"Femme Fatale" est un échec, c'est indéniable. Brian DePalma, en s'appuyant uniquement sur ses talents de metteur en scène, néglige son récit à tel point qu'au bout de 30 minutes de pellicule, le spectateur perd tout intérêt. Traînant sa caméra, avec virtuosité certes, comme il traînerait ses pieds, le réalisateur se mord la queue. Alors on peut y voir un film dans le sens le plus strict du terme, c'est-à-dire des images qui bougent et s'assemblent, et il est possible que DePalma, vu la fin, ait voulu ne faire que ceci. Le problème c'est qu'il n'est pas David Lynch, qui lui décide de perdre le spectateur en ne lui donnant aucune explication, le prenant par la main dans des mondes si familiers mais pourtant si bizarres. "Femme fatale" tente tant bien que mal de se donner corps avec l'histoire de ces diamants que tout le monde cherche à récupérer, avec des thèmes chers au réalisateur (gémellité, voyeurisme, double identité), mais la sauce ne prend pas. Et ce n'est pas le twist final, simplement pathétique, qui pourra changer la tendance. Le fait est qu'en voulant se donner des airs de film personnel, de film d'une vie, DePalma a oublié de proposer quelque chose de vraiment caractéristique à son cinéma, ce qui semble paradoxal vu le nombre d'auto-citation que comporte son film. La faute à une histoire bêta. Que reste-t-il à sauver alors? Les 15 premières minutes. Fluides et somptueuses, elles auraient à elles seules pu constituer un nouveau chef-d'oeuvre. Un tour de force qui malheureusement ne sauve pas "Femme Fatale".