d’aisance et de plaisir. sans gros traumatismes de surcroît, s’offrent les services d’une société aux idées bien juteuses pour vivre ou revivre un instant, telle une expérience insolite...
Alors que d’autres moins chanceux, n’ont comme unique choix, que de se battre pour assumer tant bien que mal un quotidien bien moins riche en perspectives, et lui bien réel et palpable !
Et au fond, l’idéal n’est-il pas déjà d’apprécier son univers, d’aimer les siens, de goûter chaque instant présent à fond et de s’accepter même avec ses rides et ses cheveux blancs ?
Et donc une démonstration de Nicolas Bedos pas trop convaincante dans sa démarche, mais que ne ferait-on pas quand la vie nous ennuie à ce point ?