Troisième long-métrage pour Jacques Audiard, après 5 ans d’absence depuis Un héros très discret (1996), il revient avec non pas un simple drame social, mais polar noir très intense à travers lequel il dépeint deux portraits pas si opposé qu’ils en ont l’air. D’un côté Carla, la trentaine, un physique pas facile, introvertie et un handicape (elle souffre de surdité mais a la faculté de pouvoir lire sur les lèvres) et de l’autre, Paul, la vingtaine, un jeune homme bourru qui tente de se réinsérer dans la société après avoir purgé une peine de prison. Tous deux vont former un duo improbable et inattendu, un tandem qui leur permettront de se venger de leur misérabilisme, d’un quotidien bien trop blafard, ils vont à eux deux former un duo incompréhensible et qui ne cessera de se déchirer (ou de se manipuler), pour au final parvenir à tirer profit de cette situation. Jacques Audiard y retranscrit une violence à la fois verbale et physique entre les deux protagonistes, avant que le film ne plonge réellement dans le polar pur et dur en fin de seconde partie. Le tout étant parfaitement maîtrisée du début à la fin, d’une mise en scène remarquable, à une direction artistique sans faille où s’affronte deux acteurs, deux gueules de cinéma, deux caractères bien trempés, à savoir Vincent Cassel & Emmanuelle Devos (sans oublier la participation d’Olivier Gourmet). Il en résulte au final une œuvre palpitante, passionnante, destructrice et au combien réaliste, avec Sur mes lèvres (2001), Jacques Audiard ne fait que confirmer tout le bien que l’on pense de lui, c'est à croire que le talent est héréditaire chez les Audiard.