Un voyage en Alaska, où le soleil ne se couche jamais...on se retrouve avec une ambiance lourde, qui n'a rien à voir pourtant avec celle d'un huis clos, en fait le vide qui nous alourdit découle de la sensation de grand espace où la frontière entre les éléments familiers se brouille. Toute notion inculquée dans nos pays soumis à un cycle temporel normal devient floue, on ne sait plus où on en est, tout comme Al Pacino dans le rôle du flic et peut-être même, à moment(s) donné(s), Robin Williams qui joue le tueur, malgré l'expérience des années passés dans cette étrange contrée américaine. Deux interprètes qui se livrent un face à face formidable, et la grande vedette d'Hollywood que tout le monde connaît n'est pas toujours leader. Les autres rôles sont secondaires au possible, et même si l'effort de rendre la jeune policière enthousiaste plus consistante est visible, Hilary Swank se montre fade et sans intérêt. Ainsi quelques scènes ralentissent le rythme toutefois bien huilé par ailleurs, on peut toujours conjecturer la nécessitait de ces « blancs » pour renforcer l'atmosphère « Alaska ». Car mis à part ce point précis, le scénario, comme à chaque film de Nolan, est très bien construit, à l'aide de flashbacks et e flashforwards, de questionnements face à la manipulation exercé sur l'inspecteur qui cependant n'atteigne en aucun cas le degré d'intensité de Memento et sont rapidement mis hors circuit en raison d'une conclusion brutale stoppant toute hypothèses possibles (sans pour autant donner les clefs nécessaires à la compréhension de la psychologie du tueur à tout les moments de l'histoire), alors que Nolan m'avait habitué aux fins ouvertes délicieuses (Inception). Mais n'allons pas cracher sur la mise en scène très efficace que nous vaudra ce duel, à l'image de quelques séquences d'actions parsemées au sein du film. Il y en a trois en tout qui sont longues et assez mémorables, en raison de leur rareté et de leur originalité, j'ai surtout apprécié la poursuite sur les troncs de bois, asphyxiante au possible, et c'est le cas de le dire. La musique est assez éparse, il n'y a pas vraiment de vrais morceaux à part le thème principal dont l'objectif est davantage d'installer une sorte pesanteur liée à un dépaysement paradoxal comparable à celui que l'on subit dans le Retour (film russe), que de créer une composition musicale de blockbuster. Ce qui aurait pu être le cas, car Insomnia pourrait générer autant d'attention de la part des cinéphiles que de la part du public : le film de Nolan présente des aspects typiques de la grosse production, c'est à dire beaucoup d'explications orales (seulement les plus évidentes en ce qui concerne les explications virtuelles) des faits qui permettent de ne pas perdre le spectateur moyen en route, un acteur de pointe, une bande d'inutile à laquelle il pourra s'identifier (hum...je n'ai rien contre le grand public surtout hein...j'en fais partie n'oublions pas...enfin il y a aussi plusieurs étages qui hiérarchisent cet ensemble) et suffisamment d'action pour qu'il ne s'endorme pas. A l'inverse, si on fouille un peu le sens du récit et les petits détails laissés ça et là, on a de quoi s'amuser, nous autres cinéphages...