Ronit Elkabetz est en train de se tailler une jolie réputation en France, film après film, prix après prix... Il y a 3 ans, elle mettait en scène avec son frère Shlomi cette histoire de couple en crise mêlé qui plus est au poids des traditions. A priori rien de bien original, ce qui ne signifie pas pour autant peu alléchant dans la mesure où des cinéastes complètement différents ont tout au long de ce sicèle cinématographique excellé dans des sujets semblables... Tout cela s'annonce relativement bien, d'autant plus qu'Elkabetz possède d'indéniables qualités d'actrices (cf entre autres "Mon Trésor") qu'elle ne se gêne ici pas d'exposer, occupant le rôle principal, omniprésent. Un premier plan tremblant, hésitant, superbe ouvre le film : durant quelques minutes, nous verrons le visage de l'actrice droit dans les yeux, l'évolution de l'émotion dans son regard en réaction à la pression immense que lui imposent ses frères, tous situés autour d'elle. Par cette ouverture, le scénario est annoncé, les personnages remarquablement introduits, le style apparaissant quant à lui accompli. Et puis ça se gâte : la réalisation part dans tous les sens (le rythme tient du n'importe quoi, pas de choix esthétiques, beaucoup d'improvisation malheureuse), peinant à trouver un sens dans un huis-clos mal délimité, pas convaincant dans son esthétique. L'intrigue a pour seul intérêt une romance de ménagères, les protagonistes respirent le cliché, le déjà-vu, la stigmatisation à l'extrême. Le propos est très lisse, mal développé, pas argumenté, laissé en surface de façon à donner un prétexte à ce long-métrage interminable. Et puis Elkabetz jusque-là très sobre se met à s'exciter partout sans raisons : elle hurle ses sentiments en tentant de matraquer le ressenti au spectateur d'une façon assez primaire. N'est pas Bergman qui veut et ce n'est pas "Prendre Femme", lourd et manichéen qui prouvera le contraire. Une belle déception au vu du potentiel inexploité.