Night Swim : les secrets du tournage

Night Swim est né d’une tendance chez Bryce McGuire à l’aquaphobie. Il se rappelle : "Impossible pour moi de faire abstraction de l’eau. J’ai grandi en Floride, une terre entourée de tous côtés par la mer, dans un climat difficile à supporter si on ne se baigne pas, et en ayant conscience de l'existence des noyades, des ouragans, des accidents de bateau, des attaques de requin. Dans ce contexte, on en vient vite à craindre et à respecter l’élément aqueux."

"Le premier film d’horreur que j’ai vu, c’était L’Étrange créature du lac noir que je n’ai jamais pu oublier. J’ai un tatouage de la créature sur mon biceps droit", confie le réalisateur, qui cite également La Nuit du chasseur et Abyss comme des expériences marquantes". Il ajoute : "Et bien sûr, Les Dents de la mer, que j’ai vu quand j’avais 10 ans. À l’époque, on avait une piscine et je me souviens qu’un soir, mon petit frère a éteint les lumières alors que je me baignais."

"Je savais bien que la piscine ne faisait que 3 mètres sur 6 mais j’étais convaincu que quelque chose d’horrible montait vers moi de ses profondeurs."

Night Swim s'ouvre dans les années 1980, en raison de la nostalgie qu'éprouve Bryce McGuire pour des films tels que Poltergeist et Christine. Le metteur en scène précise : "La majorité du film se passe dans un présent non spécifié, mais le film parle de faire le deuil du passé, alors ça ne me semblait pas incongru de céder à un peu de nostalgie au début."

Pour Bryce McGuire, la piscine est synonyme de statut social, de distraction et d’amusement : "Elle est attirante et sexy, et c’est ce qui la rend si dangereuse. Avec ses couleurs vives, son eau turquoise, elle nous appelle comme une sirène. Mais une fois dans l’eau, quand les lumières s’éteignent, elle semble tout à coup abyssale. J’aime aussi convoquer des souvenirs d’enfance communs, comme ceux d’aller toucher le drain du fond, de repêcher les insectes morts à la surface, de se faire aspirer la jambe dans le tuyau de nettoyage, de jouer à Marco Polo), pour les transformer en moments de terreur."

A l'origine de Night Swim, il y a le court métrage du même nom écrit et réalisé en 2014 par Bryce McGuire et son ami proche Rod Blackhurst. Filmé dans le jardin de la musicienne Michelle Branch et avec Megalyn Echikunwoke dans le rôle de la jeune femme qui disparait au cours d’une baignade nocturne, ce film de cinq minutes a fait le buzz sur YouTube et a lancé la carrière du cinéaste. Parmi ses admirateurs se trouvait le vice-président d’Atomic Monster, Judson Scott, qui avait officié comme producteur délégué du court métrage, et qui l’a alors montré à son patron James Wan.

"En voyant Night Swim, la maîtrise cinématographique de Bryce ne faisait aucun doute. L’histoire était mystérieuse et suggestive, et Bryce a parfaitement su la rendre plus complexe et plus effrayante encore, tout en lui apportant une forte résonnance émotionnelle."

Bryce McGuire aurait voulu faire construire la piscine sur un plateau à Hollywood, mais l'hiver pluvieux de 2022-2023 a disqualifié cette option. Ainsi ont débuté de longs repérages en Californie du Sud : "On a écrémé tous les quartiers de Los Angeles pour une maison avec piscine. Il nous fallait une piscine imposante avec un grand jardin autour. Quand l’un des personnages était seul dans l’eau, je voulais donner l’impression qu'il s'agissait d’une île entourée de ténèbres. Je voulais également de grands arbres, qui ne soient pas des palmiers, ce qui n’est pas facile à trouver à Los Angeles, pour donner l’impression que l’histoire aurait pu se passer n’importe où aux États-Unis."

"On a essayé de combiner plusieurs lieux : la façade d’une maison avec le jardin d’une autre et la piscine d’une troisième, mais c’est vite devenu un cauchemar en termes de planning et de logistique", confie le réalisateur, qui a finalement trouvé son bonheur à Altadena, une localité à forte mixité ethnique, située dans les hauteurs de Pasadena, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Los Angeles. Il précise : "La maison répondait à tous nos critères : la propriété était entourée de grands chênes touffus qui donnaient l’impression d’une gueule immense prête à vous avaler. La piscine faisait plus de 2,75 m de profondeur et 13 m de long, avec un plongeoir et un dessin intéressant."

Certaines scènes, qui demandaient plus de profondeur, ont été tournées dans une piscine olympique profonde de 4 mètres, à Chatsworth (Californie).

Si Bryce McGuire a eu recours aux images de synthèse pour certains plans, la majorité du film a été tourné "wet for wet", contrairement à la technique du "dry for wet" qui utilise de la fumée, des filtres de couleur, des effets de lumière, des ventilateurs et/ou des ralentis pour donner l'impression d'être sous l’eau. Le directeur de la photographie Charlie Sarroff a utilisé des objectifs grand angle pour rendre la piscine aussi vaste et terrifiante qu’un océan.

La musique du film a été composée par Mark Korven, qui a conçu les partitions de plusieurs des films d’horreur récents préférés de Bryce McGuire, comme The Witch, The Lighthouse et Black Phone. Le metteur en scène raconte : "Je lui ai écrit une lettre lui déclarant que sa musique était sur toutes mes playlists quand j’écrivais et en lui pitchant mon idée d’une musique qui émanerait de l’eau, comme un chœur noyé remontant des profondeurs, et il a accepté. Il est aussi gentil qu’il est doué. Il n’y a que lui pour créer des sonorités si étranges et si glaçantes."

Comme le film lui-même, sa bande-son fait référence aux classiques des années 1980 à travers le personnage de Ray Waller et son faible pour le heavy metal de cette décennie, de Def Leppard à White Snake, en passant par Poison, Quiet Riot ou Black Sabbath. Le réalisateur déclare : "Ray n’arrive pas à tourner la page. C’est probablement la même musique qu’il écoutait dans la voiture de son père quand il l’amenait à ses entrainements de baseball."

Pour les prothèses et les maquillages spéciaux des créatures aquatiques, Justin Raleigh, de Fractured FX, a utilisé des matériaux et des techniques élaborés et testés sur le tournage d’Aquaman et de Swamp Thing. Il a créé des pièces en matière absorbante, camouflant si nécessaire, le matériel de plongée des interprètes.