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    La Belle équipe
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    inspecteur morvandieu
    inspecteur morvandieu

    14 abonnés 1 440 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 8 février 2024
    Sur la forme, le film est Julien Duvivier est le reflet d'une époque dure mais pittoresque: l'ouvrier parisien, les guinguettes du bord de Marne, la langue de Paname tiennent un place prépondérante. Le début du film a le ton de la comédie; la belle équipe de copains vit, avec une certaine désinvolture, du chômage, de l'amitié masculine et de l'entraide, et même un gain à la loterie ne la sépare pas. Au contraire, ensemble, ils investissent et bâtissent une guinguette avec l'enthousiasme de l'ouvrier affranchi. Période idyllique bientôt spoiler: contrariée par de purs éléments de mélodrame.

    A cet égard, on ne saurait dire si l'approche de Duvivier (et de son co-scénariste Charles Spaak) participe du mouvement réaliste évoquant la condition prolétarienne des années 30 ou si elle est d'essence romanesque. Car il y a une certaine complaisance dans l'accumulation des aléas qui déterminent spoiler: l'échec de la belle équipe, décimée par une amourette, une expulsion du territoire, un accident et, surtout, par l'action d'une garce, véritable femme fatale des faubourgs parisiens. Le drame
    semble alors un peu artificiel, voire pathétique, mais les personnages sont attachants et le ton populiste a conservé un certain charme.
    A noter que le film a été tourné avec deux fins, l'une dramatique (d'origine), l'autre "optimiste" comme on a dit à l'époque.
    RitchieGueko
    RitchieGueko

