Pour son quatrième film, la réalisatrice s'inspire pour la première fois d'un fait réel. Malgré la fascination qu'elle éprouve pour les faits divers, la violence et l'horreur qu'ils contiennent parfois provoquent en elle une véritable répulsion. Ici, c'est par la médiation narrative du récit d'Emmanuel Carrère qu'elle a ressenti l'envie de se confronter au personnage de Jean-Claude Romand, et c'est pourquoi elle a choisi de prendre les droits du livre pour écrire le scénario plutôt que de consulter uniquement le dossier d'instruction de l'affaire. Le livre a d'ailleurs donné son titre au film.
Le film a été sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes 2002.
Contrairement à ses films précédents où elle tirait une fiction originale d'un sentiment personnel particulier, la réalisatrice a dû ici partir d'éléments éloignés pour revenir à quelque chose de familier (dans le sens où cela nous rappelle à nous mêmes). Ce film est l'histoire, à la fois inouïe et familière, d'un homme qui, à ne vouloir décevoir personne, se retrouve pris de manière inextricable à son piège.
Laurent Cantet privilégiait dans L' Emploi du temps, autre adaptation de la même histoire, une approche universalisante sur le mensonge en détachant son film du fait divers. Au contraire, pour Nicole Garcia, il est important de garder le meurtre final. Voici ce qu'elle en dit : "Quand l'affaire Romand a été révélée, j'ai été fascinée comme beaucoup de monde, par le caractère vertigineux du mensonge, la durée incroyable de cette construction [...] Mais l'horreur du crime m'en éloignait. En même temps, il m'a toujours semblé que cette histoire prend sa dimension tragique et "romanesque" dans ce retournement ultime, sous cet horizon terrible... Là, il y a quelque chose qui l'arrache tant au cas clinique de la mythomanie, qu'au drame social. Il fallait tout prendre ensemble..."
Le traitement du fait divers pourrait faire penser qu'il convient de prendre des inconnus afin d'approcher une facture documentaire qui serait le gage de l'authenticité. Mais tel n'était pas le souhait de Nicole Garcia : "moi je voulais faire une fiction... et assumer le choix de la fiction. [...] A partir de là, il y a une honnêteté artistique à se donner comme icône un comédien, un acteur avec lequel on partage le projet". Et si son choix s'est porté sur Daniel Auteuil c'est parce qu'il a "cette qualité d'intériorité très particulière, faite de familiarité et d'opacité".
La réalisatrice Nicole Garcia travaille ici avec son coscénariste fétiche, Jacques Fieschi, avec qui elle a signé Un week-end sur deux (1990), Le Fils prefere (1994) et Place Vendome (1998).