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    Piège pour Cendrillon
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Piège pour Cendrillon" et de son tournage !

    Genèse du projet

    André Cayatte entreprend une adaptation de l’affaire Caryl Chessman, un américain condamné pour enlèvement, exécuté en 1960 après douze ans passés dans le couloir de la mort. Le scénario est co-écrit avec Dominique Lapierre, un journaliste ayant publié un livre sur Chessman et présent au moment de son exécution en chambre à gaz. Pour plusieurs raisons, notamment une hostilité du côté américain, le film ne pourra se faire. Lorsque Cayatte découvre peu après, et par hasard, le roman de Sébastien Japrisot, c’est comme un choc : une histoire à la fois totalement extraordinaire, en apparence éloignée du cinéma qu’il pratique d’habitude, et au sein duquel il reconnaît l’essentiel des thématiques qui l’intéressent. Ceci va jusqu’à l’idée de ce personnage amnésique qui ne reconnaît plus sa personnalité de jadis, concept se téléscopant avec la perception de l’affaire Chessman selon Cayatte : une fois dans les mains du bourreau, l’homme qu’on allait exécuter n’était plus le même que l’homme qu’on avait condamné douze ans plus tôt.

    Une difficile entente avec les co-auteurs

    André Cayatte rencontre Jean Anouilh. Ensemble, ils décident de revisiter l’œuvre de Sébastien Japrisot. Ce sera au grand dam de ce dernier, peu à l’aise à l’idée de voir un autre auteur ré-adapter son histoire. Détail intrigant : au générique, le film est indiqué comme adapté du livre de Sébastien Japrisot ; en revanche, en co-scénariste, on retrouve également un certain Jean-Baptiste Rossi – véritable nom de Japrisot (anagramme), ou comme une étonnante manière de poursuivre la thématique du double qui imprègne le récit. Anouilh apporte une dimension solennelle et théâtrale dans les dialogues. Ces changements ne sont pas sans efficacité, jouant d’un côté sur un rapport au réalisme bien plus évident, de l’autre, comme une réflexion sur l’artificialité assez étonnante.

    Une inspiration hitchcockienne

    Piège pour Cendrillon est certainement le film le plus esthétique d'André Cayatte avec Œil pour œil (1957) – expérimentation en couleur de Cayatte tournée en VistaVision. Dans Piège pour Cendrillon, il s’entoure du chef-opérateur Armand Thirard (collaborateur de Maurice Tourneur, Anatole Litvak, Henri Verneuil…), qu’il retrouve après trois films tournés ensemble une vingtaine d’années plus tôt : Au Bonheur des dames (1943), Roger la Honte (1946) et Le Dessous des cartes (1948). Le visuel de Piège pour Cendrillon est sombre et torturé – jusqu’à un plan d’escalier vertigineux, en contre-plongée, à la résonance largement hitchcockienne. Cayatte et Thirard réfléchissent à des astuces esthétiques pour distinguer les facettes des personnages interprétés par Dany Carrel. Le film flirte avec le fantastique mais s’inspire surtout de Sueurs froides (1958) d’Alfred Hitchcock, et de la nouvelle dont il est tiré, D’entre les morts (1954) de Boileau-Narcejac.

    Un film clouzoesque mais pas de Clouzot

    Henri-Georges Clouzot a questionné l'actrice principale, Dany Carrel, quant à sa participation à Piège pour Cendrillon. Elle relate leur entrevue : « Clouzot m’a dit : " Mais pourquoi t’as fait ce film ? C’est moi qui devais faire Piège pour Cendrillon ! Ce n’est pas un film pour Cayatte ! ".  Je me suis fait la même réflexion et je me suis dit que ça aurait été terrible comme film, avec Clouzot ! Et moins académique. Il me disait :  " J’aurais fait de toi la plus grande star de tous le temps dans ce film ". »

    Trucages

    Abandonnant rapidement l’idée de maquillage ou de prothèses – avec peut-être le souvenir du faux-nez pas très convaincant de Michèle Morgan dans Le Miroir à deux faces (1958) – André Cayatte et Armand Thirard optent pour un trucage optique : un prisme qui déformerait légèrement le visage de Dany Carrel, selon qu’elle incarne Do ou Mi. Le film multiplie aussi les plans truqués, pour dédoubler l’actrice, et a recours à des doublures, procédés soigneusement calculés sur le plateau grâce à un retour vidéo – Piège pour Cendrillon serait le premier film français à utiliser cette nouvelle technologie.

    Persona

    A l'occasion d'un entretien présent sur le Blu-ray Gaumont de Piège pour Cendrillon, quand Sylvain Perret et Roland-Jean Charna demandent à Dany Carrel, quel personnage a-t-elle préféré incarner parmi ses trois interprétations. Cette dernière répond ceci : " Je vais vous épater en disant l’amnésique. Jamais connaître son identité, ça ressemble un peu à ma vie : en fait, je pense n’avoir jamais vraiment connu mon identité. J’étais très émue quand je jouais l’amnésique, car c’est celle qui est le plus proche de ma nature et de mon âme. Ça peut être un peu étonnant, mais c’est comme ça ! "

    La réception

    En dépit de toute son originalité, Piège pour Cendrillon a été un échec de plus dans la carrière d’André Cayatte, critique – seuls quelques journalistes ont loué l’inventivité du film et son côté hitchcockien ou clouzoesque – et commercial : à Paris, le film n’est resté que cinq semaines à l’affiche en première exclusivité, sur neuf salles, réunissant 120 572 spectateurs, son score le plus faible depuis Le Dossier noir, sorti dix ans plus tôt. Il n’est passé qu’une unique fois à la télévision, en juin 1973, avant d’être définitivement bloqué par Sébastien Japrisot, qui n’en renouvellait plus les droits.

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