On ne présente pas cette fresque historique monumentale et multi oscarisée, étalée sur presque 4 heures de pellicule, illustrant l'odyssée épique de Thomas E Lawrence. Concentrée sur le personnage, cette belle réalisation n'en donne pas moins un regard profond sur le mouvement arabe, la progressive émancipation du moyen orient ainsi que les premières contradictions des politiques occidentales, sources de conflits plus que jamais d'actualité. Quand au film lui même, il passe de la focalisation sur Lawrence, impeccablement interprété par Peter O Toole, au grand spectacle des mouvements de l'armée arabe. La première partie du film est à mon sens la plus envolée et la plus envoutante, car elle retrace l'itinéraire totalement incroyable (mais vrai) de Lawrence, sa capacité à se faire respecter par les tribus arabes et à bousculer totalement le front par ses initiatives visionnaires. La seconde partie est plus sombre, plus réaliste aussi : le rêve d'une union arabe s'éloigne alors que les intérêts occidentaux, jusqu'ici en arrière plan, se confrontent avec les plans expansionnistes de Lawrence et de Fayçal. Soulignons d'ailleurs la performance d'Alec Guinness, qui rend un Fayçal sympathique, tout à la fois poli et rusé. Le spectateur sera impressionné par les moyens déployés pour le film, qui se veut réaliste, concret et en même temps esthétique. Mais il restera sur sa faim s'il ne comprend pas le fond du film, à savoir l'inachèvement de l'œuvre de Lawrence, qui semble le ronger, et les paradoxes de la situation au Moyen Orient, qui nourriront et nourrissent des décennies de conflit. L'union arabe et le destin de Lawrence restent tous les deux inachevés, incomplets, mais l'épopée était belle !