Je sais pas pourquoi mais j'ai envie de parler de ce film que je considère parmi mes préférés. Vu à sa sortie (à son 1er week end en salle) et une 2ème fois après les fêtes de Noel, DINOSAURE reste pour moi l'un des plus beaux films jamais réalisé de cette décennie.
Film à l'état de projet quand Paul Verhoeven et Phil Tippet furent approchés pour le mettre en scène, mais abandonné par la suite car jugé trop violent, Dinosaure fut oublié pendant plus de 20 ans et rangé dans un tiroir des studios Disney avant de refaire surface grâce au duo Ralph Zondag et Eric Leighton (le 1er ayant travaillé sur Robocop et le second sur L'étrange noel de Mr Jack).
Certes le scénario semble dépourvu d'originalité et de quelques erreurs biologiques, mais,il faut avouer que l'on y croit dur comme fer.
L'histoire raconte comment Aladar, un jeune iguanodon ayant été séparé de ses origines et se retrouvant par une suite de hasards élevé par des lémuriens sur une île isolée, doit survivre sur la terre des dinosaures récemment dévastée par une météorite.
De ce pitch simple, Dinosaure distille une série de thématiques sur l'apprentissage, le voyage, la naissance d'un chef et la recherche d'une terre promise qu'approuverait Joseph Campbell.
En effet, notre héros est sélectionné comme le messie qui conduira les égarés et les faible via une introduction osée pour l'époque (pendant 5 à 6 minutes c'est presque un documentaire en immersion dans le monde des dinosaures et on y croit), à travers les mésaventures d'un oeuf dans le quel est entrain de naître Aladar. Par la suite nous le voyons grandir en devenant certes un gros lézard de plusieurs tonnes, mais en adoptant une stature de leader (surtout qu'il est élevé par le chef des lémuriens Yar et sa fille Plio) tout en acceptant sa différence au sein de sa famille (qu'il aime énormément).
Ensuite nous pouvons voir qu'un évènement dramatique le fait quitter son habitat (la chute d'une météorite suivie d'un déluge de feu ressemblant au largage d'une bombe atomique); survivant avec quelques rescapés, Aladar se retrouve sur la terre où il était censé naître mais ayant radicalement changé, son arrivée est bouleversée par la rencontre avec ses semblables (qui ne se distinguent aucunement) et finit par rencontrer celle qui sera sa future compagne (une iguanodon nommée Neera) mais qui est bien sûr la soeur du chef de la horde (thème classique de la dualité entre deux personnalités diamétralement opposées).
Le long voyage qui s'ensuit et une sorte de mise à place de tout l'apprentissage de Aladar que lui a inculqué sa famille. Bien évidement ne comprenant pas la mentalité du chef de la horde, Kron, Aladar se range du côté des parias et des plus faibles car "ils ralentiront les prédateurs" et forme ainsi un nouveau groupe (ou famille).
le film a ce moment montre l'étendue de la sagesse et du savoir vivre de Aladar et lui permet d'attirer l'attention de Neera (après avoir subi un râteau absolument hilarant peu avant), il exprime sa philosophie et son point de vue sur le monde (certes simplifié dans le film mais nécessaire dans la psychologie et la caractérisation du héros).
Alors qu'il commençait à gagner le respect des autres (il sauve la vie de la horde en trouvant de l'eau) tout est balayé par le danger de prédateurs mais surtout par l'attitude bornée de Kron, ignorant les idées de solidarité de Aladar.
Comme un héros classique, Aladar subit un de ses plus gros échecs personnels et existentiels dans le récit avant de subir le deuxième plus grand échec où il se sent comme un paria qui ne mérite pas de vivre,
Pourtant c'est grâce à sa famille et ses amis qu'il retrouve la force de se battre et de survivre. Après deux combats sauvages entre Kron et le carnataure (le méchant physique puisque Kron est le méchant idéologique), Aladar devient ce pourquoi il était fait: devenir chef et mener la horde à la terre promise et ainsi commencer une nouvelle vie.
Dinosaure respecte les codes des mythes fondateurs comme le soulignait Joseph Campbell dans son ouvrage L'homme aux 1000 visages. Mais ce qui rend Dinosaure attachant ce sont les personnages et la réalisation.
Cette représentation de ce monde disparu absolument bluffante et criante de vérité mais aussi dans sa mise en scène, à la fois épique et bestiale. Le film se montre aussi violent (pourtant distribué par Disney) et sombre qu'il peut être émouvant et drôle (même si ce dernier point n'est pas le point fort du film).
Ensuite les personnages du film sont tous attachants.
Certes le film ne brille pas par son humour et aurait pu approfondir les thèmes abordés en développant et en rallongeant son histoire mais Dinosaure est sans nul doute un des plus grands films d'animation jamais réalisé qui n'égalera peut être jamais la trilogie Toy Story mais qui s'en rapproche grandement.
Bref Dinosaure est un film à voir.