    8 abonnés 349 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 12 janvier 2024
    La Belle Equipe est un film réalisé par Julien Duvivier et sorti en 1936.
    Cette histoire d'amitié est très prenante. L'histoire, assez simple (5 amis qui gagnent à la loterie décident d'acheter une bâtisse pour en faire une guinguette) est fort sympathique, porté par un Jean Gabin au mieux de sa forme et un Charles Vanel tout en nuance dans son jeu. Ce film porte haut l'amitié masculine avec force ( spoiler: la scène où les compères grimpent sur le toit pendant la tempête pour protéger leur maison en est le symbole parfait
    ), et la fin, tragique ( spoiler: Charles se laisse retourner le cerveau par son ancienne compagne avant de se faire descendre par Jean
    ) est assez inattendue. Le tout est filmé de façon sobre et sans fioriture, avec une musique fort à propos.
    Un très bon film sur un sujet souvent traité mais qui l'est ici avec une justesse touchante.
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 008 abonnés 4 091 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 24 avril 2024
    C’est avec “La Belle équipe”, le quatrième film qu’il tourne avec Julien Duvivier que Jean Gabin accède à la gloire et commence à façonner son personnage de prolétaire romantique et tragique du cinéma français d’Avant-Guerre. Le film tourné en 1935 est à jamais associé à la Naissance du Front Populaire. Il a été dit par Charles Spaak que Jean Renoir qui aurait eu vent du projet a fortement intrigué auprès du scénariste pour qu’il intercède auprès de Julien Duvivier afin que les deux réalisateurs échangent “La grande illusion” contre “La Belle équipe”. Julien Duvivier nullement intéressé par le scénario de “La grande illusion” aurait refusé l’offre.
    Le rapprochement entre le Front Populaire et “La Belle équipe”, peut facilement se comprendre en raison de l’allégresse communicative qui se dégage de toute la première partie du film, montrant un monde ouvrier se mettant subitement à croire qu’une vie meilleure lui tend les bras. C’est exactement la promesse du Front Populaire, symbolisée par l’avènement des congés payés. L’image de héros prolétaire de Jean Gabin qui s’est construite rapidement et durablement avec “Les Bas-fonds”, “Gueule d’amour”, “La Bête humaine” et surtout “Le jour se lève” a largement contribué à entretenir la réputation emblématique de “La Belle équipe” notamment par une reprise de la diffusion en salles en août 1940.
    Quand on y regarde de plus près rien ne vient réellement étayer cette analogie séduisante. Tout d’abord Julien Duvivier n’avait rien d’un cinéaste aux convictions politiques très affirmées comme le confirment tous ceux qui l’ont approché et notamment son fils. Ensuite, l’événement qui amène les cinq camarades à concevoir le projet d’une guinguette sur les bords de Marne est dû au pur fruit du hasard et ne doit rien à une quelconque émancipation par la lutte où même plus prosaïquement par le travail. L’ambition commune des cinq dont quatre ne pensent tout d’abord qu’à vite aller mener leur route individuellement, se cimente autour de l’idée de devenir eux-mêmes patrons et de gagner de beaucoup d’argent pour enfin mener grande vie et rouler carrosse. Soit s’extraire de leur condition pour ne plus jamais y revenir.
    En somme une réaction des plus humaines que Renoir s’il avait eu en charge le projet se serait sans doute empressé de parer des utopies communistes qui étaient les siennes à l’époque. Pour peut-être finir par se déjuger dans ses mémoires comme il l’a fait pour “La grande illusion” dont il s’était aperçu du pacifisme béat une fois la catastrophe nazie passée. La belle équipe se transformant assez rapidement en “Bad Team”, il a été reproché à Julien Duvivier d’avoir avant l’heure éteint l’élan généreux du Front Populaire qui sous l’œil acerbe de sa caméra était en réalité déjà presque mort-né. D’où l’explication d’une fin optimiste tronquée imposée par la production et acceptée par le réalisateur après une projection test. Cette fin optimiste qui fit l’objet d’un combat juridique mené par les héritiers de Julien Duvivier et Charles Spaak pour que la réédition du film en DVD soit exclusivement exploitée avec la fin conçue et souhaitée par les deux auteurs. En vérité, comme souvent chez Duvivier ce sont les comportements humains qui le préoccupent. Ici l’incapacité d’un groupe de véritables copains à s’unir, l’utopie cédant face aux passions ou tout simplement aux aléas de la vie.
    Jean Gabin endosse de rôle le plus ingrat de celui spoiler: qui s’improvisant chef de groupe convainc ses camarades de le rejoindre dans son projet, rappelle ensuite à l’esprit collectif un des jeunes membres du groupe (Charles Dorat) tombé platoniquement amoureux de la fiancée (Micheline Cheirel) d’un autre membre (Raphaël Medina) pour finir par lui-même se jeter dans les rets de Gina (Viviane Romance), la femme calculatrice et provocante du faible Charles (Charles Vanel)
    . Comme le dit si bien le proverbe populaire inspiré de l’Évangile selon Saint Matthieu : “Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais”.
    Quelque fois un peu surjoué notamment par le volubile Raymond Aimos ou à contre-temps par les acteurs un peu fades que sont Charles Dorat, Raphaël Médina ou Micheline Cheirel, le film repose essentiellement sur la force de conviction indéniable du trio majeur constitué par Gabin, Vanel et Viviane Romance agrémenté par les prestations joviales et drolatiques de Ferdinand Charpin en gendarme bonhomme et de Raymond Cordy en ivrogne muet suivant à la trace Gabin redevenu pour un temps le chansonnier de ses débuts alors qu’il entonne le très entraînant “Quand on s’promène au bord de l’eau”. Un film témoin de son époque montrant que spoiler: les faiblesses humaines finissent souvent par étouffer les meilleures intentions
    . Un film majeur malgré les petites faiblesses se faisant jour ici ou là et où se taille la part du lion une Viviane Romance à la gouaille et au charme ravageurs qui tout en accédant à la célébrité se verra pour longtemps cantonnée aux rôles de garce ou de femme fatale.
    Topaze87
    Topaze87

    5 abonnés 306 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 22 avril 2023
    Excellent film de Julien Duvivier emmené par le duo Gabin-Vanel. On peut y passer aisément du rire aux larmes à tout moment. Les deux fins du film sont à voir.
    Bernard D.
    Bernard D.

