Avis : Série noire - Page 10

Terrain vague, rues désertes, cités décrépies; sous un ciel sombre et pluvieux, le marasme urbain rejoint celui que Frank Poupard, médiocre VRP exploité par un patron cynique, entretient dans sa tête. Sa rencontre avec une jeune fille taciturne, prostituée par une vieille maquerelle, spoiler: l'entraine dans la folie meurtrière, dans la folie tout court.

Alain Corneau plonge les quelques personnages évoqués dans une grisaille étrange et presque irréelle dans le sens où le film n'est pas une étude psychologique et qu'il prive les personnages de véritables liens sociaux (il n'y a pas de figuration et guère de seconds rôles). "Série noire" est le récit d'une progressive et inéluctable déchéance humaine dont Patrick Dewaere, par sa fébrilité, rend superbement la brutalité, la violence parfois. Dans ce cadre étriqué, à la fois spatialement, socialement et -doit-on le regretter?- humainement, l'humour noir participe d'un climat délétère et morbide que suggèrent la solitude morale et des existences sordides. Il y a là un véritable et original travail de mise en scène.

Ce film est un Dewaere-show (c'est bien simple, il apparaît dans toutes les scènes) et on ne va pas sans plaindre tant il est bon dans ce rôle de représentant de commerce fou qui cherche à fuir l'ennui. Si vous avez réussi à tenir les 30 premières minutes (une succession de scènes sans grand rapport entre elles), vous découvrirez un très bon film noir avec des scènes intenses et parfois drôle : la scène d'intro, le double homicide, Franck Poupart (poupée pour les intimes !) qui se frappe la tête contre la voiture, sa dispute avec sa femme (totalement schizo-naiaque) !

Le parfait équilibre entre la comédie et la tragédie !! Plus drôle que Les tontons flingueurs, plus grinçant que C'est arrivé près de chez vous, aussi poignant qu'un Dardenne, Série Noire est incontestablement un des meilleurs films francais qui soit. Portés par un Dewaere possédé et une Marie Trintignant à la beauté glaciale et dérangeante, ce film, par ses ingrédients, son discours social et psychologique, pousse chaque spectateur à effectuer un retour sur soi bienfaiteur et salvateur. Finalement, il est l'illustration de la magnfique maxime de Maupassant : "Mais sait-on quels sont les sages et quels sont les fous, dans cette vie où la raison devrait souvent s'appeler sottise et la folie s'appeler génie ?"
Incontestablement, ce film nous demande d'y réfléchir.

Ce film absolument terrifiant tient par la grâce d'un P. Dewaere complétement habité, capable de composer une sorte de Docteur Jykel et mister Hide en continue. Film inégal certes, mais extrêmement dérangeant, ou règne en permanence l'insécurité, le malaise, la violence, la misère. Certaines scènes sont très fortes, et Corneau film tout cela à merveille. Outre Dewaere, les autres rôles sont très bien tenus. A voir absolument.

Tout simplement grandiose. Un vent de liberté et d'émancipation flotte sur ce polar français, porté par un acteur qui fascine par sa grande facilité à jouer toutes les émotions brutes, de la colère à la joie, métaphorisant à la perfection la volonté d'échapper à une existence devenue trop morne. Poème sombre et lyrique, Série noire trouve sa beauté noble en nous contant l'histoire d'un homme comme un autre et s'inscrit incontestablement dans une veine réaliste, aussi bien par les décors d'une banlieue parisienne grisonnante que par le jeu de ses acteurs, tous parfaits.

Comment Alain Corneau peut il avoir réalisé le magnifique Tous les matins du monde et ce film lent et glauque ? J'ai zappé avant de comprendre...

Un film très noir porté par un Patrick Deweare littéralement habité par son personnage, il crève carrément l'écran, à tel point qu'il doit s'agir sans doute de sa meilleure interprétation au cinéma. Il prouve une fois de plus qu'en tant qu'acteur il était absolument génial. Un très grand film, à voir au moins une fois !

