Le Démon de midi : les secrets du tournage

Michèle Bernier se souvient de sa rencontre avec la réalisatrice Marie-Pascale Osterrieth : "Il y a quelques années, alors que je tournais dans son film L'Echappée belle, Etienne Dhaene m'a proposé de participer à l'écriture d'un scénario. Son projet était chez TF1 et Marie-Pascale Osterrieth s'en occupait. J'ai préparé quelques idées, mais après notre premier rendez-vous, j'étais persuadée qu'elle ne me rappellerait jamais. (...) Trois jours plus tard pourtant, elle me contacte et medemande de continuer. C'est ainsi que nous nous sommes retrouvées trois fois par semainedans son bureau pour travailler ensemble. Le film ne s'est jamais monté, mais nous sommesdevenues les meilleures amies du monde !"

Le Démon de midi est à la base une bande dessinée de Florence Cestac. Le thème de cet album trouvait un écho troublant dans la vie privée de Michèle Bernier. "L'enthousiasme de Marie-Pascale m'a convaincue, se souvient la comédienne, et au fond de moi, je sentais que je devais dépasser ma propre douleur. Autant en rire ! L'enjeu, pour moi, n'était pas de me soigner à travers un spectacle, mais d'aborder un thème réel, profond, qui ne touchait pas que moi."Les deux femmes ont donc contacté Florence Cestac, qui leur a donné carte blanche pour transformer sa BD en spectacle.

Face au succès du spectacle, Marie-Pascale Osterrieth et Michèle Bernier ont évoqué l'idée d'en faire un film. Le projet s'est concrétisé lorsque Claude Berri est venu les voir après une représentation et leur a dit qu'il était intéressé par une transposition de la pièce à l'écran.

Pour l'adaptation, la difficulté était de rester fidèle à la pièce, sans faire du théâtre filmé. "Dans le spectacle, tout le monde pouvait se projeter, explique la réalisatrice. Chaque spectateur pouvait se faire son film. On ne voyait pas le mari. On ignorait son métier. On ne voyait aucun des autres personnages, puisque Michèle était seule en scène. Le décor était fonctionnel : un fond de rideaux noirs et au centre quelques meubles etaccessoires IKEA colorés. C'était neutre et universel, tout le monde pouvait s'y reconnaître. Laconvention du théâtre permet cela, ce non-dit. Le cinéma, lui, vous oblige à tout préciser. Nous nous sommes posé des centaines de questions sur le personnage de Michèle : quelle était sa profession ? Où vivait-elle ? Etc. J'ai alors pris conscience que jusque-là, d'une certaine manière, j'avais mis en scène Michèle telle que je la voyais, comme si je faisais un peu son portrait. Et c'est elle aussi que les spectateurs venaient voir, elle qui entretient un lien particulièrement chaleureux avec son public. Je me suis dit que je devais continuer dans cette voie-là, aller jusqu'au bout de ce qu'elle m'inspirait, continuer de nourrir l'écriture d'éléments personnels, issus de ses expériences, des miennes et de celles de Florence Cestac."