    100 abonnés 604 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 10 janvier 2023
    « La belle équipe » de Julien Duvivier (1936). Le pitch est bien connu : 5 compagnons de misère au chômage Jean (Jean Gabin), Charles (Charles Vanel), Raymond (Raymond Aimos), Jacques (Charles Dorat) et Mario (Raphaël Médina), réfugié espagnol menacé d'expulsion, gagnent une belle somme à la loterie. Jean leur propose d’acheter une bicoque au bord de la Marne et de la transformer en guinguette qui doit ouvrir le jour de Pâques (d’où le titre initial du film). Tout le monde adhère au projet et s’affère dans les travaux)… mais un différend entre Jean et Charles à propos de la belle Gina (Viviane Romance) en décidera autrement.
    C’est la fin pessimiste voulue par le réalisateur… en écho peut-être avec la montée du nationalisme en Allemagne (?). Dans la foulée de 1936, cette fin ne plut pas aux spectateurs et les producteurs du film ont demandé à Julien Duvivier de tourner une fin « optimiste » qui – via un vote dans un cinéma parisien (305 voix sur 366 spectateurs) – fut longtemps projetée dans les salles mais ne connut pas un grand succès.
    A noter dans ce film Fernand Charpin dans le rôle d’un gendarme tolérant vis-à-vis de Mario mais faisant à regret son travail dans la version pessimiste du film.
    Un film social aux valeurs humanistes d’une certaine époque mais qui bel et bien fait partie de l’histoire du cinéma français. C’est peut-être le film le plus connu de Julien Duvivier à qui on dit « Pépé le Moko » (1937), « La bandera » (1935), « La Fin du jour » (1939) ou encore « Voici le temps des assassins » (1956)… bref plus de 60 films !
    bobmorane63
    bobmorane63

    153 abonnés 1 898 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 23 décembre 2021
    Une comédie dramatique des années 30 à la fois enthousiasmante et triste signé par le talentueux cinéaste Julien Duvivier !!
    On est plongé dans une époque pas bien drole des années 30 de la crise économique ou une bande de copains galèrent jusqu'à ce que l'un d'eux gagne une grosse somme à une loterie , c'est la fète, le champagne coule à flot et les rèves s'enchainent. Ils décident d'acheter et de restaurer un pavillon au bord d'un beau lac. Les travaux commencent mais une tempète, quelques billets qui partent vers mesdames, des drames et j'en passe viennent perturber. "La belle équipe", tout est dit dans le titre, c'est du cinéma à la Claude Sautet ou Yves Robert avant l'heure, une bande de copains sympathiques auquel on s'attache sur fonds d'accordéons en musique, ça se laisse regarder aujourd'hui avec nostalgie pour nos plus anciens d'une autre France. Les personnages avec en tète Jean Gabin et Charles Vanel sont chaleureux et soudés dans la peau des copains à l'écran. La mise en scène de Julien Duvivier vieillit bien avec le temps. Une oeuvre a ne pas manquer.
    Max Rss
    Max Rss

    168 abonnés 1 713 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 15 novembre 2021
    Alors oui, on peut aisément le dire : sur pas mal de points, cette "Belle équipe", à nous, spectateurs du 21ème siècle, nous apparaît comme très datée. Que ce soit son cadre, son contexte social et politique, sa musique, ses personnages, le langage et le phrasé desdits personnages, ainsi que les rapports qu'ils peuvent avoir entre eux mais, il y a trois choses que rien ne lui enlèvera, pas même ses 85 ans d'âge : son charme, son humanité (malgré un final pessimiste) et l'universalité de son propos. Cinq amis chômeurs et fauchés comme les blés gagnant à la loterie et qui, forts de ce gain et armés d'une amitié semblant être à toute épreuve,, vont en suer pendant des mois pour ouvrir une guinguette, à laquelle ils donneront un nom qui est tout un symbole. Le leur évidemment mais un symbole reste un symbole. Maintenant que j'en suis là, je me pose une question terriblement délicate : "La belle équipe" est-elle (comme un autre internaute le clame haut et fort ici-même) est-elle le plus beau film jamais fait sur l'amitié masculine ? Moi, et avec tout ce que j'ai de connaissances, je réponds oui, sans hésiter. Allez, sur ce, je vous laisse les potes, même si le temps n'est guère clément en ce moment par ici, je vais faire un petit tour, me promener au bord de l'eau, aux trémolos des petits oiseaux et j'en profiterai pour saluer Gabin, Vanel, Duvivier et compagnie.
    Hotinhere
    Hotinhere

    419 abonnés 4 737 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 13 octobre 2022
    Une ode à l'amitié qui retranscrit bien l'atmosphère d'une époque et les espoirs soulevés par l'arrivée du Front Populaire, portée par un casting formidable.
    Ykarpathakis157
    Ykarpathakis157