Qu'aurait été '' Série noire '' sans Patrick Dewaere ? Bien peu de choses sans doute... Un navet insignifiant. Il fallait sa présence pour donner au film toute son aigreur. Car Franck Poupart n'inspire rien, si ce n'est l'amertume. Il plonge le spectateur dans sa vie miteuse et l'entraîne inévitablement dans ses péripéties aussi angoissantes qu'abracadabrantesques. Seul l'amour triomphe du merdier. L'amour pour Mona, une adolescente aux yeux vides, ici médiocrement incarnée par la jeune Marie Trintignant. Heureusement, Bernard Blier et Myriam Boyer sont là pour jouer à la hauteur d'un Dewaere on ne peut plus tourmenté. Le premier incarne Staplin, un patron fourbe et tyran, malgré ses airs bonhommes. La seconde se métamorphose en Jeanne, épouse désillusionnée et solitaire. Rien à ajouter là-dessus. Tout y est. '' Série noire '' ne se laisse pas regarder facilement. Il faut du temps pour rentrer dans l'histoire, accepter la situation crasseuse des personnages et se résoudre à suivre leurs conneries...puis leurs espoirs. D'autant que la fin est loin d'être désespérante.

Excellent film d'Alain Corneau,l'histoire est trés prenante et originale j'ai adoré.

Alain Corneau signe une œuvre singulière. Son propos social pessimiste laisse libre cour au talent de Patrick Dewaere. Ce dernier en roue libre comme l'atteste par exemple la scène d'ouverture ou les nombreux monologues porte littéralement le film. "Série Noire" est construit autour de lui. Ainsi l'appréciation du film est fortement dépendante de celle de Dewaere. Si certain lui reprocheront de sur-jouer, son interprétation reste quant même de la trempe des plus grands. Le film de Alain Corneau se révèle alors cynique, sombre, et même parfois drôle (humour noire, bien entendu). On reprochera une esthétique inégale. Et retour de flamme oblige, un certain néant à coté de Dewaere. Oui mais voilà, ce film respire le mal être, c’est sordide, les personnages sont minables, le contrat est remplie à « sang pour sang ». Enfin, la France n’a pas produit à la chaine des films noirs de qualités, « Série Noire demeure donc à voir.

c'est hilarant et glaçant à la fois. la petite jouée par la sublime trintignant nous possède comme elle possède franck poupart jusqu'au point de non retour. on flirte avec une folie permanente, le héros étant constamment sur le fil du rasoir. adapté d'un roman de jim thompson. rien que ça.

Le film n'a pas bien vieili mais je suis toujours stupéfait du jeu de Dewaere. Quel bonhomme!.
Il faut resituer le film à son époque.
Agréable à voir

Série noire est tout simplement un film magistral et extrêmement noir taillé sur mesure pour Patrick Dewaere qui assume ici son personnage avec un réalisme époustouflant. Je ne peut m'empêcher de penser à Taxi Driver après avoir vu ce film. Par contre Alain Corneau nous livre un personnage moins marginal mais surtout détruit par la vie, désabusé et terriblement seul. Le jeu et le talent de Dewaere nous hurlent sa détresse. Rarement j'ai vu un acteur aussi juste dans son rôle, qui je pense n'était pas seulement un rôle pour lui. Ce film est un chef d'oeuvre, un classique, et surtout un cri qui nous renvoie à nos propres démons. En tout cas une de mes plus poignantes expériences cinématographiques. Avis aux amateurs : ne passez pas votre chemin!

La caméra filme avec maestria cette banlieue sordide que ne semblent égayer - ou plutôt faire grincer - que les transistors chuintant des tubes de qualité variable... Le jeu d'acteur de Dewaere est tout simplement exceptionnel, et d'une technicité folle (la scène de la baignoire, ou encore celle des coups de tête dans la voiture). Malgré les excellents dialogues où perce l'ironie perecquienne, certaines faiblesses du scénario m'empêchent de mettre cinq étoiles à cette chronique de la folie ordinaire.

Ce film tient entièrement sur les épaules de son acteur principal, Patrick Dewaere, qui y est stupéfiant. Il ne joue pas Poupard, il est Poupard, voire Poupard est Dewaere, au choix. On se demande si le héros est fou de naissance ou si c'est cette vie qui le rend fou, ce qu'on peut comprendre lorsqu'on voit la ville glauque, le temps maussade, les gens petits qui l'entourent.
Poupard est un hystérique qui s'exprime (un peu trop parfois, il est vrai), mais les autres sont tout aussi hystériques mais essayent de le cacher (sa femme jouée par Myriam Boyer n'est pas nette, son patron joué par Bernard Blier est un roublard et la fille qu'il sauve jouée par Marie Trintignant limite autiste).
Ce film est assez intriguant car il passe du noir bien sombre (les meurtres, la poisse qui colle à la peau de Poupard) au burlesque (certaines scènes font penser à Buffet froid, spoiler: en particulier celle où Poupard file des baffes à son patron qui lui vole son butin mais qui reste impassible et ferme sur son action
).
En bref, un film qui ne peut laisser indifférent.