On ne sait si ce film est le premier ou second chef d'oeuvre (après ou avant Voyage au bout de l'enfer) de Michael Cimino, récemment disparu. Toujours est-il que ce monument, près de quatre heures de projection, qui a connu une début catastrophique à sa sortie en salle en 1980, a retrouvé grace à une nouveau montage par le réalisateur lui même un second souffle, depuis 2012 .
L'histoire qui se révèle complètement d'actualité aujourd'hui, est celle de migrants miséreux venus d'Europe Centrale voulant s'installer dans le Wyoming et qui sont jugés indésirables par les éleveurs déjà établis, qui les traitent de voleurs et anarchistes et établissent une liste noire de 125 hommes à abattre ou pendre avec le consentement du Gouverneur et l'appui de l'armée et recrutent des mercenaires à cet effet. Le shérif du comté, issu de la classe bourgeoise, amoureux de la tenancière du bordel local, ne réussira pas à éviter le carnage.
Le film montre une autre vérité sur la conquête de l'ouest, celle de l'égoïsme et du mépris des primo installés par rapport aux nouveaux arrivants ainsi que les conditions de vie miséreuses de ces derniers : entassés dans baraquements, attelages humains de charrues et parmi eux les premières fractures entre les paysans et les petits commerçants.
Sur la forme le film est éblouissant, avec une prologue qui se déroule à Harvard à la remis des diplômes, où l'on fait la connaissance de deux des futurs protagonistes le shérif et un éleveur alcoolique et désabusé. Une valse magnifique sur la pelouse du camping... 15 ans après c'est le Wyoming et ses paysages époustouflants (en fait le tournage a eu lieu dans le Montana voisin) admirablement bien filmé par Cimino, qui sait cadrer et jouer avec la lumière et aussi le sombres ( fumée de locomotives ou d'immeubles)... La menace d'exécution étant posée, on suit jusqu'au dénouement la vie de la petite ville : les fêtes - danse extraordinaire su patins à roulettes-, les bagarres, les combats de coqs et la vie du bordel local, tenu par une Isabelle Huppert convaincante. Mais le pire doit arriver, et c'est la grande et fabuleusement rendue bataille finale.
Tout est bon dans ce film, les acteurs, la mise en scène, le montage, la musique, la photo