    3 395 abonnés 18 103 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 11 mai 2021
    C'est un film pour les amateurs de nostalgie. L'un des quelques films qui incarnent le cinéma français des années trente. Gabin, Charles Vanel et Viviane Romance se sont avérés des acteurs durables. Gabin bien sûr s'est avéré le plus durable de tous et le plus emblématique de ces acteurs. La Belle Équipe a été tourné à l'époque de Pépé Le Moko et les films à venir qui étaient Quai des Brumes, Le jour se lève puis les grands films d'après-guerre, Touchez pas au grisbi, Le Chat, La Traversée de Paris. Il s'agit avant tout d'un film sur la dépression mais c'est surtout aussi un film sur la camaraderie, sa force et sa fragilité. Lorsqu'ils n'ont pas le change les cinq amis sont forts mais lorsqu'ils touchent les numéros de la loterie nationale tout commence à s'effondrer de l'intérieur. C'est un curieux mélange de lyrisme de scènes pastorales le long de la Marne avec des chansons sentimentales et Gabin chantant est quelque chose à entendre. Duvivier ne fait pas l'objet d'une attention particulière aujourd'hui et pourtant il reste un réalisateur clé du cinéma français...
    Eselce
    Eselce

    1 201 abonnés 4 238 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 25 janvier 2021
    Un bon film des années 30 sur l'amitié et les idées qui en naissent pour souder les liens. J'ai beaucoup aimé le scénario, les acteurs sont bien choisis et le film monte en intensité jusqu'au final. Bien qu'il n'y ait pas beaucoup de surprise car l'on devine à mesure de l'intrigue, cela reste une belle oeuvre.
    Ducerceau
    Ducerceau

    10 abonnés 555 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 18 janvier 2021
    L'équipe est toujours belle tant qu'on construit quelque chose ensemble. Ensuite, c'est beaucoup plus difficile de la faire durer. Et ce sont souvent les femmes qui les font éclater comme beaucoup de groupes musicaux (Beatles, Téléphone, etc...). On a dit que c'était le film du Front Populaire qui promettait des lendemains qui chantent. Mais il s'est divisé comme la Belle Equipe. Pendant ce temps-là, Hitler préparait son peuple à la guerre.
    Fabien S.
    Fabien S.

    456 abonnés 4 150 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 17 janvier 2021
    Un chef d'oeuvre avec Jean Gabin . Un bon film noir de 1936 avec de bons dialogues et de belles répliques.
    AlphaWolf
    AlphaWolf

    62 abonnés 805 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 24 décembre 2020
    Un film désuet qui vaut surtout comme témoignage d'une époque révolue. Les scènes et le jeu des acteurs y sont très théâtraux et trop gentillets pour espérer susciter un réel intérêt, d'autant que la mécanique de l'histoire est on ne peut plus prévisible.
    GéDéon
    GéDéon

    54 abonnés 444 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 6 octobre 2022
    Cette comédie dramatique, signée Julien Duvivier, est sortie en 1936 à l’époque du Front populaire. Cinq chômeurs, ayant gagné le gros lot de la loterie nationale, décident de s’associer pour retaper une bicoque et la transformer en guinguette. C’est le temps de l’insouciance et de l’amitié fraternelle. Malheureusement, les ennuis arrivent progressivement. Jean Gabin et Charles Vanel s’imposent avec talent grâce à leur charisme. A noter que l’œuvre comporte deux dénouements différents. Le premier optimiste fut imposé par les producteurs, tandis que le deuxième plus sombre était le choix du réalisateur. Bref, un film choral très attachant.
    Jack G
    Jack G

