Il y eu à la fin des années 60, la Fiancée du pirate, de Nelly Kaplan, fameuse fantaisie pleine d'entrain libertaire avec une Bernadette Laffont au zénith de son charme…J’avais adoré !! Et arrive la Fiancée du poète de et avec Yolande Moreau …et j’ai adoré !!! pas tout à fait la même histoire, mais est-ce un clin d’œil au film de 69, que Yolande Moreau ait placé un pirate dans sa troupe de branquignoles ?? « Ma vie est un champ de ruines » soupire Mireille (Yolande Moreau) à l’automne de sa vie…Seule, sans le sou, passée par la case prison, bien que titulaire d’une licence de lettres modernes, amoureuse de peinture et de poésie, Mireille s'accommode de son travail de serveuse à la cafétéria des Beaux-Arts de Charleville Mézière tout en vivant de petits larcins et de trafic de cartouches de cigarettes… Mais voilà qu’elle hérite de la maison de ses parents, un charmant manoir quelque peu délabré en bord de Meuse. Les trois locataires qui se présentent sont comme elle plus ou moins à la dérive, et truqueurs patentés : Elvis (Estéban) un faux rockeur américain qui est en fait un turc au style tzigane, Cyril (Thomas Guy) un jeune peintre faussaire plutôt doué étudiant aux Beaux-Arts et Bernard ( Grégory Gadebois, savoureux) authentique jardinier à la ville le jour et travesti honteux la nuit …C’est un curé des plus loufoques, le père Benoit ( William Sheller dont c’est la première apparition à l’écran) qui a aiguillé ces huluberlus vers Mireille…l’arche de Noé ne serait pas complète sans la réapparition de Fernando (Sergi Lopes) authentique plombier qui jadis a séduit Mireille en se faisant passer pour le poète André-Pierre de Mandiargues à qui il empruntait les mots de la séduction…Tous les personnages de « La Fiancée du poète » "trichent", mais pour des raisons différentes. "Est-ce un film sur les faussaires, avec faux mariage, fausses identités, faux tableaux ? Ou un vrai film d’amour et d’amitié ? Chacun mis face à ses artifices, reprend goût à la vie et aux autres…la poésie, la musique, la peinture ont tombé le masque et s’expriment librement…C’est tout simplement savoureux ...c’est un film dégagé de toute pesanteur, inventif et pas moment féérique…Il n’y a pas de vie perdue ou ratée…et on finit par le croire …et les images sont belles, notamment les échappées sur cette élégante boucle de la Meuse où se love la maison…