    2 abonnés 175 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 28 avril 2020
    Après le tournage du Golem (1936), le réalisateur Julien Duvivier se consacre à une production restée dans les mémoires comme étant le reflet, qu’elle offre bien malgré elle, à la fièvre populaire dans un contexte politique français historique : la victoire du Front Populaire et le rassemblement des forces de gauche sous la houlette de Léon Blum, aux élections législatives de mai 1936.
    Réalisé lors de l’été suivant, La Belle Equipe coïncide avec cet évènement historique majeur. Néanmoins, malgré sa réputation politisée au service du Front Populaire, Julien Duvivier n’a jamais voulu faire de son œuvre le porte-voix des projets politiques et sociaux d’une gauche éclectique et triomphante. Pourtant, l’Histoire en a décidé autrement, sans doute en raison de son esprit enthousiaste et plein d’espérance qui s’inscrit dans son temps.
    Cinq ouvriers au chômage et dans la misère remportent le gros lot à la loterie et décident d’acheter une bâtisse délabrée sur les bords de la Marne, dans l’objectif de la transformer en une guinguette populaire, festive et fructueuse. Toutefois, malgré le flux joyeux du gain à la loterie et de l’espoir d’une vie paisible qui en découle, le reflux s’avère destructeur pour cette bande d’amis soudée, l’argent et les femmes devenant les causes de leur perte. Prônant les valeurs d’amitié, de fraternité et de solidarité, La Belle Equipe est probablement la production cinématographique la plus injustement assimilée à la ferveur qui a découlé de la consécration politique du Front Populaire. Il faut dire que Duvivier n’a jamais été très intéressé par la politique et a encore moins été séduit par l’idéal collectiviste défendu par la gauche. Pessimiste et méfiant par nature, le concept du groupe fraternel uni et indivisible a toujours suscité ses doutes, comme on le voit dans l’éclatement progressif de cette bande d’amis.
    La Belle Equipe est aussi l’une des représentations les plus fidèles du réalisme poétique, courant cinématographique en vogue au cours des années 1930, porte-voix du Front Populaire sur les écrans et porté par de célèbres réalisateurs français (Marcel Carné et Jean Renoir entre autres). Peut-être est-ce aussi là, la source de cet amalgame enraciné quant aux motivations du réalisateur. Le cadre naturel et bucolique du lieu de tournage, dans le Val-de-Marne, fait écho aux racines naturalistes du mouvement, quand l’environnement populaire des personnages et leur confrontation à la fatalité sont des thèmes emblématiques du réalisme poétique.
    En effet, après une première partie pleine d’enthousiasme, le destin tragique rattrape inévitablement cette belle équipe et la disloque, rappelant ainsi le fragile équilibre de la vie, que même la richesse ne peut préserver. Finalement, ce gain à la loterie s’avère être un cadeau empoisonné et cette bande de joyeux lurons n’a jamais été aussi forte et soudée que lorsqu’elle était plongée dans la précarité. Ajoutez aux ravages de l’argent la cupidité et le cynisme d’une femme malveillante, et vous obtiendrez un cocktail explosif capable de détruite n’importe quelle amitié. Il faut dire que chez Duvivier, les femmes apportent le malheur, que ce soit volontairement, comme avec Gina, ou de manière involontaire, comme le prouve Huguette, qui pousse sans le vouloir son fiancé Mario à quitter ses amis et changer de pays. Et c’est justement la principale faiblesse de La Belle Equipe : son pessimisme exagéré, dont l’apothéose s’exprime dans un final tragique.
    Figure du héros prolétaire et tragique empreint de romantisme et de noblesse, Jean Gabin signe sa troisième collaboration avec Duvivier après Maria Chapdelaine (1934) et La Bandera (1935), ce dernier film étant celui qui lui offre son premier grand succès et qui participe grandement à fonder le mythe autour de sa personne. Son charisme et sa stature ne laissent guère de place à ses camarades de jeu, seul Charles Vanel parvenant à lui tenir tête en de rares occasions. Le film est aussi un tremplin pour Viviane Romance dans son rôle misogyne de femme vénale et venimeuse.
    La première projection du film reçoit un accueil très mitigé, les spectateurs ne goûtant guère la noirceur de la fin imaginée par Duvivier. Les producteurs demandent donc à ce dernier de substituer à cette fin malheureuse un épilogue plus optimiste, afin de correspondre aux débuts prometteurs du Front Populaire. Le cinéaste refuse d’abord avant de finalement accepter de soumettre deux versions à un panel de spectateurs et de choisir la fin qui sera plébiscitée. Le verdict est sans appel : le public veut la fin heureuse (305 voix sur 366 spectateurs). Duvivier se plie à la vox populi mais regrettera toujours cette fin candide qui dénature le propos qu’il a voulu donner au film. En fait, aucune des deux fins n’est réellement convaincante : le happy-end apparait totalement fantaisiste tandis que la conclusion tragique manque de crédibilité.
    Inscrit à tort dans la ferveur populaire résultant du triomphe du Front Populaire, La Belle Equipe souffre pourtant de son esprit utopique et irréaliste à travers un entrain manifeste et exagéré. Duvivier ne souhaitait pas faire un film joyeux et optimiste, c’est pourtant raté, et la fin tragique qu’il a tourné en premier lieu ne parvient même pas à servir son propos tant elle semble venue de nulle part, après un retournement de situation incompréhensible. Le résultat offre un faux film de propagande à la gloire de la victoire du rassemblement des gauches et échoue dans son projet de dénoncer la fragilité de la collectivité et de la vie. Ironiquement, on pourrait penser que Duvivier en a fait l’éloge.
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